Erasmus Gestion : les nerfs de la guerre
Une fois est tout à fait coutume, nous allons nous attarder sur le triptyque croissance, inflation et banques centrales, de part et d’autre de l’Atlantique. Ce sont les nerfs de la guerre qui décideront de la performance des différentes classes d’actifs pour les mois et les trimestres à venir. Le marché semble, pour l’instant, voir le verre à moitié plein, et anticipe un atterrissage en douceur des indicateurs de croissance, ce qui pèsera sur l’inflation et ce qui permettra aux banques centrales d’adopter, petit à petit, une posture plus accommodante. Cela serait le scénario « ciel bleu » pour reprendre l’expression anglo-saxonne. Attention toutefois aux quelques nuages qui pourraient apparaître, avec de nouvelles faillites bancaires, un ralentissement plus marqué de la croissance ou une inflation sous-jacente plus résistante que prévu.
Etats-Unis
Croissance
La faiblesse du PIB américain pour le 1er trimestre confirme un ralentissement séquentiel de l’économie. La croissance ressort à +1,1% en rythme annualisé, contre +1,9% attendu et +2.6% au quatrième trimestre.
Quand on regarde les différents composants, il est important de noter que la consommation reste dynamique (+2,3% en glissement annuel, en accélération par rapport au +1,7% du quatrième trimestre), en particulier grâce aux services. En revanche, le ralentissement de l’investissement se poursuit, avec une rechute notable à la fois pour la partie équipements (-0,8% en glissement annuel) et l’immobilier. L’indice ISM Manufacturier d’avril confirme cette tendance. Il ressort de nouveau en territoire de contraction, sous le seuil des 50, à 47,1 (vs. 46,3 en mars).
La conclusion de ces indications est claire : le resserrement monétaire de la Fed se fait ressentir sur l’investissement, mais la vigueur de l’emploi et la poursuite de l’utilisation de l’épargne accumulée par les consommateurs américains notamment pendant les différents confinements continuent de soutenir la consommation et empêche, pour l’instant, le pays de tomber dans la récession.
Inflation
Et l’inflation dans tout ça ? L’inflation PCE core a affiché un ralentissement conformément aux attentes. La progression est de +0,1% en glissement mensuel vs +0,3% en février. En glissement annuel, le rythme ralentit à +4,6%, comme attendu, après +4,7% en février. Certes, le point d’inflexion a été atteint. Mais tout semble indiquer que la décrue prendra du temps.
Banque Centrale
Le ralentissement de l’économie américaine combiné au (léger) tassement de l’inflation permet à la Fed d’apercevoir la fin du cycle de hausse des taux directeurs. D’autant plus que les banques continuent d’être sous tension. First Republic s’est ajouté à la liste des banques régionales qui n’ont pas supporté la fuite de leurs dépôts. Elle fera l’objet d’une acquisition par JP Morgan.
Le marché pronostique à plus de 80% une hausse de taux de 25 points de base cette semaine. Si elle a lieu, il se pourrait qu’il s’agisse de la dernière hausse. Pour autant, il faudra une nette amélioration sur le front de l’inflation, ou une dégradation importante du marché de l’emploi, pour espérer un véritable pivot dans les prochains mois.
Zone euro
Croissance
Pour la zone euro, la récession technique, c’est-à-dire deux trimestres consécutifs dans le rouge, a été de façon anecdotique évitée, avec une croissance de +0,1% après la légère contraction de l’activité de -0,1% au T4. C’est une nouvelle déception, les économistes attendaient une progression de +0,2%.
Dans le détail, la croissance a de nouveau été tirée par les services tandis que les biens ont poursuivi leur recul. Les effets de resserrement monétaire commencent à se faire sentir de manière croissante, notamment sur l’investissement.
Par pays, et sans surprise, la principale déception vient d’Allemagne, avec une croissance nulle au premier trimestre. Le pays a été pleinement touché par le repli du secteur manufacturier. Les économies davantage dépendantes des services, (Espagne, France et Italie) progressent davantage.
Inflation
L’inflation de la zone euro est ressorti au-dessus des attentes, à +7% (+10 pbs), quand les économistes anticipaient une légère baisse. Cela s’explique principalement par un effet de base défavorable sur les prix de l’énergie.
Comme pour la croissance, les données nationales montrent de fortes disparités. L’inflation accélère en avril en Espagne et en France (+5,9% en France en glissement annuel vs. +5,7% en mars), toujours portée par les services. En revanche, elle diminue légèrement en Allemagne (+7,2% en avril vs. +7,4% en mars), grâce notamment à la baisse des prix alimentaires.
Mais, et c’est l’élément le plus important, les composantes de l’inflation sous-jacente restent, partout, vigoureuses malgré un léger tassement (+5,6% -10 pbs). L’inflation des biens baisse de façon marginale, aidé par la baisse des biens industriels. Mais l’inflation des services atteint un plus haut historique (+5,2%), ce qui confirme que cette inflation sous-jacente risque d’être durablement élevée.
Banque Centrale
Avec, selon nous, des risques de crises bancaires moins élevés en Europe, le maintien d’une inflation sous-jacente élevée plaide pour une poursuite du resserrement monétaire de la part de la BCE lors de la réunion de cette semaine, malgré des chiffres de croissances en-dessous des attentes.
Conclusion
Des deux côtés de l’Atlantique, les actions des banquiers centraux commencent à se faire sentir sur l’activité industrielle. Le problème étant que les services font plus que compenser cette dynamique, repoussant l’espoir de voir durablement l’inflation core reculer dans les prochains mois. Il semble donc assez peu probable, sauf événement exogène, d’anticiper un retournement rapide de la politique monétaire des banques centrales. Le problème étant que plus les taux restent durablement haut, plus cela risque de peser sur les acteurs économiques les plus endettés. Le secteur de l’immobilier notamment est en première ligne. Mais cela pèsera également sur les finances publiques. A ce sujet, la dégradation d’un cran vendredi soir de la notation souveraine de la France par Fitch, de AA (perspective négative) à AA- (perspective stable), est symptomatique.
Les fonds
Dans un marché en consolidation, le fonds FCP Mon PEA termine en ligne avec son indice. En revanche, les fonds Erasmus Mid Cap Euro et Erasmus Small Cap Euro reculent davantage. Pas de mouvement d’importance à signaler.
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