Un éléphant, ça trump(e) énormément (Cogefi Gestion)
En temps normal l’éléphant est un animal qui barrit. Il semble, depuis ce 6 novembre au matin, que ce même éléphant, qui sert depuis 1860 d’animal totem sur fond rouge au parti républicain américain, trumpe énormément ! Face à lui, l’âne démocrate sur fond bleu s’en est allé en brayant discrètement !
Les médias du monde entier diffusent en continue ces barrissements « trumpiens » tant l’évènement est de portée planétaire. Quant à la Bourse, plutôt les Bourses, elles les accueillent très différemment selon leurs localisations, d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique mais aussi du Pacifique !
Il faut dire que la prochaine administration républicaine, maitre du bureau ovale, du Sénat, et probablement (à ce moment de la rédaction du présent document) de la Chambre des Représentants, donnera à son leader Donald Trump une véritable capacité de mise en place de ses promesses de campagne. Nul doute que celles-ci seront favorables aux États-Unis et surement défavorables au reste du monde, au moins dans l’attente d’une probable réciprocité.
N’oublions pas, pour compléter le tableau, la majorité conservatrice à la Cour Suprême, une majorité savamment renforcée dès octobre 2020. Elle permettra à coup sûr quelques économies de frais d’avocats à celui qui aime à rappeler qu’il « a été mis en examen plus de fois qu'Al Capone », mais aussi de consacrer plus de temps à la mise en application de MAGA (Make America Great Again) !
À ce stade, et dans l’attente que le pachyderme républicain précise ses orientations économiques ou pourquoi pas les modifie déjà tant certaines sont plutôt approximatives, voire en contradictions entre elles, il va être bon de s’abonner à X et se réhabituer à réévaluer régulièrement nos anticipations boursières au gré des tweets X's et autres « fake news ».
Pour le moment, il semblerait que la présidence Trump va être synonyme de baisse de la fiscalité pour les entreprises américaines qui devraient voir leur taux d’imposition tomber à 15% (un objectif non atteint lors du premier mandat) en plus de dérégulations massives dans plusieurs secteurs. Ce Far West économique dopera sans aucun doute l’économie américaine.
Quant aux droits de douanes, les fameux tariffs, ils seront réévalués pour certains de manière spectaculaire. Ils sont en tout cas l’alpha et l’omega de l’équilibre (ou du moindre déséquilibre) de l’équation budgétaire des quatre prochaines années. Une source de revenus visiblement intarissable au point, selon le candidat devenu président, de permettre à terme de faire disparaitre complètement l’impôt sur le revenu ! À court terme en tout cas, il est au moins certain qu’ils produiront le même effet sur le commerce international qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine !
Mais n’oublions pas le troisième homme de cette campagne, le candidat finalement préféré de Wall Street : Jérôme Powell ! Il devrait très vite revenir sur le devant de la scène car les marchés ont besoin d’entendre son cri : roucoulement de la colombe, huissement du faucon ou silence inquiétant du cimetière aux éléphants où il pourrait être obligé de se retirer. Car le siège occupé par le patron de la FED lui avait été confié par Donald Trump lui-même lors de son premier mandat, avant de proférer des critiques régulières contre la politique menée. Il avait par ailleurs assuré qu'il ne le nommerait pas de nouveau à la tête de la Fed s'il était élu. Pour mémoire (d’éléphant) son deuxième mandat s'achèvera en 2026. D’ici là, fort heureusement les statuts de la Fed sont à priori très protecteurs.
Doit-on penser que le taureau, animal totem de la hausse, sera à toujours l’ami de Wall Street et l’ours, le symbole de la baisse, sera le compagnon de vie des autres places boursières et des européennes en particulier ? C’est le sens des réactions boursières observées à la clôture de la première séance de marché post-électorale, mais peuvent-elles être extrapolées ? Possible mais pas forcément certain sur la durée.
Si le conte de fée économique vendu par Donald Trump à ses électeurs peut sembler attrayant, imprimé sur un tract politique distribué dans un rassemblement électoral, il peut aussi rapidement déboucher sur quelques surprises économiques. Ainsi, un droit de douane sur les importations équivaut à taxer davantage le consommateur américain car les entreprises importatrices vont répercuter le plus possible ces taxations sur leurs prix de vente, ce qui devrait alimenter l'inflation. Cette ponction future sur le pouvoir d'achat pourrait aussi réduire la demande dans l'économie et donc la croissance.
Bien entendu, il est aussi nécessaire d’intégrer d’inévitables représailles étrangères. C’est ce qui s’est passé en 2018 et 2019 lorsque Donald Trump avait activé sa première série de tariffs, notamment sur l'acier et l'aluminium. À l'époque, cela l’avait obligé à distribuer des milliards de dollars d’aides en compensation aux agriculteurs américains touchés par les représailles.
D’ailleurs, la sensible remontée des rendements des obligations d'État américaines à 10 ans montre que les marchés financiers prennent au sérieux le risque d'inflation tout comme l’impact des projets politiques sur le budget et la dette publique. Celle-ci pourrait augmenter de 7.500 milliards de dollars sur la mandature.
En conclusion, il est probable que grognements et beuglements respectivement des ours et des taureaux vont s’alterner de concert aux barrissements et autres gazouillis (traduction de tweets) du nouveau maitre du bureau ovale, faisant revenir une volatilité depuis longtemps éloignée des marchés.
Dans toute cette ménagerie, il ne manquerait plus que le cygne noir que, bien entendu, personne ne souhaite entendre drenser !
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