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Actualités du patrimoine

Franklin Templeton : Attention au changement climatique

24
Feb
2023

Principales conclusions :

- Le monde reste actuellement sur une trajectoire dangereuse et risque de dépasser largement la limite de réchauffement de 2°C définie par l’Accord de Paris de 2015.
- On prévoit un excédent d’émissions de gaz à effet de serre d’environ 25 GtCO2 pour 2030.
- Les entreprises doivent s’attendre à une envolée des risques physiques et des risques de transition liés au changement climatique, mais ce défi nous offre aussi des opportunités uniques.
- Les investisseurs désireux de décarboner leurs portefeuilles et de privilégier les entreprises mieux placées pour gérer les changements nécessaires à la transition vers le net zéro, et pour en tirer éventuellement un avantage, peuvent par exemple se servir d’indices de référence alignés sur Paris1.


« Mind the gap »

« Mind the gap », des milliers de Londoniens qui travaillent dans le quartier des affaires, la « City », entendent ces trois mots chaque matin dans le métro. Ils résonnent dans les haut-parleurs de la gare de Bank Station et d’autres endroits, lorsque les passagers s’apprêtent à descendre de leur train pour se rendre au bureau, et leur rappellent de faire attention à l’écart qui sépare le train du quai. Les accidents sont rares, mais ils peuvent se produire. Mais il existe un écart aux effets bien plus importants dont la menace pèse sur le secteur financier, au Royaume-Uni et ailleurs, et en fait sur l’ensemble de l’économie mondiale.

Cet écart, bien entendu, concerne le changement climatique. Pour éviter les conséquences les plus catastrophiques du réchauffement planétaire, le monde s’est engagé en 2015 à prendre des mesures pour limiter le réchauffement à 1,5°C à 2°C d’ici à 2100 – une promesse codifiée sous la forme d’un traité international appelé l’Accord de Paris. La réalisation des objectifs de Paris suppose de parvenir à des émissions nettes nulles de gaz à effet de serre vers le milieu du siècle, et sans doute même des émissions négatives par la suite2. En chiffres : Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat estime que l’humanité peut se permettre d’émettre encore un peu moins de 400 gigatonnes de CO2 dans l’atmosphère pour atteindre les objectifs de Paris : c’est le « budget d’émissions ». Si l’on divise ce chiffre pour définir un objectif annuel à court terme, cela signifie qu’en 2030, le monde pourrait émettre 33 GtCO2. Avec les politiques menées actuellement, le monde se dirige cependant vers des émissions d’environ 58 GtCO2 en 2030. Cette différence de 25 gigatonnes, soit 43 %, est appelée « écart d’émissions »3.


Pourquoi est-ce important ?

Les chiffres peuvent sembler abstraits, mais leurs conséquences sont bien réelles. La trajectoire actuelle des émissions au niveau mondial nous dirige vers un réchauffement d’environ 2,7°C, et peut-être plus4. L’humanité assiste déjà à une montée du niveau des mers, à des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, à une perte de biodiversité et à d’autres effets néfastes qui ne vont faire que s’empirer. On s’attend à des coûts sociaux économiques énormes en cas de réchauffement supérieur à 2°C. Un rapport publié par Deloitte prévoit un coût de 178 000 milliards de dollars pour l’économie mondiale sur les 50 années à venir si nous ne parvenons pas à limiter le changement climatique5,6. Une pénurie d’eau et de denrées alimentaires et une perte sans précédent de productivité et de possibilités d’emploi pourraient dévaster la vie et les moyens de subsistance de la population.

Pour les entreprises, on distingue actuellement deux catégories de risques liés au climat : les risques physiques et les risques liés à la transition. La première de ces deux catégories est elle-même scindée en deux types de dangers, aigus et chroniques. Les dangers aigus incluent les phénomènes météorologiques tels que les inondations et les sécheresses, tandis que les dangers chroniques proviennent de changements à long terme tels que la montée du niveau des mers. Les principales causes des risques liés à la transition sont les modifications réglementaires comme les augmentations d’impôts ou l’interdiction de certains produits, mais aussi les migrations technologiques et, surtout, l’évolution des comportements des consommateurs et les pressions sociétales. Il va sans dire que tous les secteurs, toutes les entreprises et même toutes les infrastructures ne sont pas exposés de la même manière à ces risques, et présentent donc des niveaux différents de vulnérabilité au changement climatique. Les résultats des entreprises seront affectés de différentes façons, et l’impact sera profond pour l’économie dans son ensemble. Ces effets finiront par se répercuter sur les marchés financiers, et donc sur les rendements pour les investisseurs.

Le changement, source d’opportunité

Les investisseurs doivent tenir compte des risques, mais l’évolution de l’environnement réglementaire et des schémas de consommation créeront aussi des opportunités. Le rapport Global Turning Point de Deloitte prévoit un gain de 43 000 milliards de dollars pour le PIB mondial d’ici à 2070 si les gouvernements facilitent une transition systémique vers le net zéro7.


En 2022, la transition énergétique a reçu un coup de fouet avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui, malheureusement, a renforcé l’argument climatique existant par une urgence géopolitique. L’atténuation du changement climatique et l’adaptation au changement climatique sont coûteuses, mais les avantages secondaires de l’action climatique, comme l’amélioration de la santé publique découlant des modifications de l’alimentation et de l’amélioration de la qualité de l’air compensent sans doute largement ces coûts directs. Compte tenu de changements liés au climat qui pourraient s’élever à 50 % de la croissance de base du PIB mondial dans les scénarios les plus pessimistes, l’argument en faveur de l’atténuation est irréfutable8,9. Et il s’agit là de chiffres globaux : les résultats seront nettement plus variés d’un secteur à l’autre et d’une entreprise à l’autre, créant des gagnants et des perdants incontestables.

Cela ne veut pas dire que le sort d’une entreprise sera exclusivement déterminé par la qualité de sa préparation aux risques climatiques, mais celle-ci sera sans aucun doute un facteur important.

Privilégier les gagnants sans tout miser sur eux

Pour les investisseurs, il est extrêmement difficile de distinguer les gagnants des perdants. Les indices de référence en matière de changement climatique sont un moyen d’aborder la question. En 2020, le Groupe d’experts de l’UE sur la finance durable a publié des lignes directrices sur la création d’indices de référence financiers alignés sur les objectifs de l’Accord de Paris. Les garde-fous des « indices de référence alignés sur Paris » sont notamment la non-éligibilité de certains secteurs, une obligation de réduction des émissions de 50 % par rapport à un indice standard comme le S&P 500 ou le Stoxx Europe 600, un objectif d’auto-décarbonation de 7 % par an et, surtout, la prise en compte de la réalisation des objectifs fondés sur des données scientifiques (science-based targets, SBT) propres à chaque entreprise. Les SBT « offrent une trajectoire clairement définie pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) par les entreprises, ce qui contribuera à empêcher les pires impacts du changement climatique et à assurer aux entreprises une croissance parée pour l’avenir. »10

La Science-Based Targets initiative (SBTi), un partenariat entre le Pacte mondial des Nations Unies, des instituts de recherche et des ONG sans but lucratif, décrit la fixation d’objectifs fondés sur des données scientifiques comme un processus en cinq étapes :

1. Engagement : soumettre un courrier indiquant votre intention de définir un objectif fondé sur des données scientifiques
2. Développement : travailler sur un objectif de réduction des émissions en phase avec les critères de la SBTi
3. Soumission : présenter votre objectif à la SBTi en vue de sa validation officielle
4. Communication : annoncer votre objectif et informer vos parties prenantes
5. Publication : rendre compte des émissions à l’échelle de l’entreprise et suivre les progrès réalisés chaque année

Ce processus garantit la comparabilité et la prise de responsabilités, et permet aux fournisseurs d’indices de structurer leurs indices alignés sur les Accords de Paris de manière à privilégier les entreprises présentant des résultats solides vis-à-vis de la SBTi. Cela permet aux investisseurs d’orienter leurs portefeuilles vers les entreprises potentiellement mieux positionnées pour gérer les changements découlant des risques climatiques, et peut-être même pour en tirer un avantage, tout en maintenant leur diversification au niveau sectoriel comme au niveau des différentes actions. Il ne s’agit pas de tenter de parier sur chaque gagnant et chaque perdant de la transition, mais bien de privilégier et de soutenir une économie mieux préparée à faire face à l’un des plus grands défis de notre histoire.

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