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Quel positionnement et quelles perspectives pour la Stratégie Water ? Yann Louin (Pictet AM), Henry Masdevall (Valorey Finance & Actualis Associés) et François Denis (Savinianne)

23
Apr
2024
Yann Louin, Senior Sales Manager chez Pictet Asset Management, répond aux questions d’Henry Masdevall, Président d'Actualis Associés et Président de Valorey Finance, et de François Denis, Conseiller en Investissements Financiers chez Savinianne. Quelles sont les caractéristiques de Pictet-Water ? Quelle typologie d’entreprises est étudiée ? Quel positionnement à la veille de la baisse des taux ?

Vincent Touraine : Pictet-Water, les caractéristiques et la stratégie d'un fonds pionnier puisqu'il a 25 ans d'existence, c'est la deuxième partie de ce Face au Marché consacré à Pictet et à sa stratégie phare dans l'eau, toujours avec Yann Louin et nos deux experts Henry Masdevall et François Denis qui vous pose la première question de cette deuxième partie.

François Denis : Votre fonds, qui a 25 ans, n'est plus à présenter. Toutefois pouvez-vous nous rappeler la stratégie d'investissement ?

Yann Louin : La stratégie Water est composée de trois grands segments identifiés dès la genèse du fonds. Les infrastructures : nous investissons dans les entreprises qui installent et qui gèrent les réseaux de canalisation partout dans le monde, aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe que dans les pays émergents. Nous travaillons sur les technologies de l'eau, c'est-à-dire comment mieux filtrer, comment mieux approvisionner, comment réduire les polluants chimiques qui composent ces eaux usées. C'est la plus grande partie du portefeuille qui représente à peu près 60 % du fonds actuellement. Nous travaillons également avec un segment qualifié de "services environnementaux", c'est-à-dire la gestion des déchets, parce que la première pollution de l'eau, c'est la pollution des sols. Aujourd'hui, il y a environ 10 millions de tonnes de plastique déversées dans les océans chaque année et qui proviennent principalement d'une mauvaise gestion des déchets, ,en tout cas d'un parcours mal adapté ou mal géré.

VT : Henry Masdevall.

Henry Masdevall : Comment appréhendez-vous l'investissement sur l'eau ? Aujourd'hui, il y a une concentration des sociétés liées à l'eau. Que faites-vous des petites entreprises ? Les appréhendez-vous aussi dans vos portefeuilles ?

YL : Oui, le fonds a une taille assez importante aujourd'hui. Le fonds gère environ 8,5 Mds d'actifs. C'est une taille assez importante. Malgré tout, nous arrivons à être plus petits en termes de capitalisation boursière que l'indice qui est le MSCI World ACWI. Nous avons à peu près 49 % du portefeuille investis sur des entreprises de mid caps, c'est-à-dire entre 5 et 20 Mds de capitalisation boursière. Nous arrivons toujours à trouver cette profondeur de marché malgré le fait que le fonds soit assez concentré. C'est 49 lignes en portefeuille actuellement. Nous avons un univers d'investissement d'environ 180 valeurs, qui effectivement est assez mobile puisqu'il y a quelques acquisitions. Nous pouvons prendre le cas par exemple d'une entreprise qui s'appelle Evoqua Technologies,  qui est la seule entreprise au monde a avoir initialement trouvé ce filtre contre les PFAS, les fameux polluants éternels, qui a été rachetée par une entreprise que nous avons en portefeuille qui s'appelle Xylem. Mais parallèlement, le métier de l'eau devient tellement spécifique que des entreprises détachent leur activité liée au thème de l'eau. C'est le cas par exemple de Danaher qui a détaché son activité Veralto spécifique sur les activités hydrauliques. C'est un monde mobile, c'est un univers d'investissement qui bouge énormément. Si nous faisons le comparatif entre le portefeuille d'il y a 20 ans et le portefeuille d'aujourd'hui, il y a assez peu de cas en commun parce que là aussi les filtres de pureté que nous appliquons à l'univers d'investissement évoluent. Une entreprise typiquement comme Nestlé pouvait à l'époque intégrer le portefeuille, aujourd'hui ce n'est plus le cas pour diverses raisons, notamment le fait que nous interdisons dans le portefeuille l'eau en bouteille, par exemple. C'est un univers qui bouge énormément mais nous avons toujours cette profondeur d'investissement  et notamment sur les entreprises de plus petite taille qui représentent une portion importante du portefeuille.

FD : Dans quelle mesure Pictet-Water est-il positionné pour bénéficier des plans d'investissement dans les infrastructures en Europe comme aux États-Unis ?

YL : C'est un sujet d'actualité. Nous avions, l'an dernier, fortement réduit la poche Infrastructures dans le portefeuille, notamment les infrastructures hydrauliques, parce que dans cette phase de taux plus élevés, en tout cas post-hausse des taux, c'est vrai que ce sont des entreprises qui ont particulièrement souffert parce que les chantiers hydrauliques étant des chantiers menés sur plusieurs années, nous avons véritablement constaté la hausse des taux et l'impact d'un point de vue industriel en 2023 avec un environnement économique ,qui avait bien évolué entre l'octroi des chantiers sur appel d'offres en 2018-2019 peut-être, et le commencement des chantiers hydrauliques en 2023. Des conditions qui ont bien changé puisque les entreprises ne s'endettaient plus à taux zéro, puisque l'inflation était passée par là et le coût des matériaux avait augmenté de 30 ou 40 %. Et donc il y a eu une compression des marges l'an dernier qui nous a poussé à réduire la poche infrastructure dans le portefeuille à environ 15 % alors qu'elle était à peu près deux fois plus élevée les années précédentes. Nous attendons aujourd'hui un peu plus de visibilité sur une potentielle baisse des taux pour repondérer ce segment du portefeuille qui est absolument crucial et qui permet aussi d'avoir une certaine stabilité dans le portefeuille et une certaine cohérence dans la construction de performance sur le long terme.

FD : Et vous ne pensez pas que ce sera trop tard, une fois que la baisse des taux aura été décidée ?

VT : Réponse rapide, s'il vous plaît.

YL : Pour l'instant, non, puisque depuis le début de l'année, c'est le segment qui sous-performe le plus. Alors en termes de contribution, c'est assez faible dans le portefeuille, qui a plutôt un début d'année très cohérent. Mais c'est vrai que nous n'avons pour l'instant pas eu tort de retarder le réinvestissement sur ces entreprises-là.

VT : C'est tout pour la deuxième partie de ce Face au Marché. À suivre, nous évoquons la pertinence de l'investissement dans l'eau dans le contexte de marché actuel. Que pouvons-nous en attendre en 2024 ? À tout de suite.

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