Brésil : entre réformes fondatrices et orthodoxie fiscale, le pays récolte les fruits d’une politique raisonnée dans le temps (IVO Capital Partners)
Ces bons résultats sont le fruit des nombreuses réformes menées durant la dernière décennie, et dont le PIB témoigne avec une progression de 2.9% en 2023*. Cette croissance significative est portée par des secteurs très différents : agriculture, industrie énergétique et services ; c’est une des caractéristiques propres au pays auriverde, unique dans le paysage sud-américain.
Gabriel Loreto Moreira et Marin Bourgeois, Analystes chez IVO Capital Partners
*Source Institut brésilien de géographie et statistique
La vue à long terme d’IVO Capital Partners
- Un territoire aux caractéristiques économiques hybrides, à mi-chemin entre pays émergent et pays développé : un terrain de jeu fertile pour notre stratégie de gestion active
- Une diversification économique indéniable couplée à une véritable profondeur de marché au regard de l’univers des émergents, justifiant notre surexposition au pays
- Une capacité à se moderniser : c’est l’un des pays émergents les plus réformateurs au cours des dernières années
- Une balance commerciale remarquable, qui rend le Brésil moins vulnérable que les autres pays émergents.
Lula, un début de mandat teinté de prudence et mesure
L’élection de Lula en 2022 a été scrutée par les marchés financiers, soucieux de son interventionnisme. Quinze mois plus tard, force est de constater que ce dernier compose avec le Congrès, plus conservateur, et que les mesures radicales qu’il envisageait n’ont pas été appliquées. La privatisation d’Eletrobras par exemple n’a pas été remise en cause, bien que cela ait fait partie des propositions de Lula. Il souhaitait aussi diminuer drastiquement le prix à la pompe pratiqué par Petrobras, le géant national du pétrole contrôlé par l’Etat. S’il l’a quelque peu abaissé, ce dernier reste cohérent avec les prix internationaux. Cette modération témoigne de la volonté de maintenir l’entreprise dans une gouvernance saine.
L’approche politico-économique brésilienne reste donc mesurée sous Lula, comme en atteste la nomination récente de deux ministres issus de la droite. Le budget 2024, récemment soumis au Congrès, témoigne du nouveau cadre fiscal et a été salué par les marchés : il vise un déficit fiscal primaire à 0%. S’il sera difficile à tenir (il dépend entre autres de revenus comme la taxation sur les actifs à l’étranger), ce budget fait la preuve de la volonté de réforme du nouveau gouvernement, dans la continuité des politiques menées précédemment.
Les réformes structurelles conduites depuis 2016
Les années 2014-2017 ont été marquées par une violente crise économique au Brésil. Les gouvernements qui se sont succédé, de toute obédience politique, ont été contraints d’engager un vaste processus de réformes structurelles. Sous Temer le centriste, Bolsonaro l’homme de droite comme avec Lula depuis 2023, les gouvernements ont adopté un ensemble de réformes fondamentales, visant à dynamiser les investissements privés. Sont à saluer, entre autres, celle du plafonnement des dépenses publiques en 2016, qui a permis de contrôler le niveau de la dette publique et de l’inflation. La réforme du marché du travail en 2017 a modernisé en profondeur le droit du travail, qui datait des années 40 ; elle régularise une grande partie de la population qui vit d’emplois informels, réduit le coût du travail et offre plus de flexibilité dans les contrats. Enfin, la réforme des retraites menée en 2019 a fixé un âge minimal de départ à la retraite : 65 ans pour les hommes et 62 ans pour les femmes.
Le gouvernement actuel conduit quant à lui une réforme structurelle fiscale, nécessaire au regard de la complexité du système fiscal brésilien. Ce dernier est en effet perçu comme un frein à l’investissement, et cette simplification fiscale d’envergure est un signal positif fort à l’attention des investisseurs.
Un pays qui a su diminuer sa vulnérabilité aux chocs extérieurs
Soutenue par la cohérence des réformes, la balance commerciale du pays connaît une croissance structurelle. Cette progression est principalement due à la diversité de l’économie brésilienne, et au développement du secteur des matières premières : ce dernier capitalise en particulier sur une croissance des investissements dans des secteurs clefs où le pays possède des atouts de taille.
Dans le secteur agricole par exemple, le Brésil était jusque dans les années 80 importateur net. Depuis, le pays a augmenté sa productivité agricole de manière significative, grâce aux réformes menées dans le secteur et à des investissements technologiques considérables, favorables à l’exploitation des différents écosystèmes du territoire. Le pays enregistre un excédent agricole en croissance constante, avec de nouveaux records en 2023. Cette politique à long terme lui garantit une autonomie alimentaire rare et enviée.
Dans le secteur énergétique, le Brésil a été jusqu’en 2015 importateur de pétrole et de produits raffinés. Excédent commercial de l'agro-industrie (USD Mrd), le pays possède cependant dans ses eaux des réserves considérables d’or noir, qu’il exploite à bas coût via ses champs pétroliers offshore. Ainsi, l’extraction de matière brute devrait croitre de 80 % au cours de sept prochaines années. Au regard des réserves identifiées et du développement de l’industrie pétrolière nationale, certains analystes prévoient même que la production brésilienne pourrait devenir la 5ème mondiale en 2028 (7ème en 2023), devant l’Irak et la Chine.
Cette tendance observée sur la balance commerciale réduit nettement la pression exercée sur la balance courante (-1.4% du PIB en 2023 ou $30Mrds) dont le déficit est largement inférieur à la moyenne des pays émergents et facilement financé par les investissements étrangers, que le pays maintient à des niveaux élevés ($60Mrds pour 2023). Plusieurs indicateurs qui pointent cette robustesse et cette résilience par rapport à l’environnement externe, notamment des réserves internationales s’élevant à $355Mrds. Tous ces grands chantiers ont consolidé l’économie brésilienne, renforcé l’attractivité du pays pour les investisseurs et démontré sa résilience.
IVO Capital Partners s’est spécialisée dans l’investissement dans les pays émergents et à ce titre, le Brésil est une terre de prédilection pour nos fonds ; sa résilience, ses particularités et les efforts fournis au cours des 20 dernières années en font un territoire attractif pour notre gestion active. Au sein du fonds IVO Fixed Income, le Brésil représente la seconde destination de nos investissements (8% du fonds pour un rendement au pire de 8.4% en euro). Nous avons un attrait tout particulier pour les obligations de type project finance (36% de notre exposition au Brésil), généralement utilisées pour financer un actif spécifique dans la plupart des cas une infrastructure, qui est mise en collatéral, et donc senior dans la structure du capital. L’univers brésilien offre également des opportunités intéressantes pour s’exposer au risque de taux US à travers des obligations IG/BB à longue duration (26% de notre exposition au pays).
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