La Chine et le nouveau désordre mondial (Richelieu Gestion)
Malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19 et les frictions commerciales internationales, notamment avec les États-Unis, la Chine poursuit ses efforts pour assurer une reprise économique robuste et durable. L’assouplissement monétaire, caractérisé récemment par une baisse significative des taux de crédit à long terme, s’inscrit dans une série de mesures visant à stimuler l’économie.
Toutefois, les statistiques financières décevantes et le secteur immobilier en difficulté témoignent des complexités de la situation actuelle. Les diverses dimensions de la stratégie économique de la Chine restent liées au contexte endogène mais bien évidemment aux enjeux géopolitiques actuels qui ne font que s’accroitre.
La réunion annuelle de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) et la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC) sont des moments clés pour la définition des politiques économiques chinoises.
L’annonce de l’objectif officiel de croissance économique pour 2024, prévue lors de ces réunions, est très attendue. Les dirigeants chinois ont exprimé leur « confiance » dans les perspectives de croissance à long terme de la deuxième économie mondiale, malgré les nombreux défis à relever. Les défis mentionnés sont multiples et complexes. Les sujets économiques sont une grande préoccupation. L’emploi des jeunes, notamment des jeunes diplômés, est un sujet de grande inquiétude. La crise immobilière persistante, les pressions déflationnistes, le manque de confiance des investisseurs internationaux et une résistance croissante aux exportations chinoises, notamment de la part de l’Europe et des États-Unis, sont autant de facteurs qui pèsent sur les perspectives économiques.
En réponse, les dirigeants chinois ont mis en avant une stratégie combinant une politique fiscale proactive et une politique monétaire accommodante, dans le but de soutenir modérément la croissance tout en évitant les déséquilibres macroéconomiques.
Le président Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang jouent un rôle central dans la formulation de cette stratégie. Leur approche semble privilégier une vision à long terme, visant à transformer la Chine en une superpuissance de la fabrication mondiale tout en gérant soigneusement les risques économiques immédiats. Cette stratégie requiert un équilibre délicat entre stimulation de la croissance et maintien de la stabilité financière. Pour atteindre un objectif de croissance de 5% en 2024, Pékin pourrait avoir à augmenter son déficit fiscal au-delà de l’objectif habituel de 3% du PIB pour la deuxième année consécutive. Bien que l’investissement dans l’infrastructure et le logement ait traditionnellement été privilégié, il est probable que le gouvernement investisse davantage dans les technologies avancées, en reconnaissant leur importance pour l’avenir économique du pays.
La reprise économique de la Chine post-pandémie reste fragile. Les indicateurs clés, tels que les PMI manufacturiers et non-manufacturiers, montrent une reprise inégale, avec une activité manufacturière particulièrement faible. Cela reflète une demande domestique et internationale hésitante, exacerbée par les tensions géopolitiques et les incertitudes économiques globales.
Dans ce contexte, le gouvernement chinois a pris des mesures pour stimuler la demande intérieure et soutenir les secteurs clés de l’économie, notamment le logement et la technologie. Cependant, ces efforts se heurtent à des obstacles significatifs, tels que l’endettement élevé des ménages et une confiance des consommateurs en berne. La Chine doit donc trouver des moyens de revitaliser sa demande intérieure tout en maintenant une croissance économique stable. Étant donné la taille de la Chine, son stade de développement et son épargne excessive, un élément essentiel de toute stratégie de stabilité macroéconomique doit être une augmentation de la consommation privée et publique en tant que part du PIB.
Les tensions entre la Chine et les États-Unis se situent au cœur des préoccupations économiques et géopolitiques mondiales.
Ces tensions, qui s’étendent du commerce à la technologie et aux influences régionales, ont des implications profondes pour l’économie chinoise. La guerre commerciale initiée sous l’administration Trump, avec l’imposition de tarifs douaniers substantiels, a non seulement perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales mais a également signalé une ère de confrontation économique entre les deux superpuissances.
Sous l’administration Biden, bien que le ton ait légèrement changé, la stratégie fondamentale à l’égard de la Chine reste ferme. Les États-Unis continuent de viser à réduire leur dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement chinoises, notamment dans les secteurs technologiques critiques. Pour la Chine, cela signifie non seulement une perte potentielle de marchés d’exportation mais aussi un besoin accru d’innovation et d’autosuffisance dans des domaines clés comme les semi-conducteurs. Dans le duel électoral entre Trump et Biden, la Chine se trouve être le véritable perdant incontesté. Trump s’engage à imposer d’énormes tarifs susceptibles de minimiser considérablement les échanges commerciaux sino-américains, jusqu’à les réduire à néant selon l’analyse de Bloomberg. Parallèlement, la rhétorique de Trump pourrait accroître la pression sur Biden pour qu’il prenne des mesures plus sévères à l’approche du jour des élections. Les sondages d’opinion américains sur la Chine sont indiscutables, Biden prévoit d’introduire de nouvelles contraintes avant même le scrutin.
La confrontation commerciale initiée par Donald Trump en 2018 contre la Chine a affaibli les relations économiques entre ces deux géants mondiaux. Les ambitions de Trump pour un second mandat pourraient rompre ces liens définitivement. Trump propose une taxe de 60 % sur l’ensemble des biens importés de Chine.
Selon Bloomberg Economics, cela anéantirait quasiment un flux commercial valorisé à 575 milliards de dollars. Cette mesure radicale n’est qu’une parmi d’autres envisagées par Trump s’il parvient à transformer son légère avance dans les sondages face au président sortant Joe Biden en une victoire en novembre. La stratégie offensive de Trump pourrait forcer Biden à adopter des positions plus rigides à mesure que l’élection approche. Biden est conscient qu’il doit adopter une posture ferme vis-à-vis de la Chine. Bien que ses propositions ne soient pas aussi extrêmes que les tarifs envisagés par Trump, et bien que son administration ait exprimé son opposition à une séparation totale, il dispose d’un éventail de restrictions inédites à imposer, allant de la gestion des données à l’industrie des véhicules électriques.
La perspective des élections américaines ajoute une couche supplémentaire d’incertitude. Les politiques agressives proposées par les deux candidats pourraient entraîner une escalade des tensions, affectant davantage les relations commerciales et économiques. La Chine, dans ce contexte, doit naviguer avec prudence, cherchant à diversifier ses partenaires commerciaux tout en renforçant sa position sur la scène internationale.
Au-delà des États-Unis, les relations de la Chine avec d’autres pays occidentaux, notamment l’Union européenne, connaissent également des moments de tension. Les préoccupations concernant les pratiques commerciales, les droits de l’homme et les ambitions géopolitiques de la Chine ont conduit à un climat de méfiance mutuelle. Cependant, la Chine et l’UE continuent de reconnaître l’importance d’une relation économique forte, avec des efforts récents pour dialoguer sur des sujets comme le changement climatique et le commerce multilatéral.
L’Australie a invité le ministre chinois des Affaires étrangères à se rendre dans le pays à la fin du mois de mars pour des discussions portant sur le commerce, la sécurité et d’autres sujets. Le ministre australien déclare que la Chine n’a aucun rôle à jouer dans le maintien de l’ordre dans le Pacifique. Pour la première fois depuis que les données sont enregistrées, la Chine a subi une fuite d’investissements directs étrangers, ce qui a suscité des inquiétudes sur les marchés quant aux perspectives de la deuxième économie mondiale et a amené certains observateurs à affirmer qu’il s’agit d’un signe que les entreprises étrangères ont choisi de réduire les risques ou de « délocaliser » leurs activités.
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