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Analyses de marchés

"L’enthousiasme de la fin 2023 a été refroidi par la réévaluation de la politique de la Fed" Avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack

24
Jan
2024
15' Insight, c'est le tour d'horizon de l'actualité macroéconomique et financière avec Gilles Etcheberrigaray, Directeur des investissements d'Elkano AM et Igor de Maack, Associé Dirigeant de Vitalépargne. Dans cette 1ère partie, nous faisons le point sur l'environnement macroéconomique du moment. Le début d’année morose donne-t-il le ton ? Quel calendrier pour l’action des banques centrales ? Fed, BCE qui baissera le premier ?

Vincent TOURAINE : Bonjour et bienvenue à toutes et à tous. Merci d'être avec nous pour ce deuxième numéro de 15' Insight, avec Elkano AM et Vitalépargne. 15' Insight, c'est le tour d'horizon de l'actualité macroéconomique et financière en un quart d'heure. Autour de cette table, nos deux invités, Gilles Etcheberrigaray.
 
Gilles ETCHEBERRIGARAY : Bonjour.
 
VT : Président, Directeur des Investissements d'Elkano AM et bonjour Igor De Maack.
 
Igor De MAACK : Bonjour.
 
VT : Vous êtes Associé-Dirigeant de Vitalépargne. Merci à tous les deux d'être là. 15' Insight, une émission en 3 parties de cinq minutes. Nous allons déjà nous pencher sur les anticipations de baisse de taux des banques centrales en 2024. La Fed va pivoter. Oui, mais quand ? Les marchés ont-ils raison de parier sur une baisse rapide des taux de la Fed et de la BCE ? Nous nous intéresserons ensuite au marché d'actions plutôt incertain en ce début d'année 2024. Cela donne-t-il le ton pour le reste de l'année ? À la lumière de tout cela, comment bien diversifier ses investissements ? Nous parlerons de différentes classes d'actifs, notamment du Bitcoin, qui a commencé l'année sur les chapeaux de roue, avant de se tasser un petit peu. Voilà pour le sommaire. 15' Insight, c'est parti.
 

 
VT : Baisse des taux, est-ce que les marchés s'emballent ? C'est la première partie de ce 15' Insight avec Gilles Etcheberrigaray et Igor De Maack. Il a suffi que la Fed signale son pivot à venir de sa politique monétaire, c'est intervenu mi-décembre. Nous nous interrogeons sur le timing en cette année 2024. Il a suffi de cela pour que les bourses s'enflamment mais depuis le début de l'année l'enthousiasme semble retomber. Les marchés ne sont-ils pas allés trop vite en besogne ?
 
GE : Un petit peu. Il faut déjà reconnaître que le changement de la Fed est un événement puisque nous avions une Fed qui disait " je ne baisserai pas les taux, je verrai la désinflation dans le blanc des yeux" et là dès qu'il y a eu un peu de poussées par le Trésor américain, dès qu'il y a eu un peu de remontée de chômage, hop, je dirais presque une capitulation, le terme est un peu élevé, mais en tout cas un changement surprenant d'attitude, d'où la réaction du marché. Donc, effectivement, un événement, la fin de la hausse des taux et l'annonce que les prochains mouvements seront à la baisse. En revanche, il fallait totalement écouter la Fed. Elle avait dit "j'envisage trois baisses de taux en 2024" et en regardant le pricing de marché à fin d'année, il y avait six baisses de taux anticipées et nous avions montré, dans nos présentations qu'il y avait un problème entre une Fed qui a dit "c'est fini maintenant on baisse mais progressivement" parce que c'est quand même un changement dans son programme et les marchés qui disaient "bingo vous allez le faire six fois" et là depuis de début d'année, il y a un retracement de ça, il y avait une baisse qui était prévue dès mars qui paraissait hors calendrier de la Fed et le marché a retrouvé le chemin de la Fed et donc avec un effet de gueule de bois post 31 décembre et un retour en arrière sur un certain nombre d'actifs sauf un duquel nous parlerons plus tard...
 
VT : Les 7 Magnifiques.
 
GE : À part eux, il y a comme une correspondance entre l'enthousiasme avant décembre et je dirais la gueule de bois correspondant à la réévaluation de la politique de la Fed post 31 décembre.
 
VT : Quelque chose à rajouter sur cette gueule de bois. Était-elle prévisible ?
 
IdM : C'est un peu le dry January des marchés financiers. Aujourd'hui, il faut comprendre que nous sommes dans une période atypique parce que normalement, les taux sont baissés violemment après une crise majeure et sont remontés graduellement. Et là, c'est le chemin inverse. Les taux ont été violemment remontés et on ne sait plus trop comment les faire baisser puisque l'économie américaine a surpris positivement et le reste, notamment la Chine a plutôt surpris très négativement et l'Europe est en phase de pré récession parce que la politique monétaire devient trop restrictive. Il a quand même une conjonction d'éléments de politique monétaire qui nous paraissait plutôt claire en fin d'année et qui est en train de se complexifier puisque l'inflation baisse, le chômage est toujours bas, et ce sont deux indicateurs qu'on utilise, c'est la fameuse règle de Taylor pour piloter la politique monétaire et que la BCE est toujours focalisée sur l'indice des prix. Alors que l'économie ralentit.
 
VT : Il se dit que la BCE pourrait "tirer" la première, c'est-à-dire baisser avant la FED. Vous y croyez ?
 
IdM : Il y a eu un précédent. Quand la BCE fait les choses de son côté, ça n'a pas toujours bien marché mais honnêtement quand on voit la consommation des ménages le grippement du marché immobilier et la trajectoire budgétaire des États européens, ce serait bon quand même que la BCE assouplisse parce que nous ne sommes pas en mesure de supporter une récession, il me semble. Et sur le plan social, dans certains pays, ça risque de créer des soucis.
 
VT : Gilles, cela pourrait se passer que la BCE baisse en premier ?
 
GE : Je pense qu'elle aura du mal à baisser en premier. Qu'elle baisse plus, oui. Qu'elle baisse en premier, et le précédent n'était pas génial, c'était la crise des États européens. Donc je ne suis pas sûr qu'elle ira. Après il y a un problème de vision différente c'est-à-dire qu'aujourd'hui la BCE continue à dire, Schnabel l'a dit il y a quelques jours, qu'un ralentissement économique fait partie des outils de la Banque Centrale parce qu'elle veut vraiment extirper l'inflation. Alors qu'on a un pivot de la FED qui dit, au début ils disaient la même chose, c'était le côté Volcker de la Fed, en disant "on va extirper l'inflation" et puis aujourd'hui il y a des échéances en novembre prochain, qui dit "non, on peut se passer du ralentissement économique, et on va réussir sans ralentissement économique" Ce qui est beaucoup plus risqué comme attitude, si on veut diminuer l'inflation, il y a double mandat aux Etats-Unis. Effectivement il y a quand même un décalage aujourd'hui entre une BCE qui reste dans sa vision anti-inflationniste et une Fed qui prend un risque, probablement lié aux élections.
 
VT : Nous en restons pour la première partie de ce 15' Insight. Les marchés d'actions et cette question, c'est la prochaine partie, allons-nous vers une nouvelle année de hausse en 2024 ? Nous en parlons dans un instant.
 
 
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