Retour
Économie

L'économie américaine poursuit son régime de haute pression (Financière de la Cité)

27
Feb
2024
Tandis que les marchés financiers attendaient la confirmation d’une normalisation de l’économie américaine - aussi bien du point de vue de la croissance que de l’emploi - pour valider leurs anticipations de baisses de taux en provenance des banques centrales, la résistance de l’économie américaine a une nouvelle fois surpris à la hausse.

A l’inverse, la faiblesse de l’économie européenne n’a pas suffi à déclencher une réaction plus rapide de la part de la Banque centrale européenne pour assouplir sa politique. 


Etats-Unis :

Selon les chiffres publiés par le BEA le 25 janvier dernier, la croissance réelle du PIB américain a été de 3.3% (en termes annualisés) sur le dernier trimestre 2023, après 4.9% pour le troisième trimestre, indiquant que l’économie a progressé sur un rythme de 4.1% sur le second semestre pour un résultat annuel de 3.1%, bien supérieur au taux de croissance potentiel de 1.8% estimé par la Réserve fédérale des Etats-Unis. Cette donnée doit également être interprétée au regard de la prévision effectuée par les Gouverneurs de la Fed au mois de décembre 2022, qui anticipaient alors une croissance de 0.5% sur la totalité de l’année 2023 ; soit un chiffre six fois inférieur au résultat publié. A l’inverse, les prévisions réalisées alors sur le terrain de l’inflation se sont révélées plus précises, mais surestimées ; l’inflation PCE était attendue à 3.1% pour la fin de l’année 2023, contre un chiffre effectif réalisé de 2.7%. 

Ce surcroît de croissance et cette baisse plus forte qu’attendu de l’inflation ont été accompagnés par la publication de chiffres de l’emploi - pour le mois de janvier 2024 - supérieurs aux attentes. Ce sont 353 000 emplois qui ont été créés aux Etats-Unis lors de ce premier mois de l’année, soit le meilleur chiffre des 12 derniers mois. Ce chiffre a été complété par des révisions à la hausse pour les mois précédents, et place la moyenne trimestrielle à un niveau de 289 000 emplois créés, contre une moyenne de 179 000 lors des années 2018 et 2019 qui peuvent être perçues comme des années de référence d’un marché de l’emploi « équilibré ».

Ce contexte d’une économie bien plus forte qu’anticipé et d’un marché de l’emploi robuste a eu pour conséquence de voir les marchés financiers décaler leurs anticipations de baisse de taux. Alors que le mois de mars était perçu comme le plus probable pour l’enclenchement d’un cycle de baisse de taux, la bonne santé de l’économie américaine a donné une marge de manœuvre plus importante aux Gouverneurs dans leur lutte contre l’inflation. En effet, interrogé sur le « moment » de la prochaine baisse des taux lors de la conférence de presse du 31 janvier dernier, Jerome Powell a indiqué : « Je ne pense pas qu'il soit probable que le Comité atteigne un niveau de confiance suffisant d'ici à la réunion de mars (…) Mais cela reste à voir. ».


Dans un tel environnement, une baisse de taux dès le mois de mars semble très improbable, en dehors du cas ou les chiffres du CPI et du PCE, publiés dans le courant du mois de février, se trouveraient être sensiblement en deçà des prévisions, ce que le marché n’envisage pas pour le moment. A l’inverse, l’hypothèse d’une première baisse entre les mois de mai et de juin est considérée à ce jour comme la plus probable.


Zone Euro :

Du côté de la zone euro, le taux de croissance du PIB a atteint 0.03% au dernier trimestre 2023 (+0.1% en termes annualisés), après une baisse de 0.5% (annualisé) au troisième trimestre 2023, ce qui indique une baisse annualisée de 0.2% sur le second semestre, et une croissance de 0.1% entre le T4 2022 et le T4 2023. Cette stagnation du PIB de la zone euro se maintient depuis le T3 2022. 


Si la surprise à la hausse du PIB américain n’a pas eu lieu au sein de la zone euro, c’est la baisse de l’inflation qui a été supérieure aux attentes. Ainsi, selon l’indice officiel HICP du mois de janvier, la dynamique d’inflation au sein de la zone euro est désormais inférieure à la cible de 2%, soit 0.4% pour l’inflation « headline » et 1.5% pour l’inflation core (en termes 3 mois / 3 mois annualisés), alors que le rythme annuel reste à des niveaux respectifs de 2.7% et 3.2%.

Dans ce contexte d’une désinflation supérieure aux attentes et d’une stagnation du PIB de la zone euro, la conférence de presse de la Banque centrale européenne a abouti à une communication annonçant une baisse prochaine des taux européens qui pourrait intervenir au mois de juin prochain. Cette hypothèse pourrait cependant être remise en cause dans le cas où les prochaines publications démontraient un ralentissement économique plus prononcé qu’anticipé, dans un environnement de poursuite de la désinflation.

>> Lire l’analyse

Partager :

À découvrir

Graph du jour

Découvrez notre sélection de graphiques

Contributeurs

Club patrimoine
Discover the vision of the financial media of tomorrow
Pour aller plus loin

Inscrivez-vous à la newsletter
Club Patrimoine

Parcourez nos catégories