Les jeux sont Fed, rien ne va plus ! (Cogefi Gestion)
La plus longue pause de la Fed depuis des décennies
Nous entrons dans le 14eme et très probablement dernier mois sans mouvement de taux directeurs américains depuis la dernière hausse des taux de la Fed en juillet 2023, ce qui constitue la deuxième plus longue phase depuis les années 70. La plus longue s'est étendue de juin 2006 à septembre 2007, pendant laquelle 15 mois se sont écoulés entre la dernière augmentation des taux et la première baisse. Pour mettre cela en perspective, la durée moyenne des pauses monétaires est de 8 mois avec un minimum de 4 mois (février - juin 1989).
L'impact historique des baisses de taux sur le S&P 500
Au-delà de la longueur plus importante de ce statu quo monétaire, il semble plus judicieux de nous intéresser aux statistiques relatives aux comportements des indices boursiers une fois que cette baisse ait été initiée. Pour cela, seuls les marchés américains nous offrent un recul historique suffisant. Ainsi, depuis 1929 les baisses des taux de la FED ont provoqué un effet positif sur les marchés (S&P500 hors dividende), parfois très sensible, dans la très grande majorité des cas, douze mois après la première annonce de baisse. Plus précisément, les évolutions du S&P500 sont même toutes positives dans toutes les séries de détente monétaire de 1929 à 1995.
Les exceptions notables au 21ème siècle
Tel n'est en effet plus le cas dans les mouvements du second millénaire (2000) puisque la baisse des taux débutée en janvier 2001, le 03 précisément, affichait le S&P500 en repli de 13% environ douze mois plus tard. Quant à celle de 50 points de base du 18 septembre 2007, elle voyait le S&P500 inscrire un niveau 20.6% inferieur 365 jours après !
Le cas particulier de 2019-2020
Fort heureusement, ce bilan négatif post 2000 a été sauvé par le recul des taux du 31 juillet 2019 puisqu'un an plus tard, le 31 juillet 2020 l'indice phare américain était plus haut de 9.7% ! Notons toutefois dans ce cas, qu'entre les douze mois écoulés, il avait connu une forte perturbation suivie d'un fort rebond, l'ensemble étant lié au Covid de mars 2020.
Les facteurs influençant l'impact des baisses de taux
Forts de ces observations, il est intéressant de tenter de comprendre pourquoi certaines phases de détentes monétaires ont des effets positifs et d'autres non, notamment dans les séquences les plus contemporaines de marchés. Plusieurs réponses se chevauchent, allant notamment des raisons ayant provoqué l'abaissement des taux, à la durée et l'intensité de ces baisses, en passant par leurs coordinations ou non avec les politiques d'autres banques centrales, etc...
Le contexte économique et les anticipations de baisse des taux
Traditionnellement, la FED, comme les autres banques centrales, débute un cycle de baisse des taux en réponse à un ralentissement économique. Ce sont d'ailleurs les mauvais chiffres économiques publiés fin juillet, plus que le recul de l'inflation qui était confirmé depuis de longues semaines, qui ont relancé les anticipations des investisseurs d'une baisse prochaine des taux directeurs, jusqu'à 50 points de base lors de la première annonce pour les plus optimistes.
L'importance du scénario économique : récession vs soft landing
Depuis, les chiffres économiques se sont atténués, n'indiquant plus avec un haut degré de certitude l'imminence d'une entrée en récession mais remettant plutôt au-devant de la scène le scénario d'un soft landing (atterrissage en douceur). La différence est importante car les mêmes données historiques que précédemment évoquées nous enseignent que si une baisse des taux est opérée en absence de récession, alors son effet est très haussier à douze mois sur les actions. Mais, si à l'inverse la même baisse débute au moment de l'entrée en récession, l'effet est plus négatif car bien évidemment la contraction économique à venir sera à douze mois avec un effet de réduction des profits des entreprises.
Incertitude économique et statu quo prolongé de la Fed
Présentement, il faut avouer que les données économiques et autres enquêtes publiées se succèdent avec une certaine contradiction les unes avec les autres ces dernières semaines voire derniers mois. Ceci explique probablement la durée inhabituelle de statu quo de la FED avec ses 14 mois d'inaction évoquée au début de cette lettre, faute de lecture claire de l'économie.
Anticipations de baisse des taux et dynamique future
S'il n'y a désormais plus de doute que Monsieur Jérôme Powell mettra fin le 18 septembre à cette longue série de 14 mois sans directionnel monétaire, il est à ce stade raisonnable de penser que la dynamique et le reste des baisses à venir ne se feront pas selon la projection faite par les marchés, à savoir des baisses successives et rapides.
En effet, au-delà du doute sur un passage de statut de soft à hard landing de l'économie américaine, n'oublions pas que bien que l'inflation soit en baisse, elle n'est toujours pas revenue à l'objectif à long terme de la Fed. Et si le chômage a augmenté, il n'a pas atteint des niveaux nécessitant une forte stimulation monétaire. Cette vue correspond d'ailleurs à la ligne de fracture entre colombes et faucons au sein de la FED, et au passage de la même manière au sein de la BCE.
Une stratégie probable de la Fed : une approche progressive
Selon nous, la Fed devrait donc réduire progressivement ses taux pour dans un premier temps simplement rapprocher sa politique monétaire d'un cadre neutre et observer les premiers effets sur la consommation mais également sur l'immobilier. Il est en effet redouté qu'en cas de redémarrage trop fort de la composante immobilière, l'inflation puisse être réactivée.
L'impact potentiel des élections américaines sur la politique monétaire
Enfin n'oublions pas que si la FED se dit hors du jeu politique et donc des élections, elle ne peut ignorer qu'en cas de réélection de Monsieur Trump, l'application immédiate des droits de douane (Tariffs) serait hautement inflationniste et donc penchant pour une tension monétaire. Difficile dans ce cas, pour le président de la FED, de faire un virage monétaire à 180 degrés à peine quelques mois plus tard...
C'est d'ailleurs le seul scénario historique sur l'évolution du S&P 500 à douze mois qui ne soit pas disponible... car jamais produit !
Alors FED vos jeux !
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