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Analyses de marchés

Vers une reprise en zone euro ? (Financière de l'Arc)

8
Apr
2024
Pour la plupart des néophytes, la bourse apparaît souvent déconnectée de la réalité. Les records récents des indices boursiers européens, tandis que sévit actuellement une mini récession en Allemagne, couplée à une faible croissance ailleurs sur le Vieux Continent en sont un nouvel exemple.

Fort heureusement, les champions des indices européens sont des géants internationaux qui savent capter la croissance où elle se trouve, c’est-à-dire, en ce moment, en Amérique du Nord et en Asie hors Chine. Ce n’est pas tout. Ces entreprises extrêmement bien gérées maîtrisent très bien leurs coûts et leurs politiques de prix, même en Europe, ce qui leur permet de préserver leurs marges et donc une forte rentabilité. Cette résilience en fait les chouchous des investisseurs et explique ces bourses à des niveaux records, malgré un quotidien morose pour la plupart des Français. Fort heureusement, la particularité de cette phase de faible activité est que les sociétés rechignent à licencier depuis la pandémie, car la main d’œuvre de qualité est une ressource rare, difficile à recruter après une réduction d’effectif. Ce nouveau facteur explique pourquoi les stratégistes, qui anticipaient une baisse de 20 % des bénéfices par actions en 2023, se sont trompés. Il est fort heureux que cette dure récession redoutée n’ait pas eu lieu.

L’autre explication du fort décalage entre la bourse et la réalité repose sur le fait que les investisseurs anticipent sur le moyen et le long terme le pire ou le meilleur. Historiquement, les points bas des marchés se produisent en moyenne 5 à 6 mois avant la fin de la récession. Une fois encore, le niveau le plus bas des indices en 2023 a eu lieu le 27 octobre. Comme par miracle, certains indicateurs avancés en mars 2024, comme les indicateurs d’achats PMI ou ISM sont repassés au-dessus de la ligne de flottaison, soit au-dessus de 50. Ainsi cette semaine, on a eu la confirmation que l’indice PMI composite de la zone euro, ainsi que l’indice ISM manufacturier américain et celui des nouvelles commandes étaient respectivement à 50,1, 50,3 et à 51,40. Ce niveau d’expansion constitue une première depuis mai 2023 en Europe et depuis octobre 2023 outre-Atlantique. Le scénario d’une accélération de la croissance du PIB anticipée en 2024 par les économistes devient plus crédible, passant progressivement de 0,15 % au premier trimestre à 1,05 % au dernier trimestre.


Quelles sont les conséquences de ces signaux pour les marchés ?

Des indicateurs passant au vert sont les prémices d’une reprise d’activité pour les sociétés dites cycliques, c’està-dire sensibles à l’activité économique. Nous sommes donc à l’aube d’une rotation sectorielle plus marquée vers des segments de la cote plus risqués, au détriment des valeurs de croissance et des défensives. Cela ne signifie pas non plus que ces dernières soient en phase de décroissance. Au contraire, elles continuent pour la plupart d’entre elles de progresser, avec à la clé une croissance de leurs résultats. Simplement, une partie des investisseurs audacieux prennent leurs profits pour un nouvel investissement plus risqué, mais potentiellement plus rémunérateur, car la progression des bénéfices des valeurs cycliques est plus importante en phase d’expansion. C’est un pari qui est à ce jour encore prématuré, car cette recrudescence d’activité reste encore très hétéroclite dans la zone euro. Ainsi, la France et l’Allemagne conservent leurs bonnets d’âne, avec des PMI composites et manufacturiers inférieurs à 50. Ce rebond de l’activité se fait plutôt ressentir en Europe du Sud (en Italie et en Espagne) et en Irlande. Ainsi, les indicateurs PMI composite de ces 3 pays sont ressortis respectivement à 53,5, 55,3 et 53,2. De facto, ce nouveau scénario vers plus de croissance, avec une inflation plus raisonnable et à la clé, une baisse même modérée des taux directeurs des banques centrales, est plutôt favorable pour les marchés. La hausse devient plus généralisée et concerne également les valeurs de moyennes ou de petites capitalisations. Cependant, à ce stade, elle apparaît encore plus déconnectée de la réalité pour nous Français, dans la zone la moins active. Néanmoins, une reprise à l’international et chez les voisins finit toujours par déteindre positivement au fil du temps. Alors patience !

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