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Analyses de marchés

Debrief Club Patrimoine : des baisses de taux, mais à quel rythme ? (petit-déjeuner investisseurs organisé par CPRAM)

14
Mar
2024
Club Patrimoine a assisté cette semaine au petit-déjeuner investisseurs de CPRAM, organisé dans un grand hôtel parisien, et intitulé “Des baisses de taux, mais à quel rythme ?”. Une présentation assurée par Bastien Drut et Juliette Cohen pour sa partie macroéconomique, ainsi que par Malik Haddouk et Julien Levy-Kern pour celle consacrée aux marchés.

Par Vincent Touraine
 


Premier constat de Bastien Drut, la croissance mondiale est globalement faible, mais elle ne montre pas de signes de contraction majeure. Dans les pays développés, la course aux hausses de taux des banques centrales est terminée car le choc inflationniste est passé, et des baisses de taux directeurs sont prévues, sauf au Japon. Le responsable des études et de la stratégie de CPRAM parle de “changement de cap imminent” pour la banque centrale nippone qui s’apprête à mettre fin à sa politique de taux négatifs, face à une dynamique des salaires qui stimule l’inflation.
 
Concernant l’économie américaine, Bastien Drut évoque une bonne tenue, sans plus. Compte tenu du resserrement des conditions de crédit, la première économie mondiale peut difficilement ré-accélérer, d’autant qu’Outre Atlantique, le marché du travail ralentit et le chômage remonte. Dans ces conditions, l’inflation sous-jacente se rapproche de la cible des 2 % de la Fed, ce qui pourrait lui permettre d’enclencher son cycle de baisses de taux au printemps. Pour autant, l’économiste ne s’attend pas à des Fed Funds revenant à 2 voire 1 %.
 
Dans sa partie consacrée à la conjoncture en zone euro, Juliette Cohen souligne une stagnation de la croissance qui n’a pas pour autant empêché la poursuite des créations d’emplois. Les salaires, très regardés par la BCE, ralentissent, mais très peu, alors que la désinflation se poursuit, mais à un rythme plus lent. Dans un tel contexte, la stratégiste estime que tout converge vers une première baisse des taux de la BCE en juin prochain.
 
Pendant ce temps, l’économie chinoise continue de s’enliser. Les ménages là-bas restent frileux, et les pressions déflationnistes sont fortes. L’immobilier est toujours un frein majeur à la reprise dans la 2e économie mondiale, même si les taux d’emprunts sont au plus bas. Malgré cela, les autorités de Pékin ne prévoient pas de plan massif de soutien à l’économie.
 
Au chapitre des marchés et des allocations, Malik Haddouk met en avant l’appétit retrouvé pour les actifs risqués, et en particulier les actions. Pour le directeur de la gestion diversifiée de CPRAM, ce type d’actifs connaît une période “Boucles d’or” idéale, qui bénéficie aussi aux fonds monétaires, dont la collecte atteint des records. Pour l’instant, et tant que les banques centrales n’ont pas baissé leurs taux, le monétaire restera attractif. Tout comme le High Yield, dont les émissions sont au plus haut sur l’Investment Grade aux États-Unis.
 
Sur les marchés d’actions, les indices volent de records en records, portés par les technologiques américaines, les fameux “Magnificent 7”, qui pour Malik Haddouk ne sont pas spécialement surévalués si on les compare aux “dot coms” de la bulle internet, des valeurs qui contrairement aux 7 Magnifiques d’aujourd’hui, perdaient de l’argent. Porté par l’engouement autour de l’Intelligence Artificielle, il verrait bien le S&P 500 toucher les 5 300 points.
 
Dans un marché où les large caps de croissance mènent la danse, CPRAM confie s’intéresser de nouveau aux Small et Mid Caps, et s’alléger un peu sur les grandes valeurs du Nasdaq. Faut-il arbitrer en faveur des actions européennes ? À cela le gérant répond que ces valeurs montent surtout à la faveur des rachats d’actions et des hausses de dividendes, des phénomènes qui ne seront peut-être pas éternels. Quant aux actions japonaises, elles apparaissent avant tout comme un “call sur le yen”. Avec la fin annoncée des taux négatifs au Japon, le yen pourrait fortement s’apprécier et le Nikkei connaître une correction.
 
En termes de scénarios de marchés à 3 mois, les gérants de CPRAM privilégient à 60 % celui d’une poursuite de la désinflation et d’une bonne résistance de l’économie, ce qui ne remettrait pas en cause les projets de baisses de taux des banques centrales au printemps. Dans ces conditions, les actions, toutes zones confondues, gagneraient environ 5 %. Dans un scénario alternatif, probable à 40 %, des doutes sur la désinflation apparaîtraient et conduiraient à des reports de baisse de taux, une perspective qui ferait chuter les Bourses de 5 à 10 %.
 
En attendant, CPRAM reste à surpondérer sur les actions, malgré la hausse rapide des indices depuis le début de l’année. Au sein de la classe actions, le maître mot est à la rotation sectorielle vers des stratégies value aux États-Unis, et à une hausse de l’exposition aux Petites et Moyennes Valeurs des deux côtés de l’Atlantique. Pour ce qui est du crédit, CPR considère que le High Yield offre des rendements toujours intéressants, et qu’il continuera d’être soutenu par la résilience de la croissance.
 
Pour finir, et dans un focus consacré aux stratégies thématiques, Julien Levy-Kern indique que dans l’univers de la technologie, dominé par les acteurs de l’IA, CPRAM alloue 30 % de son allocation à la mégatendance “Progress”, qui comprend la disruption, la digitalisation, l’IA, la sécurité et la robotique. Parallèlement, le gérant indique que les actions dites climatiques sont l’alternative du moment aux énergies renouvelables.

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