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Analyses de marchés

La BCE n'est pas pressée de réduire ses taux (Franklin Templeton)

6
Feb
2024
La Banque centrale européenne a laissé ses taux d'intérêt inchangés, sans indiquer qu'il était urgent de commencer à réduire les taux dans les prochains mois. David Zahn, Head of European Fixed Income de Franklin Templeton Fixed Income, analyse les conséquences pour les investisseurs et explique pourquoi l'allongement de la duration peut s'avérer judicieux.

La réunion de janvier de la Banque centrale européenne (BCE) a semblé marquer une transition entre le précédent cycle de hausse et la baisse des taux, mais la banque centrale n'est pas pressée pour autant d'intervenir. Je crois que c'était assez clair. Le Conseil des gouverneurs s'est dit « déterminé à assurer le retour au plus tôt de l'inflation à son objectif de 2 % à moyen terme » et à maintenir une « approche s’appuyant sur les données ».
En effet, la BCE voudra s'assurer que l'inflation est faible et que l'économie ne commence pas à trop s'accélérer, ce qui pourrait retarder le calendrier des baisses de taux.

En Europe, les marchés anticipent des baisses de taux de 125 à 150 points de base (pb) cette année, mais ils font preuve d'un excès de zèle, selon moi. Il me semble plus probable de tabler sur 75 ou 100 pb. Il n'y a, à mon avis, aucune raison de réduire trop fortement les taux d'intérêt, et la BCE peut être plus méthodique et examiner les données avant de prendre des décisions.

Je ne pense pas qu'une hausse des taux en mars soit probable, mais le marché continue d'envisager cette possibilité. La lutte contre l'inflation est probablement terminée pour l'essentiel, tant qu'aucun facteur externe ne provoque une nouvelle poussée, en particulier dans les secteurs de l'alimentation et de l'énergie. Il s'agit à présent de choisir le bon moment. La question est de savoir combien de temps il faudra pour que l'inflation diminue et si les salaires se maintiendront, ce qui donnerait une plus grande marge de manœuvre pour abaisser les taux d'intérêt.

L'Euribor à trois mois intègre plus de baisses de taux que je ne le prévois, de sorte que le marché devra probablement revoir ses prix à la hausse en termes de rendement. Toutefois, si vous regardez plus en avant sur la courbe, que la BCE réduise ses taux de 75 ou de 100 pb cette année, cela ne fera pas une grande différence. C'est l'extrémité courte de la courbe des taux qui sera la plus impactée.

Je voudrais souligner que l'on parle beaucoup de l'inversion de la courbe des rendements en Europe, mais il s'agit là d'une erreur de langage. La courbe des rendements allemands de deux à 10 ans et de deux à 30 ans est inversée, mais celles de la France et de l'Espagne sont bien orientées à la hausse. Les taux sans risque sont donc légèrement inversés, probablement pour d'autres raisons, mais la structure générale des taux en Europe est orientée à la hausse et ne pose pas vraiment de problème, à mon avis.


Sécuriser le rendement

Des baisses de taux étant probables, je pense que les investisseurs chercheront à sécuriser les rendements pour les prochaines années et se tourneront vers des actifs à plus longue duration. Globalement, nous devrions voir de nombreux investisseurs se détourner des instruments à court terme. S'ils disposent de liquidités, ils se tourneront probablement vers des investissements à court terme et, s'ils sont positionnés sur des instruments à court terme, vers des investissements à plus long terme.

En ce qui concerne l'impact sur les obligations vertes en particulier, la plupart d'entre elles sont assorties d'une échéance plus longue que les obligations conventionnelles. La plupart des indices d'obligations vertes affichent une échéance d'environ un an de plus que les indices d'obligations conventionnelles similaires. Les obligations vertes ont sous-performé les obligations conventionnelles pendant le cycle de hausse des taux, et elles devraient, selon moi, surperformer considérablement pendant le cycle de baisse des taux. La BCE cherchera probablement aussi à verdir son bilan, et il y a un désir de disposer d'une infrastructure plus solide pour produire de l'énergie sur le territoire national. Par conséquent, je crois que la production d'énergie verte va augmenter en Europe et qu'il y aura une plus forte demande dans ce domaine de la part des investisseurs.

En résumé, je pense que la BCE a organisé le marché obligataire de manière à ce qu'il connaisse une année 2024 satisfaisante. La trajectoire ne sera pas linéaire ; la volatilité sera au rendez-vous, car les marchés s'habitueront au changement de cycle. En outre, plusieurs élections sont prévues dans le monde cette année, ce qui pourrait créer un certain stress politique à court terme. Mais la volatilité est source d’opportunités. Nous acceptons la volatilité et la gérons en conséquence. Actuellement, nous privilégions les pays centraux qui présentent une meilleure dynamique budgétaire et qui sont plus liquides, à savoir l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, ainsi que l'Espagne.

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