Y-a-t-il encore du potentiel sur les marchés actions ?
Joffrey Ouafqa : La progression des indices actions est, il est vrai, rapide et les indicateurs techniques tendus, ce qui pourrait être propice à une légère correction. Il y a néanmoins des raisons de penser que le potentiel de hausse des marchés d’ici la fin d’année reste significatif. La Fed et la BCE ont quasiment acté une première baisse des taux en juin. Cela améliorera les conditions financières et permettra de prolonger le soft landing. Si vous ajoutez à cela la désinflation qui continuera à un rythme, certes plus modéré, les marges des entreprises se maintiendront à un niveau élevé. Pour les entreprises les fondamentaux sont bons, la saison des publications de résultats a été relativement favorable aux Etats-Unis et cela devrait continuer ainsi. Les analystes anticipent une croissance des BPA d’environ 10 % cette année, ce qui devrait être atteint car cela inclut 3 % de rachats d’actions quasiment acquis, donc laisse une croissance réelle des bénéfices de 7 %. Les actions européennes ne sont pas en reste malgré une saison des publications moins favorable qu’aux US, car la macro a été moins résiliente sur le vieux continent. Les analystes sont relativement prudents sur les prévisions de croissance des bénéfices avec 5 % qui devraient être atteints facilement. Enfin les valorisations en absolu sont raisonnables à horizon un an. Le S&P 500 est à 19x mais 15.7x en équipondéré sous sa moyenne à 10 ans, l’Europe est à 13x vs moyenne à 14x. Le seul bémol c’est que la prime de risque par rapport aux taux sans risque est très faible, mais cela peut être justifié par les baisses de taux à venir.
Au niveau des secteurs, des choses à noter ?
JO : Il y’a eu une forte disparité dans les performances sectorielles des marchés actions européens notamment. Avec l’IA, la tech est largement devant avec plus de 13% à date, suivi de l’industrie et la consommation discrétionnaire qui rassemble les valeurs du luxe avec des performances proches de +10%. Hormis ces trois secteurs, tous les autres sous performent. Il nous semble qu’à court terme un certain nombre d’entre eux pourraient rattraper une partie de leur retard banques européennes, énergie, utilities, des secteurs historiquement value. D’autant qu’il y a un peu moins de potentiel sur les premiers secteurs. Maintenant qu'une bonne partie des bonnes nouvelles sont intégrées.
Marché obligataire, que retenir du début d'année ?
JO : Concernant les marchés obligataires, la remontée des taux a pénalisé les classes d’actifs qui y sont plus sensibles comme les govies ou l’Investment Grade qui affichent des performances négatives en 2024. Nous considérons qu’à ces niveaux de taux à 10 ans, il est intéressant de rajouter de la duration dans les portefeuilles. A l’inverse, les spreads de crédit continuent de se resserrer lentement mais sûrement ce qui a porté le crédit haut rendement notamment. Dans cet univers on continue de favoriser la dette subordonnée bancaire AT1 qui est le meilleur performer depuis le début de l'année ou la dette hybride. On confirme en revanche notre positionnement prudent sur le HY d’entreprise, notamment sur les émetteurs les moins bien notés, dont certains affichent la volonté pour réduire de faire participer les créanciers leur dette. Altice ou Ardagh récemment. Plus que jamais il faut rester sélectif et adopter une approche patrimoniale.