Le sociologue Gérald Bronner a qualifié d’« effet d’Ésope » cette fébrilité, source d’erreurs de perception, provoquant une rumeur génératrice d’encore plus de fébrilité. Les quelques semaines écoulées en sont une belle illustration sur les marchés. Entre les messages des banques centrales, plus ou moins fébriles, la dépendance, elle-même fébrile, aux données, on pourrait s’exclamer : la forward guidance est morte, vive la data dépendance ! Les banques centrales nous avaient prévenus : elles naviguent à vue, notamment dans leurs prévisions des chiffres d’inflation, ce qui les oblige à abandonner la sacro-sainte forward guidance (indication sur la politique monétaire à venir afin de « guider » les anticipations des investisseurs) au profit d’une approche davantage data dependent (ajustement rapide de la politique monétaire en fonction des nouvelles publications macroéconomiques).