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Quel potentiel de surperformance pour les stratégies climatiques et environnementales ? Avec Yann Louin (Pictet AM), Romane Azzopardi (Scala Patrimoine) et Géraldine Métifeux (Alter Égale)

18
Jan
2024
Yann Louin, Directeur Commercial, a répondu aux questions de Romane Azzopardi, Responsable de la Gestion Financière de Scala Patrimoine et Géraldine Métifeux, Associée Gérante d’Alter Égale. Quel potentiel de surperformance pour les stratégies de Pictet AM ? Quelle taille de capitalisation privilégier ? Comment faire de l’ESG dans les marchés émergents ?

Vincent TOURAINE : La troisième partie de ce Face au Marché consacré à Pictet AM et à ses stratégies climatiques environnementales. Comment sont-elles positionnées ? Que pouvons-nous en attendre ? Toujours avec Yann Louin et nos deux expertes Géraldine Métifeux et Romane Azzopardi, qui vous pose la première question de cette troisième partie.
 
Romane AZZOPARDI : Une question que peuvent se poser beaucoup d'investisseurs, le potentiel de surperformance à long terme que peuvent avoir vos stratégies climatiques et environnementales face à des stratégies dites classiques ?
 
Yann LOUIN : Nous pensons chez Pictet que nous sommes entrés dans le siècle de la mutation énergétique, c'est-à-dire que d'après nous la plus grande mutation du 21e siècle sera la transition énergétique. Nous avons atteint une sorte d'alignement des planètes entre d'une part le progrès technologique, tiré par les progrès industriels mais aussi par les progrès d'intelligence artificielle réalisés ces deux dernières années, où aujourd'hui il y a des véhicules électriques très compétitifs par rapport aux véhicules thermiques parce que Tesla réussit à mettre au point des batteries qui se rechargent en 20 minutes, qui parcourent 700-800 km. D'un point de vue technologique, nous sommes au point aujourd'hui. Il y a la réalité économique, ça c'est très important aussi. Si nous reprenons le cas de Tesla, les prix des véhicules ont baissé de 30 ou 40 % l'an dernier, parce que nous sommes arrivés à un point d'inflexion où les économies d'échelle permettent aujourd'hui, les flux de véhicules qui sont vendus permettent de réduire le prix unitaire. Ça c'est très important. En regardant le coût de stockage des batteries lithium-ion, il y a une baisse du coût de revient d'environ 90 % sur les dix dernières années, parce qu'il y a ce phénomène d'échelle qui permet de réduire les coûts. Si on prend une autre industrie, les énergies renouvelables, le coût du kWh solaire au cours des dix dernières années a baissé également d'environ 90 %, le coût du kWh éolien d'environ 50 %, ce qui fait de ces énergies renouvelables les moins coûteuses, stockage compris, versus aujourd'hui le gaz, le charbon ou encore le nucléaire. Donc il y a une compétitivité technologique, une compétitivité économique très importante et en plus de ça aujourd'hui le soutien des grandes puissances et donc il y a cet alignement des planètes entre la réalité technologique, économique, la volonté des grandes puissances qui permet de croire en cette croissance potentielle et dans la performance des stratégies.
 
VT : Géraldine, votre question pour Yann.
 
GM : J'ai le sentiment que les thématiques de transition énergétique emportent énormément de Small et de Mid Caps. Or, globalement dans la période actuelle, nous avons quand même le sentiment que les Big Caps sont un peu plus armées pour 2024 avec toujours un resserrement des taux, toujours un resserrement du crédit. Comment vous alignez votre stratégie ?
 
YL : Nous avons des stratégies, qui de par la taille des encours, sont moins orientées Small Caps que nos concurrents, pour une raison de taille mais aussi pour une raison de stratégie de gestion, c'est-à-dire que nous sélectionnons assez peu de Small Caps dans le solaire, ce qui avait été beaucoup fait. Il y avait eu une performance assez incroyable en 2020 des Small Caps dans le secteur du solaire, une bulle qui a ensuite éclaté, parce qu'aujourd'hui c'est un segment de marché encore assez immature, c'est-à-dire que nous croyons beaucoup à la concentration du marché. Il n'y a pas encore de leader affirmé dans le monde des renouvelables. Ça arrivera certainement. Nous privilégions les acteurs qui ont la faculté de racheter leurs concurrents, qui ont la faculté de financer leur recherche et le développement. Il y a beaucoup de sujets abordés aujourd'hui par les entreprises dans lesquelles nous sommes investis. C'est le stockage de l'énergie avec de nouvelles méthodes de stockage peut-être via l'hydrogène demain. C'est le renouvellement des batteries, le recyclage des batteries. C'est la découverte de nouveaux gisements d'hydrogène notamment d'hydrogène natif. Donc il y a beaucoup de sujets qui doivent être financés et nous privilégions à ce titre plutôt les grandes entreprises qui ont cette capacité de financer leur croissance et leur développement dans un monde où les taux sont plus élevés et où le crédit est plus cher. Nous préférons les entreprises qui ont cette capacité d'autofinancement et qui nous semblent plus cohérentes en matière de sélection dans le portefeuille aujourd'hui.
 
VT : Romane, votre question. Ce sera la dernière.
 
RA : Plus globalement les marchés émergents, comment faire de l'investissement responsable dans les marchés émergents ? Est-ce que c'est le même process qui s'applique aux marchés développés ?
 
YL : C'est toujours la problématique qui se pose. Nous avons lancé une stratégie qui s'appelle China Environmental Opportunities, qui est exposée aux valeurs de l'environnement chinoises. C'est vrai qu'on peut reprocher à la Chine, quand on regarde les métriques ESG que sur le S et le G, nous pouvons nous poser des questions et nous pouvons avoir un avis assez tranché. En revanche, sur la partie environnementale, la Chine est clairement le leader mondial aujourd'hui. La Chine est le premier fabricant de véhicules électriques au monde, le premier fabricant de batteries pour véhicules électriques, le premier exploitant d'infrastructures renouvelables. La Chine est en train de prendre le leadership sur la production d'hydrogène vert. Aujourd'hui, nous ne sommes pas investis dans le secteur de l'hydrogène parce que nous estimons que c'est trop tôt, que ce n'est pas rentable, que c'est trop polluant, parce que la majorité, 95 % de l'hydrogène, produit est de l'hydrogène gris par reformage. C'est la transformation du méthane qui émet beaucoup de CO2. Et pour produire de l'hydrogène vert, par hydrolyse, il faut beaucoup d'énergie de source renouvelable. Aujourd'hui, la Chine a la capacité de devenir leader en matière d'exploitation d'hydrogène vert, de production d'hydrogène vert, parce que ce sont les premiers exploitants d'infrastructures de sources renouvelables aujourd'hui. C'est en ça que nous souhaitons accompagner le développement des entreprises chinoises sur la partie environnementale uniquement.
 
VT : Ce sera le mot de la fin. Merci à tous les trois d'avoir participé à cette émission. Yann Louin, Directeur Commercial chez Pictet Asset Management, Romane Azzopardi de Scala Patrimoine et Géraldine Métifeux d'Alter Egale. Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis. À très bientôt pour une nouvelle émission.

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