Financière de la Cité : la Réserve fédérale des Etats-Unis en position de force
Le 29 septembre, le Bureau of Economic Analysis publiait les chiffres de l’inflation pour le mois d’août 2023. Selon l’indice de référence de la Réserve fédérale des Etats-Unis, le PCE core - excluant les données relatives à l’alimentation et à l’énergie – le niveau d’inflation annuelle de ce mois d’août 2023 atteint 3.88%, son plus bas depuis le mois de mai 2021.
Selon les données de court-moyen terme, l’inflation sur les 6 derniers mois (en termes annualisés) atteint 2.97% (plus bas depuis mars 2021), et 2.16% en 3 mois annualisés (soit le plus bas niveau depuis décembre 2020). De plus, la hausse mensuelle de cet indice a été de 0.14%, soit la plus faible progression depuis le mois de novembre 2020, correspondant à une hausse annualisée de 1.75%, parfaitement conforme aux attentes de la Réserve fédérale.
Ainsi, sur le front de l’inflation, ce sont 3 publications consécutives qui peuvent être considérées comme satisfaisantes pour la Fed, et ce d’autant plus qu’elles « sécurisent » les prévisions des Gouverneurs. En effet, selon les projections d’inflation des Gouverneurs publiées le 20 septembre, l’inflation PCE core devrait atteindre 3.7% sur le dernier trimestre 2023. Or, pour qu’une telle prévision vienne à se réaliser, la PCE core devrait progresser de 0.3% au cours de chacun des 4 prochains mois, tandis que la moyenne des 3 derniers mois n’est que de 0.18%. Cette situation pourrait aboutir à une révision à la baisse des anticipations d’inflation pour cette fin d’année 2023.
Prévisions de croissance revues à la hausse par la Réserve fédérale
Les prévisions de croissance de la Réserve fédérale ont pour leur part été largement révisées à la hausse. Alors que la croissance du PIB pour 2023 était attendue à 0.4% au mois de mars dernier, puis à 1.0% en juin, la prévision de septembre atteint désormais 2.1%. De plus, la croissance 2024 a également été revue à la hausse, passant de 1.1 à 1.5%.
Cette embellie des prévisions relatives à la croissance a été confirmée par la publication du rapport sur l’emploi du mois de septembre : 336 000 emplois ont ainsi été créés alors que les attentes étaient de 170 000. Cette bonne tenue du marché de l’emploi a été accompagnée de révisions à la hausse pour les publications précédentes, en plaçant la moyenne des trois derniers mois à 266 000 emplois créés, un plus haut depuis le mois de mars dernier, ce qui semble indiquer une réaccélération.
Cette forte hausse de l’emploi s’est paradoxalement accompagnée d’un ralentissement de la croissance des revenus perçus par les salariés du secteur privé américain, soit 4.26% de croissance annuelle du salaire horaire moyen, un niveau qui correspond également aux attentes de la Réserve fédérale.
Équilibre entre offre et demande d'emplois aux États-Unis
Le marché de l’emploi américain se caractérise par une croissance de l’emploi mesurée par les «Non Farm Payrolls » de 2.08% sur les douze derniers mois, tandis que la population active a connu une croissance équivalente de 2.01%, soit un résultat bien supérieur à son évolution moyenne entre 2015 et 2019 (0.96%).
Cependant, la force inhabituelle de la croissance du marché de l’emploi peut être considérée comme étant équilibrée, puisque permise par une croissance équivalente de la population active. Cet équilibre entre offre et demande d’emplois permet également d’expliquer une situation de retour à la normale de la progression des salaires malgré une croissance de l’emploi supérieure à ses standards historiques.
L’ensemble des données publiées, conformes aux attentes des Gouverneurs, et démontrant la résilience – pour le moment – de l’économie américaine dans un contexte de baisse de l’inflation, place la Réserve fédérale dans une position d’attente. L’absence de résurgence de l’inflation dans une configuration de croissance supérieure aux attentes ne justifie pas une nouvelle hausse des taux, du point de vue des Gouverneurs.
Tendances contrastées dans la zone euro
Du côté de la zone euro, la baisse de l’inflation a également été plus forte qu’anticipé pour le mois de septembre 2023. Ceci notamment du point de vue de l’inflation « core », qui exclut les chiffres de l’alimentation et de l’énergie. Ainsi, selon l’indice HICPX, l’inflation « core » annuelle atteint 4.45%, 3.43% en 6 mois annualisés (un plus bas depuis le mois de janvier 2022), et 2.93% en rythme 3 mois annualisés (un plus bas depuis le mois d’octobre 2021).
La publication de ces données concernant l’inflation européenne, accompagnée d’autres publications macroéconomiques révélant une dégradation de la situation économique de la zone euro, ont eu pour effet de freiner la teneur des discours des Gouverneurs de la Banque centrale européenne. Désormais, une majorité du Conseil des Gouverneurs semble souhaiter une pause ou une fin du cycle haussier débuté au mois de juin 2022.
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