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Analyses de marchés

Les États-Unis ont mieux entamé 2024 que l'Europe (Swiss Life AM)

8
Feb
2024
L’économie américaine semble planer au-dessus de la mêlée et a signé une croissance étonnamment forte au 4e trimestre 2023.

Etats-Unis

Moral en hausse

L’économie américaine semble planer au-dessus de la mêlée et a signé une croissance étonnamment forte au 4 e trimestre 2023. Cela a induit un relèvement de nos prévisions 2024. A nouveau, les moteurs n’ont qu’une origine : consommation publique et des ménages sont quasiment les seuls piliers de la croissance, alors que l’investissement stagne. Depuis le changement de ton de la Fed en décembre 2023, les taux à long terme ont toutefois baissé, et le moral des entreprises américaines, notamment chez les acteurs de l’immobilier, a quelque peu rebondi. Celui des ménages s’est amélioré dans le sillage du repli de l’inflation et de marchés des actions florissants. Mais la corrélation avec la consommation réelle est généralement faible. En raison d’un marché du travail moins animé et de la disparition de l’épargne excédentaire, nous continuons de prévoir un repli de la consommation. Les débats se font plus constructifs entre Républicains et Démocrates sur la question du budget fédéral. Même si celui-ci n’est pas encore adopté, les chefs de la majorité des deux chambres du Congrès se sont au moins accordés sur un cadre de dépenses du même montant que l’année précédente. En l’état, le « shutdown » pourrait être évité et le frein budgétaire redouté pourrait se muer en facteur de croissance neutre pour les dépenses publiques en 2024.

Au 2e semestre 2023, le déflateur de la consommation des produits de base (« Core PCE », hors alimentation et énergie) n’a gagné que 1,9% en valeur annualisée. Cette mesure de l’inflation scrutée de très près par la Fed s’est donc inscrite en deçà de son objectif de 2%. Nous estimons que l’évolution de l’inflation en 2024 permettra à la Fed de procéder à de premières baisses de taux à partir de juin, le risque inflationniste étant orienté à la hausse du fait de la forte consommation.


Zone euro

Timide début d’année

Au lieu du léger repli attendu, l’économie en zone euro a stagné au 4e trimestre 2023, d’après une première estimation. Elle a donc échappé à la récession technique. Mais la progression reste faible dans l’ensemble. Les résultats des enquêtes du début d’année ne traduisent pas encore de franche amélioration. Malgré un progrès, le PMI de l’industrie demeure nettement inférieur au seuil de croissance des 50 points. Par ailleurs, environ un tiers du rebond est imputable à l’allongement des délais de livraison, causé par les attaques sur les navires en mer Rouge. Il ne peut donc pas être considéré comme positif. Le PMI du secteur tertiaire a déçu les attentes en janvier, avec une accélération du repli de la marche actuelle des affaires. Le mois dernier, le moral des ménages s’est également dégradé, malgré une nouvelle légère hausse des salaires réels en zone euro. Dans cette région, le début d’année devrait donc s’apparenter à une lente reptation. Les dernières enquêtes auprès des banques n’indiquent plus qu’un très léger durcissement des conditions de crédit et pour les trois prochains mois, les banques n’attendent pas de nouveau repli de la demande hypothécaire ni du crédit aux entreprises. De premiers signes traduisent que la transmission des taux plus élevés via le canal de l’octroi de crédit a lentement atteint son pic. Des taux plus bas courant 2024 devraient avoir un effet apaisant.

La BCE préfère attendre les données d’évolution des salaires au début de 2024 pour estimer l’inflation. Une enquête menée auprès de 70 entreprises et publiée fin janvier prévoit une croissance des salaires de 4,4% en 2024. Les données de janvier sur les salaires conventionnels paraîtront en février pour l’Italie et l’Espagne, et en mars pour l’Allemagne. L’indicateur basé sur les offres d’emploi sur Indeed sera sûrement disponible mi-février. Notre hypothèse est une première baisse de taux en avril.

Allemagne

Climat mitigé

Selon les premières estimations, la récession technique a une fois de plus été évitée grâce à une révision à la hausse de la croissance, à 0%, au 3e trimestre 2023. Au 4 e trimestre, la baisse s’est inscrite à 0,3%, et les enquêtes traduisent de la prudence en ce début d’année. Certes, tant le PMI et que l’indice ifo du climat des affaires signent un léger mieux – un repli moins rapide en réalité – dans l’industrie manufacturière. Les nouvelles commandes notamment ont un peu plus approché les 50 points. A l’inverse, la dégradation se poursuit dans le secteur tertiaire, en raison d’une évaluation négative de la situation actuelle (ifo) et d’une accélération du repli des commandes (PMI). En janvier, le relèvement de la TVA de 7% à 19% pour les restaurants pourrait être un facteur de cette baisse de confiance. Les prévisions d’une meilleure marche des affaires, selon le PMI, constituent une lueur d’espoir. En revanche, la situation et les estimations empirent dans le secteur de la construction. Après un léger mieux en décembre, le moral des ménages recule en janvier. Même la perspective de revenus en amélioration et d’achats importants lors des douze prochains mois n’a pas fait long feu. In globo, nous voyons donc des risques de baisse pour nos prévisions de croissance (0%) pour le 1er trimestre 2024.

Les données d’inflation en décembre 2023 et janvier 2024 (non parues à la clôture de la rédaction) sont faussées par des effets exceptionnels et uniques. Globalement, nous pensons qu’elle a continué de refluer. En décembre, les prix à la production ont baissé de 8,6% comparés à l’année précédente – une surprise – et les PMI du secteur manufacturier font état de prix encore en léger repli malgré la hausse mondiale des coûts du fret.

France

Fin de la crise du pouvoir d’achat

Fin de la crise du pouvoir d’achat en vue en France ? Il y a de bonnes chances que les salaires réels des ménages français augmentent pour la première fois depuis 2021. Selon l’enquête mensuelle de l’INSEE, l’anticipation de cette évolution remonte le moral des ménages depuis quelque temps. En janvier, il affichait la valeur la plus élevée depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine. En particulier, de plus en plus de ménages ont indiqué qu’ils prévoyaient des achats importants lors des douze prochains mois. En effet, le nombre d’immatriculations était revenu à son niveau d’octobre 2020 dès décembre 2023. Outre le moral des ménages en hausse, la détente logistique après la pandémie peut avoir contribué à cette évolution. En plus de pouvoir dépenser davantage, les ménages ont également la possibilité d’épargner plus ou de se désendetter. Quelle option retiendront-ils ? La sécurité de l’emploi et la trajectoire des taux ont la réponse. Ces prochains mois, il faudra scruter si l’évolution des carnets de commandes pointe vers un rebond de la demande. C’est en tout cas la direction que prend le tertiaire d’après les chiffres de janvier. Le franchissement du creux conjoncturel en cours d’année est donc un scénario réaliste.

La prévision avancée de l’évolution des prix à la consommation en janvier paraîtra seulement après la clôture de la rédaction. Mais de l’avis général, elle devrait indiquer une baisse. Ces prochains mois, la hausse des prix des produits alimentaires va également diminuer. Au second semestre, l’inflation devrait à nouveau passer sous les 2%. A court terme, les prix de l’énergie constituent un risque haussier pour nos prévisions d’inflation de 2024 et 2025.


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