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Analyses de marchés

2024, un contexte toujours aussi favorable à l’obligataire ? Avec Victoire Dubrujeaud (La Française AM), Christophe Roche (Octopus Patrimoine) et Alexis Barrat (Atrioma Gestion Privée)

5
Feb
2024
Victoire Dubrujeaud, Gérante High Yield à La Française AM répond aux questions de Christophe Roche, Octopus Patrimoine et Alexis Barrat, Atrioma Gestion Privée. Quelle est la vision de La Française AM sur le marché obligataire ? Le marché est-il trop optimiste sur la baisse de taux attendue en 2024 ? Quel serait le plus grand risque sur le marché obligataire ?

Vincent TOURAINE : Bonjour à toutes et à tous. Merci d'être avec nous pour ce Face au Marché consacré à La Française AM et à ses stratégies obligataires. Quels sont les fonds phares du gérant dans ce domaine ? Comment sont-ils gérés ? Le contexte est-il toujours favorable à cette classe d'actifs en 2024 ? Notre invitée pour en parler : Victoire Dubrujeaud.
 
Victoire DUBRUJEAUD :  Bonjour.
 
VT : Vous êtes Gérante High Yield à La Française AM. Vous allez être interrogée par nos deux experts, c'est le principe de l'émission. Christophe Roche, bonjour.
 
Christophe ROCHE : Bonjour Vincent.
 
VT : Vous êtes Dirigeant-Fondateur d'Octopus Patrimoine. Bonjour, Alexis Barrat.
 
Alexis BARRAT : Bonjour Vincent.
 
VT : Vous êtes Président-Cofondateur d'Atrioma Gestion Privée. Face au Marché, c'est une émission en trois parties. Nous allons tout d'abord faire un état des lieux du marché obligataire. Quel est l'environnement de taux en ce début 2024 ? Qu'est-ce que ça peut donner sur le restant de l'année ? Nous verrons les stratégies phares de La Française AM en la matière. Comment sont gérés ces fonds ? Enfin, nous nous pencherons sur la pertinence de ces stratégies dans le contexte actuel. Nous verrons aussi quelle peut être la place de ces fonds au sein d'un patrimoine équilibré. Voilà pour le sommaire. Face au Marché, c'est parti !
 
 
 
VT : Quelle est la tendance sur les marchés obligataires en ce début 2024 ? C'est la première partie de ce Face au Marché consacré aux stratégies obligataires de La Française AM avec vous Victoire Dubrujeaud et nos deux experts, Christophe Roche et Alexis Barrat qui vous pose la première question.
 
AB : Le marché ne serait-il pas trop optimiste aujourd'hui sur la baisse de taux attendue en 2024 ?
 
VD : C'est vrai que c'est une grosse question, parce qu'il y a eu un rallye sur les marchés financiers de manière générale en novembre et en décembre de l'année dernière. Les performances sur l'année 2023 ont été assez exceptionnelles et ont surpris beaucoup de gens, les actifs risqués ont surperformé et ce malgré les épisodes Crédit Suisse, les risques de récession, etc. Le marché s'est peut-être un peu emballé sur des chiffres d'inflation qui effectivement montraient que le ralentissement de l'inflation était bien engagé, laissant espérer des baisses de taux rapides début 2024. Nous étions un peu sceptiques. Nous pensions que c'était un peu trop rapide. Cela se voit d'ailleurs en ce début d'année : la volatilité sur les taux reste assez importante, puisqu'il y a beaucoup de facteurs qui price to perfection.
 
VT : Et puis les commentaires des banquiers centraux aussi ont un petit peu...
 
VD : Les commentaires des banquiers centraux fin 2023 étaient passés très dovish, très accommodants. Ensuite il y a eu finalement les conflits, les Yémenites et les Houthis qui attaquent, tout ça c'est inflationniste etc.
 
VT : Donc, on n'en a pas fini avec l'inflation.
 
VD : Je pense qu'il y a un trend désinflationniste qui est engagé, c'est-à-dire que l'inflation va se réduire. En revanche, la question c'est à quelle vitesse va-t-elle retourner à 2 % ? La hausse des taux est finie, maintenant le marché regarde, quand est-ce qu'ils vont commencer à baisser ? Toutes les attentes et toute la volatilité vont être liées à "est-ce qu'il baisse en mars en avril en mai ?" Globalement, nous sommes dans une fin de cycle de resserrement monétaire. Et ce qui va se passer en 2024 c'est plutôt "quand est-ce qu'on amorce la première baisse de taux ? "
 
VT : Vous jugez que les marchés sont allés trop vite.
 
VD : Oui, en fin 2023.
 
VT : Christophe, votre question.
 
CR : Je souhaitais parler de maturité d'obligation. Nous avons connu ce dernier semestre quelque chose d'un peu inédit, c'est-à-dire que les taux courts rémunéraient mieux que les taux longs. Qu'en sera-t-il pour 2024 ? Est-ce que cette tendance, avec justement l'inversion probable de la courbe des taux, va modifier la donne ?
 
VD : Tout dépend du scénario macro. Une inversion de la courbe des taux, en général, c'est un indicateur de récession. On nous indiquait peut-être récession en 2023, nous n'avons pas vu de récession en 2023, donc c'est peut-être une question sur 2024. Le consensus général aujourd'hui et les indicateurs macros de part et d'autre de l'Atlantique ne nous indiquent pas de ralentissement macro très important, donc pas de récession, donc c'est le scénario de soft landing avec une inflation qui baisse. Dans ce contexte, il y aura une pentification de la courbe des taux, c'est-à-dire que les taux courts vont commencer à baisser en ligne avec la baisse des taux engagée par les banquiers centraux. À l'inverse, dans un scénario de récession, nous resterons dans une configuration où les taux courts resteront plus élevés. Pour l'instant, ce n'est pas du tout ce qui est engagé. Nous ne pensons qu'il y aura une récession majeure et qu'il y aura plutôt une repentification de la courbe des taux et donc probablement en 2024, il faudra se poser la question d'aller prendre de la duration sur les marchés, d'aller un peu plus loin sur les maturités.
 
CR : Retour sur du rendement...
 
VD : Un peu plus loin pour être rémunéré. Aujourd'hui on n'est pas rémunéré, mais quand ça viendra, il faudra se poser la question.
 
AB : Vous avez confirmé tout à l'heure que nous avons eu une belle année 2023 en obligataire. L'idée, c'est d'avoir votre vision sur 2024.
 
VD : À La Française, nous sommes plutôt alignés sur le consensus de marché qui est de dire : la macroéconomie mondiale ne va pas déraper, et les banquiers centraux ont fini de monter leur taux. La question du positionnement se posera en 2024 en fonction de quand est-ce qu'ils baissent les taux. Ce qu'il y a de sûr, les consensus, c'est toujours un peu dangereux, donc c'est aussi quelque chose que nous prenons en compte dans nos portefeuilles.
 
VT : Vous disiez quoi de début 2023 ?
 
VD : Début 2023 nous ne disions pas " récession". Je pense qu'il faut distinguer récession et récession, c'est-à-dire que si le PIB baisse de -0,5 % ce n'est pas tellement quelque chose de... je vais dire un game changer, pardon, je fais du franglish, Si cela fait du -2 %, -4 % là, ça change la donne. Nous pensons plutôt que l'Économie va ralentir, ça c'est sûr, mais que cette fois-ci ça va être accompagné par de la baisse de taux. Ce qu'il faut bien avoir en tête c'est que traditionnellement les marchés obligataires sont toujours positifs en fin de cycle de hausse de taux, parce que, quand bien même ce serait une économie pas très porteuse, donc qui ne serait pas très favorable aux primes de risque, aux spreads, qui s'écarteraient, la performance négative liée à l'écartement de ces primes de risque sera, cette fois-ci, compensée par la baisse des taux. Il y a un coussin taux aujourd'hui très important, ce qu'on n'avait pas pendant le Covid et qu'on n'avait pas pendant ces 15 dernières années. Les banquiers centraux ont regagné des marges de manœuvre. IIs ne sont pas là à se poser la question de faire des actions ou pas pour tenir les marchés financiers.
 
VT : Christophe, dernière question dans cette première partie.
 
CR : Au niveau du risque, les marchés obligataires ont très bien fonctionné sur l'année 2023. Beaucoup d'épargnants, d'investisseurs se sont tournés vers cette classe d'actifs pour désensibiliser leur portefeuille au risque. Quel serait le plus grand risque sur le marché obligataire pour 2024 ? Avec toutes ces incertitudes : géopolitiques, inflationnistes...
 
VD : Effectivement ce parcours d'inflation très optimiste aujourd'hui sur le marché peut être perturbé par des conflits ou un retour, peut-être un petit rebond de l'inflation par x ou y facteur. Après je vous dirais un élément de rupture comme le Covid que nous ne pourrions pas anticiper et ce qui n'est pas du tout à mon avis pricé dans le marché, dans les primes de risque c'est effectivement ce risque de récession. Donc, c'est à prendre en compte aussi. Souvent la classe d'actifs obligataire est plutôt un coussin dans les périodes de récession par rapport aux actions.
 
VT : Nous en restons là pour la première partie de ce Face au Marché. Il nous reste du temps, ne vous inquiétez pas. À suivre les stratégies phares de La Française AM dans l'obligataire.

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