COP 28, pas un flop mais loin d'être au top (Financière de l'Arc)

Économie
COP 28, pas un flop mais loin d'être au top (Financière de l'Arc)

Une COP vivement critiquée

Avant même d’avoir commencée, cette COP 28 était déjà vivement critiquée. Pour une simple et bonne raison : sa tenue à Dubaï.
En effet, la viabilité du modèle économique, social et politique des Émirats arabes unis (EAU) repose largement sur les revenus du pétrole. Ces revenus représentent 80 % des dépenses publiques des sept émirats. Cela pose une contradiction manifeste avec l'objectif de la transition énergétique, visant à se détourner des énergies fossiles. Et cette réalité est difficile à négliger.

Le Royaume-Uni a été vivement critiqué pour son choix de poursuivre le développement de ses gisements de pétrole en mer du Nord. Pourtant il avait appelé à des objectifs plus élevés en matière de lutte climatique lors de la tenue de la COP 26 à Glasgow. Les EAU semblaient également se diriger vers une situation similaire avant même le début des négociations.


Les premiers du Moyen-Orient à ratifier l'accord de paris 

Or, il est tout de même bon de nuancer ces critiques. En effet, les EAU ont été les premiers au Moyen-Orient à ratifier l’accord de Paris et à s’engager à atteindre le zéro net (d’émissions de carbone) d’ici 2050.

Avec un ensoleillement quasi permanent, l’énergie solaire couvre aujourd’hui environ 4,5 % de la demande d’électricité des EAU et les projets en cours permettront de faire passer la production de 23 gigawatts (GW) aujourd’hui à 50 GW d’ici 2031. De plus, la centrale nucléaire de Barakah (la première du monde arabe) a commencé à produire de l’électricité en 2020. Bien qu’elle ne réponde qu’à 1 % de la demande d’électricité du pays, elle pourrait atteindre 25 % lorsqu’elle sera pleinement opérationnelle en 2030.


Une première semaine compliquée

La première semaine est venue confirmer les craintes collectives quant au choix des EAU comme terre d’accueil de la COP. En effet, le président de la COP 28, le sultan Al Jaber, qui est également PDG de l’une des principales compagnies pétrolières nationales des EAU, s’est permis de déclarer qu’il n’y a pas de preuve scientifique derrière la demande de sortie des énergies fossiles. Dès le lendemain, une lettre ouverte - écrite par une centaine de scientifiques - a été publiée pour rappeler les preuves scientifiques de la nécessité de réduire tout de suite et drastiquement la production d’énergies fossiles.


Tendre vers la neutralité carbone

Attention tout de même. Il est vrai qu’il existe des scenarii dans le dernier rapport du GIEC où les énergies fossiles joueraient un rôle dans la transition énergétique, afin de tendre vers la neutralité carbone. Cependant, ces scenarii demandent tout de même une forte diminution de la production d'énergies fossiles et reposent sur des hypothèses, puisqu’actuellement les technologies de capture et de séquestration du carbone ne sont pas en mesure de valider ces scenarii.


Mais des avancées à saluer durant cette COP 28

Passés ces aspects négatifs, des avancées sont évidemment à saluer.


Création d'un fonds "Pertes et Préjudices"

En effet, dès le premier jour, un fonds « Pertes et Préjudices » a été créé et les États se sont engagés à abonder ce fonds à hauteur de 792 millions de dollars.  Ce fonds sera utilisé pour compenser la manifestation des impacts du changement climatique qui ne sont pas ou ne peuvent pas être évités par les efforts d’adaptation et d’atténuation. Si ce montant est décrié par nombre d’acteurs parce qu’insuffisant (les estimations de coût économique des pertes et préjudices vont de 290 à 590 milliards de dollars d’ici 2030), le simple fait d’avoir un accord sur son financement, dès le premier jour, est une décision forte, qui a directement donné une bonne dynamique à cette COP 28.


Triplement des capacités d'énergies renouvelables

Un autre point important à noter est la coalition de 123 États qui se sont engagés à porter les capacités d’énergies renouvelables à au moins 11 000 gigawatts d’ici 2030 et le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’environ 2 % à plus de 4 % chaque année, jusqu’en 2030. Il est évident que cet objectif, de triplement des capacités d’énergies renouvelables et le doublement de l’efficacité énergétique d’ici 2030, marque une avancée majeure dans les négociations internationales. Cependant, il faut noter qu’aucun plan d’actions n’a malheureusement été fixé…


Le premier "Health Day"

Le 3 décembre 2023 marque également une date importante, celle du premier « Health Day » d’une COP. Cette journée a été entièrement dédiée aux enjeux liés à la santé et a abouti à la signature par 141 pays d’une Déclaration sur le climat et la santé. On ne peut que saluer cette déclaration, qui met en lumière les dangers du réchauffement climatique sur la santé et la nécessité pour les systèmes de santé de se transformer et d’innover dans le but d’une meilleure résilience en accélérant leur décarbonation. Même si elle est plus engageante que contraignante, elle reste une avancée dans le sens où elle pose noir sur blanc la nécessité de décarboner l’économie afin d’améliorer la santé publique et de prendre soin de la nature, pour garantir une bonne santé à l'humanité.


Un accord historique ?

Il aura fallu attendre le dernier jour pour avoir, ce que beaucoup ont qualifié « d’accord historique ».

Pourquoi ?

Tout simplement parce que c’est la première fois qu’un accord final mentionne les énergies fossiles, mettant sur le même plan le pétrole, le gaz et le charbon. Gardons tout de même les pieds sur terre. L’accord appelle à opérer une transition vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques. Mais, là encore, aucun plan d’action n’a été défini.

L’accord satisfera beaucoup de monde, mais l’essentiel n’y est pas. Il aurait fallu acter, d’ores et déjà, la sortie des énergies fossiles, de façon progressive évidemment. Les études scientifiques sont formelles : nous sommes sur une trajectoire de +2,9°C. Et il est vital d’arrêter dès à présent tout développement de nouveau champ pétrolier ou gazier.


COP à moitié vide ou COP à moitié pleine

Finalement, à chacun de voir la COP à moitié vide ou la COP à moitié pleine. C’est une COP qui, avant même d’avoir débuté, s’annonçait comme un FLOP. Mais finalement, en s’attardant sur les détails, nous remarquons des avancées non négligeables sur quelques points importants.
Alors oui, tout reste à faire !

Le chemin est encore long. C’est aux États et aux entreprises de traduire en actions l’ambition d’une transition en dehors des énergies fossiles. Mais les avancées sont réelles. Le problème climatique est lui aussi certain, il faudra des actions fortes afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour sauver la planète que nous laisserons à nos descendants.


Pas encore le TOP mais pas vraiment un FLOP

Effectivement, la COP 28 n’est pas encore au TOP. Mais restons positifs sur les avancées effectuées. Charles Darwin disait : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ».

L’Homme finira forcément par s’adapter au changement climatique. Le tout est de ne pas le faire trop tard. Gardons en tête que la Terre est notre seule demeure, nous n'avons aucun autre refuge.

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