Moins de croissance car plus de croissance (Cogefi)
Encore un mois de records pour les marchés d’actions à l’image de l’Eurostoxx 50 qui a retrouvé ses niveaux de décembre 2000 ou du Nikkei qui a dépassé son précédent plus haut vieux de... 34 ans ! Bien entendu, les marchés américains ont eux aussi poursuivi sur leur lancée des mois précédents, dopés à l’intelligence artificielle, même si les premières notes d’épuisement de ce thème désormais très consensuel ont commencé à être observées. Ce focus des investisseurs, devenu subitement l’Alpha & l’Omega des thèses d’investissement (cf. notre lettre du mois dernier), s’est fait au détriment des données macroéconomiques reléguées au second plan.
Il faut dire que les marchés se sont auto-convaincus que le combat contre l’inflation était gagné et que les taux seraient prochainement baissés par la FED et la BCE, ceci parallèlement à un retour de la croissance. Ils ont, par d’ailleurs, discrètement revu leurs anticipations de nombre de baisses de taux qui les avaient euphorisés en novembre et décembre dernier, cachant cette erreur d’appréciation par leur engouement, non artificiel, pour le nouvel El Dorado technologique.
Mais, qui dit retour de la croissance, aussi modérée soit elle en Europe et timide en Chine, et surtout résiliente aux Etats-Unis au point de faire du « no landing » le scénario central, dit aussi repositionnement des portefeuilles. Car, si les valeurs de croissance, dont les valeurs technologiques en particulier, symbolisent le refuge par excellence face à un manque de visibilité économique, à l’inverse elles doivent progressivement céder un peu de place dans les portefeuilles pour des valeurs plus cycliques lorsque le cycle justement fait apparaitre quelques pousses de printemps (green shoots). C’est ainsi que plus de croissance économique appelle à moins de valeurs de croissance !
C’est ce que ce mois de mars a commencé à montrer dans les palmarès et les mouvements de titres, les plus hauts de marchés étant bien souvent propices à un débat d’idées autrement appelé dans le jargon boursier « zone de distribution ». Cette zone, souvent identifiable par des rebonds de titres et de secteurs délaissés mais également par un retour de la volatilité, est particulièrement difficile à appréhender par les investisseurs. Son apparition sur des niveaux asymptotiques (plus hauts ou plus bas) en complique encore plus la gestion.
Nous avions rappelé le mois dernier que mars-avril étaient, ces vingt dernières années, des périodes propices à l’apparition de ces zones. Il se pourrait qu’avril 2024 s’ajoute à liste, d’autant que pour battre leurs records, les opérateurs ont mis un mouchoir sur l’environnement géopolitique pourtant de plus en plus dégradé comme le rappellent le cours du pétrole et le record des prix de l’or.
Après dix pour cent de hausse depuis le début de l’année sur quelques indices iconiques tels que le CAC 40 ou l’Eurostoxx, beaucoup moins sur d’autres plus équilibrés, un temps d’observation et de réflexion s’impose. Rappelons-nous notre lettre de décembre dernier : « Noël au balcon, Pâques au tison » !
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