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Thématiques & Alternatifs

Quels sont les enjeux de l’investissement sur la thématique de l’eau ? Yann Louin (Pictet AM), Henry Masdevall (Valorey Finance & Actualis Associés) et François Denis (Savinianne)

22
Apr
2024
Yann Louin, Senior Sales Manager chez Pictet Asset Management, répond aux questions d’Henry Masdevall, Président d'Actualis Associés et Président de Valorey Finance, et de François Denis, Conseiller en Investissements Financiers chez Savinianne. Dans une première partie, nous reviendrons sur les grandes tendances de l'investissement dans l'eau. Puis, nous nous attarderons sur la stratégie Water de Pictet AM. Enfin, nous nous demanderons quelle est la pertinence de cette thématique dans l’environnement de marché actuel.

Vincent Touraine : Bonjour à toutes et à tous. Merci d'être avec nous pour ce Face au Marché consacré à Pictet AM et à sa stratégie Water, bien connue des CGP. Quels sont les enjeux actuels de l'eau ? Comment Pictet-Water est-il positionné pour en profiter ?
Quel potentiel pour le fonds à l'heure où les marchés sont déjà bien valorisés ? Pour en parler, notre invité, c'est Yann Louin. Bonjour.

Yann Louin : Bonjour Vincent.

VT : Vous êtes Senior Sales Manager chez Pictet Asset Management. Merci d'être avec nous. Yann, vous allez être interrogé par nos deux experts. C'est le principe de l'émission. Juste à côté de moi, François Denis, bonjour.

François Denis : Bonjour.

VT : Vous êtes Conseiller en Investissements Financiers chez Savinianne. C'est votre premier Face au Marché. Bonjour Henry Masdevall.

Henry Masdevall : Bonjour.

VT : Vous êtes déjà venu dans cette émission, Président d'Actualis Associés et Président de Valorey Finance. Merci à tous les deux. Face au Marché est une émission en trois parties. Nous allons évoquer les grandes tendances de l'investissement dans l'eau. Qu'est-ce qui le porte ? Quelles sont ses perspectives ? Ensuite, nous nous pencherons sur Pictet-Water. C'est l'objet de cette émission. Comment ce fonds a-t-il évolué en 25 ans d'existence ? Comment est-il positionné en ce moment ? Puis, nous parlerons de la pertinence de cette stratégie dans le contexte actuel de marchés actions relativement élevés, de désinflation aussi et d'attente de baisse des taux de la part des banques centrales. Voilà pour le sommaire. Face au Marché, c'est parti !

VT : Quelles sont les grandes tendances de l'investissement dans l'eau ? C'est la première partie de ce Face au Marché consacré au savoir-faire de Pictet AM en la matière, avec vous Yann Louin et nos deux experts François Denis et Henry Masdevall. Henry vous pose la première question de cette première partie.

HM : Quels sont les défis des enjeux de l'eau ?

YL : Les défis liés à l'eau sont nombreux et c'est d'ailleurs ce qui a nourri la réflexion de l'équipe de gestion thématique il y a 25 ans, lorsque nous avons créé le fonds sur le thème de l'eau. D'une part, il y a un défi démographique, c'est-à-dire la population mondiale ne cesse de grandir. Nous devrons encore gagner 2 milliards d'êtres vivants. d'ici 2050 et parallèlement à ça, nous avons une quantité d'eau disponible à se partager qui n'évoluera pas. La quantité est finie. L'eau douce représente à peu près 2,5 % de l'eau présente à la surface du globe et seulement 0,25 % de cette quantité est disponible à la consommation. Donc c'est le premier défi. C'est une augmentation de la population par rapport à une quantité d'eau qui n'évoluera pas. Le deuxième grand défi, c'est un défi d'urbanisation, c'est-à-dire que les populations partout dans le monde, et prioritairement dans les pays émergents, vivent de plus en plus dans les villes, dans les centres urbains. Ce sera à peu près 75 % de la population d'ici 2050. Ça fait environ 1,5 million de personnes qui migrent vers les centres urbains chaque semaine, Ce qui nécessite d'adapter les villes en matière de canalisations, d'infrastructures, de systèmes de traitement des eaux. C'est le deuxième grand défi de ce thème de l'eau. Il y a d'autres défis, le défi de la santé par exemple, puisque nous constatons aujourd'hui que les eaux usées sont de plus en plus mauvaise qualité à mesure que le temps passe, à mesure que l'économie se développe. Aujourd'hui, les eaux usées sont chargées en micro et nano-plastiques, en polluants chimiques, le résidu de pesticides par exemple, en perturbateurs endocriniens, les résidus d'antibiotiques ou de traitements hormonaux par exemple. Et donc, il y a cette nécessité de mieux traiter les eaux usées, donc de trouver des solutions en matière de traitement pour éviter les problématiques sanitaires à plus long terme. D'autres sujets peuvent être mis sur le devant de la scène aussi. Le sujet de la transition technologique parce que nous parlons d'intelligence artificielle et la transition technologique est très consommatrice à la fois d'électricité et d'eau pour refroidir les serveurs. Microsoft par exemple a consommé à peu près 34 % d'eau supplémentaire en 2023 pour refroidir ses serveurs, mais c'est aussi très consommateur d'électricité. En France, l'électricité est en grande partie produite par des centrales nucléaires qui ont besoin de grandes quantités d'eau.

VT : Donc, cela touche de nombreux aspects. François, votre question.

FD : Nous avons bien compris les enjeux, les défis mais pourquoi investir dans l'eau aujourd'hui ?

YL : Alors aujourd'hui ou hier ou demain, il n'y a pas forcément de market timing pour investir sur le thème de l'eau. D'ailleurs, lorsque nous avons créé le fonds en 2000, nous étions en pleine euphorie sur les valeurs technologiques. Rappelez-vous, je ne sais pas si comme moi vous l'avez connu, mais en 2000, nous étions dans cette période d'euphorie sur les valeurs technologiques, investir sur le thème de l'eau, créer un fonds sur le thème de l'eau. n'était pas forcément à la mode mais 25 ans après nous nous rendons compte. que c'est véritablement important et que ce qui est intéressant pour les investisseurs finaux c'est que le thème de l'eau a la particularité de faire appel au bon sens puisqu’aujourd’hui les clients ont besoin de comprendre ce dans quoi ils investissent. Investir dans le thème de l'eau, je dirais que ça coule de source, c'est très simple de comprendre les grandes problématiques que j'ai exposées à l'instant. Le thème de l'eau a l'avantage aussi, et la gestion thématique d'un point de vue plus large, d'être très transparent. Nous avons des fonds gérés de manière très simple. Ce sont des fonds qui sont des paniers d'actions. Nous investissons dans des entreprises à l'échelle internationale. Il y aussi le sujet de la performance. Et là, nous avons une base d'analyse, un temps d'analyse assez long, qui permet de confirmer ce que nous attendions à l'initiation de ce fonds-là, c'est que le thème de l'eau est surperformant par rapport à l'indice interne.

VT : Bon track record.

HM : Je voudrais que vous nous parliez de la biodiversité et comment elle est liée à l'eau.

YL : C'est une question très intéressante puisque les politiques environnementales aujourd'hui se concentrent principalement sur le climat, c'est-à-dire sur la réduction des gaz à effet de serre et beaucoup de politiques, notamment les politiques de neutralité carbone dans lesquelles se sont engagées les grandes puissances, les Etats-Unis, l'Europe à horizon 2050, la Chine à horizon 2060, se concentrent quasiment exclusivement sur la réduction des gaz à effet de serre. Or, l'analyse de la biodiversité doit intégrer plusieurs facteurs, appelés les facteurs terrestres, qui couplent à la fois le climat, mais aussi les prélèvements en eau et l'occupation des sols. Ces trois facteurs sont interdépendants. Il y a des facteurs d'entraînement qui permettent de les analyser conjointement. Aujourd'hui, les prélèvements en eau sont très importants puisque lorsque vous avez des phénomènes de réchauffement climatique, des phénomènes de sécheresse à répétition, d'inondations, comme nous avons pu le voir ces dernières semaines, il y a un impact directement sur le cycle de l'eau via des canalisations qui peuvent être abîmées, qui peuvent être mises hors de fonctionnement, via des sécheresses à répétition qui ont un impact directement sur la qualité des sols et donc sur l'absorption du carbone et donc sur le cycle de l'eau in fine. Tous ces facteurs-là doivent être considérés conjointement avec ces effets d'entraînement qui sont extrêmement importants et qui impactent directement la biodiversité.

VT : Je dois vous arrêter puisque le temps que nous avions pour cette première partie est épuisé. Ça passe très vite. Vous restez avec nous pour la deuxième partie de ce Face au Marché consacré à Pictet AM et à sa stratégie dans l'eau en particulier. À tout de suite.

Vincent Touraine : Pictet-Water, les caractéristiques et la stratégie d'un fonds pionnier puisqu'il a 25 ans d'existence, c'est la deuxième partie de ce Face au Marché consacré à Pictet et à sa stratégie phare dans l'eau, toujours avec Yann Louin et nos deux experts Henry Masdevall et François Denis qui vous pose la première question de cette deuxième partie.

François Denis : Votre fonds, qui a 25 ans, n'est plus à présenter. Toutefois pouvez-vous nous rappeler la stratégie d'investissement ?

Yann Louin : La stratégie Water est composée de trois grands segments identifiés dès la genèse du fonds. Les infrastructures : nous investissons dans les entreprises qui installent et qui gèrent les réseaux de canalisation partout dans le monde, aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe que dans les pays émergents. Nous travaillons sur les technologies de l'eau, c'est-à-dire comment mieux filtrer, comment mieux approvisionner,comment réduire les polluants chimiques qui composent ces eaux usées. C'est la plus grande partie du portefeuille qui représente à peu près 60 % du fonds actuellement. Nous travaillons également avec un segment qualifié de "services environnementaux", c'est-à-dire la gestion des déchets, parce que la première pollution de l'eau, c'est la pollution des sols. Aujourd'hui, il y a environ 10 millions de tonnes de plastique déversées dans les océans chaque année et qui proviennent principalement d'une mauvaise gestion des déchets, ,en tout cas d'un parcours mal adapté ou mal géré.

VT : Henry Masdevall.

Henry Masdevall : Comment appréhendez-vous l'investissement sur l'eau ? Aujourd'hui, il y a une concentration des sociétés liées à l'eau. Que faites-vous des petites entreprises ? Les appréhendez-vous aussi dans vos portefeuilles ?

YL : Oui, le fonds a une taille assez importante aujourd'hui. Le fonds gère environ 8, 5 Mds d'actifs. C'est une taille assez importante. Malgré tout, nous arrivons à être plus petits en termes de capitalisation boursière que l'indice qui est le MSCI World ACWI. Nous avons à peu près 49 % du portefeuille investis sur des entreprises de mid caps, c'est-à-dire entre 5 et 20 Mds de capitalisation boursière. Nous arrivons toujours à trouver cette profondeur de marché malgré le fait que le fonds soit assez concentré. C'est 49 lignes en portefeuille actuellement. Nous avons un univers d'investissement d'environ 180 valeurs, qui effectivement est assez mobile puisqu'il y a quelques acquisitions. Nous pouvons prendre le cas par exemple d'une entreprise qui s'appelle Evoqua Technologies,  qui est la seule entreprise au monde a avoir initialement trouvé ce filtre contre les PFAS, les fameux polluants éternels, qui a été rachetée par une entreprise que nous avons en portefeuille qui s'appelle Xylem.Mais parallèlement, le métier de l'eau devient tellement spécifique que des entreprises détachent leur activité liée au thème de l'eau. C'est le cas par exemple de Danaher qui a détaché son activité Veralto spécifique sur les activités hydrauliques. C'est un monde mobile, c'est un univers d'investissementqui bouge énormément. Si nous faisons le comparatif entre le portefeuille d'il y a 20 ans et le portefeuille d'aujourd'hui, il y a assez peu de cas en commun parce que là aussi les filtres de pureté que nous appliquons à l'univers d'investissement évoluent. Une entreprise typiquement comme Nestlé pouvait à l'époque intégrer le portefeuille, aujourd'hui ce n'est plus le cas pour diverses raisons, notamment le fait que nous interdisons dans le portefeuille l'eau en bouteille, par exemple. C'est un univers qui bouge énormément mais nous avons toujours cette profondeur d'investissement  et notamment sur les entreprises de plus petite taille qui représentent une portion importante
du portefeuille.

FD : Dans quelle mesure Pictet-Water est-il positionné pour bénéficier des plans d'investissement dans les infrastructures en Europe comme aux États-Unis ?

YL : C'est un sujet d'actualité. Nous avions, l'an dernier, fortement réduit la poche Infrastructures dans le portefeuille, notamment les infrastructures hydrauliques, parce que dans cette phase de taux plus élevés, en tout cas post-hausse des taux, c'est vrai que ce sont des entreprises qui ont particulièrement souffert parce que les chantiers hydrauliques étant des chantiers menés sur plusieurs années, nous avons véritablement constaté la hausse des taux et l'impact d'un point de vue industriel en 2023 avec un environnement économique ,qui avait bien évolué entre l'octroi des chantiers sur appel d'offres en 2018-2019 peut-être, et le commencement des chantiers hydrauliques en 2023. Des conditions qui ont bien changé puisque les entreprises ne s'endettaient plus à taux zéro, puisque l'inflation était passée par là et le coût des matériaux avait augmenté de 30 ou 40 %. Et donc il y a eu une compression des marges l'an dernier qui nous a poussé à réduire la poche infrastructure dans le portefeuille à environ 15 % alors qu'elle était à peu près deux fois plus élevée les années précédentes. Nous attendons aujourd'hui un peu plus de visibilité sur une potentielle baisse des taux pour repondérer ce segment du portefeuille qui est absolument crucial et qui permet aussi d'avoir une certaine stabilité dans le portefeuille et une certaine cohérence dans la construction de performance sur le long terme.

FD : Et vous ne pensez pas que ce sera trop tard, une fois que la baisse des taux aura été décidée ?

VT : Réponse rapide, s'il vous plaît.

YL : Pour l'instant, non, puisque depuis le début de l'année, c'est le segment qui sous-performe le plus. Alors en termes de contribution, c'est assez faible dans le portefeuille, qui a plutôt un début d'année très cohérent. Mais c'est vrai que nous n'avons pour l'instant pas eu tort de retarder le réinvestissement sur ces entreprises-là.

VT : C'est tout pour la deuxième partie de ce Face au Marché. À suivre, nous évoquons la pertinence de l'investissement dans l'eau dans le contexte de marché actuel. Que pouvons-nous en attendre en 2024 ? À tout de suite.

Vincent Touraine : L'eau comme thème d'investissement, quelle pertinence dans les conditions de marché actuelles ? Niveau élevé des indices, anticipation de baisse des taux de la part des banques centrales ? C'est la troisième partie de ce Face au Marché consacré à Pictet et à sa stratégie dans l'eau. Toujours avec vous Yann Louin et nos deux experts François Denis et Henry Masdevall, qui vous pose la première question de cette dernière partie.

Henry Masdevall : L’eau c’est vital. Cette thématique ne peut que fonctionner. C'est un investissement certainement à très long terme. Quel est le potentiel de croissance à attendre dans les cinq prochaines années ?

Yann Louin : C'est une très bonne question à laquelle il est à la fois assez difficile de répondre. Ce qu'on peut regarder, c'est la performance historique de la stratégie, qui est bien meilleure que celle de l'indice actions international, malgré le fait que le fonds ne soit pas du tout composé de valeurs technologiques. Ça, c'est un fait qui est important. La stratégie arrive à suivre, voire à battre l'indice actions international sans être composée de valeurs technologiques. Ce que nous remarquons, ce qui est certainement le plus important, c'est que sur le long terme, la stratégie est à la fois surperformante par rapport à l'indice, mais aussi par rapport à toutes les composantes de l'indice en termes de rapport volatilité - performance. C'est intéressant et c'est ce qui nourrit notre réflexion lorsque nous initions de nouvelles stratégies d'investissement thématiques, c'est-à-dire que lorsque nous sommes au croisement de plusieurs grandes tendances que nous avons évoquées tout à l'heure, nous validons le fait que, structurellement, la stratégie doit être surperformante par rapport aux actions internationales. Et sur la stratégie Water, sur laquelle nous avons peut-être le plus de recul, nous validons ce fait que la stratégie est surperformante. Est-ce que ce sera la même chose sur les 15 ou 20 prochaines années ? Nous le pensons sans pouvoir l'affirmer, il est clair que le thème devient de plus en plus consensuel et que l'urgence climatique est de plus en plus importante et la pression de plus en plus forte.

VT : François Denis, votre question.

François Denis : Les actions liées au secteur de l'eau performent très bien depuis 2020, depuis le Covid, notamment en 2024 avec des performances au-delà de 9 % year-to-date. Ne sont-elles pas aujourd'hui un peu trop valorisées ? Et une question annexe, quel impact de la potentielle baisse des taux en 2024 sur cette thématique ?

YL : Trop valoriser c'est une très bonne question là aussi, c'est très compliqué de se positionner sur le niveau de valorisation. Nous avons fait le choix l'an passé ,de réduire la poche Infrastructures. Ce sont plutôt les services environnementaux qui sont des activités qui ont une très forte lisibilité qui ont cette capacité de fixer les prix aussi, d'augmenter le prix des services, notamment de ramassage des ordures, etc. puisque même si demain vous êtes dans une période difficile économiquement, Il est peu probable qu'une mairie supprime le service de ramassage des ordures par exemple. Donc ce sont des métiers assez stables, assez lisibles et sur lesquels nous pouvons nous projeter. Donc ils ont plutôt bien fonctionné dans cette phase un petit peu plus compliquée depuis 2022. Les infrastructures ont reculé parce qu'elles sont assez dépendantes des taux. Donc nous espérons que cette baisse des taux aura un impact positif sur les valorisations et certainement que nous nous repositionnerons un petit peu plus fortement.

VT : Justement, vous vous repositionnez sur quoi, là, dans l'attente de la baisse des taux ?

YL : Pour l'instant, le gros du portefeuille, ce sont les technologies hydrauliques. Donc à la fois des entreprises qui vont avoir pour vocation de réduire le nombre de fuites. Par exemple en France, 20 % de l'eau traitée partent dans les fuites. Chaque année en France, nous remplissons le lac d'Annecy. En Italie, c'est 40 %, c'est deux fois plus. C'est problématique parce que les canalisations des pays développés sont globalement très vieillissantes. À Paris, c'est moins le cas, parce qu'elles datent du Second Empire mais dans les campagnes françaises, ce sont des réseaux en PVC installés après-guerre, qui sont assez friables, qui sont plutôt fragiles. En Angleterre, c'est un réseau qui date de 1875, qui est plutôt fragile aussi. Et dans les pays en voie de développement, ces canalisations ne sont pas encore installées. C'est le cas de l'Inde, du Pakistan qui ont beaucoup souffert des sécheresses. Narendra Modi, le Premier ministre de l'Inde ,avait mis en place en 2018, un plan "Toilette" pour investir massivement dans ce secteur.

VT : Mais ça, dans un contexte de baisse des taux, c'est porteur ?

YL : Oui parce qu'il y a cet impact des taux, ce sont des entreprises endettées, qui globalement s'endettent à hauteur de 100 voire 110 % et qui se remboursent sur la vente de mètres cubes d'eau à horizon 25-30 ans, généralement indexés à l'inflation, mais ça il y a des différences entre les concessions européennes et les modèles anglo-saxons qui font toute la particularité de la stratégie.

HM : L'eau peut être considérée comme une matière première. Pouvons-nous spéculer sur une matière première comme l'eau ?

YL : C'est une très bonne question. Des contrats sur l'eau ont été mis sur le marché en Australie et en Californie, deux régions particulièrement touchées par l'aridité des sols parce qu'il y a des droits particuliers liés à l'agriculture, notamment aux Etats-Unis avec les water rights, les agriculteurs ont le droit de prélever l'eau d'une rivière sans contrainte. Toutes les associations écologiques étaient favorables à la mise en place de ces contrats sur l'eau, donc à cette capacité de vendre des droits à consommer de l'eau aux Etats-Unis et en Australie, qui ont permis également d'éviter certains effondrements de sol ou certaines problématiques environnementales. Mais chez Pictet, nous ne touchons pas à ces contrats, ce n'est pas du tout la vocation du fonds. Nous investissons dans les entreprises qui ont vocation à trouver des solutions en matière de technologies, d'infrastructures, mais nous n'investissons pas sur la matière première.

VT : Petite question pour finir.

FD : Est-ce que la décollecte récente sur les fonds ESG impacte votre fonds Pictet-Water et plus globalement la thématique ?

YL : Nous n'avons pas constaté de décollecte sur le fonds, sur la stratégie Water, donc ça n'a pas d'impact concernant Pictet. C'est un fonds généralement souscrit assez régulièrement, c'est le fonds sur lequel nous avons le plus de flux réguliers, en tout cas d'investissements programmés, donc c'est vrai que c'est un fonds qui a cet avantage de moins décollecter dans les phases plus compliquées de marché parce que les clients comprennent la thématique et il est assez compliqué dans une logique de transmission d'un patrimoine notamment de sortir d'un fonds investi sur l'eau.

VT : Ce sera le mot de la fin. Nous essayons ne pas trop déborder pour garder l'analogie avec l'eau. Merci à tous les trois d'y avoir participé. Yann Louin, Senior Sales Manager chez Pictet Asset Management Henry Masdevall, Président d'Actualis Associés et Président de Valorey Finance et François Denis, pour sa première émission Face au Marché, Conseiller en Investissement Financier chez Savinianne. Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis. Nous nous retrouvons bientôt pour une prochaine émission.

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