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Analyses de marchés

Ofi Invest AM : divergence de politique monétaire entre la Fed et la BCE prend de l’ampleur

18
Apr
2024
Une nouvelle mauvaise surprise haussière sur l’inflation américaine, la troisième d’affilée, accroit la prise en compte dans les marchés d’un scénario de divergence de politique monétaire entre les Etats-Unis et la zone Euro. D’un côté, le taux 10 ans américain a augmenté de 12 points de base pour atteindre 4,52%, un niveau plus vu depuis mi-novembre 2023, et la première baisse de taux de la Fed anticipée par les investisseurs est repoussée de juin à septembre (et une seconde valorisée à 70% de probabilité en décembre).

Une semaine sur les marchés

  • Une nouvelle mauvaise surprise haussière sur l’inflation américaine, la troisième d’affilée, accroit la prise en compte dans les marchés d’un scénario de divergence de politique monétaire entre les Etats-Unis et la zone Euro. D’un côté, le taux 10 ans américain a augmenté de 12 points de base pour atteindre 4,52%, un niveau plus vu depuis mi-novembre 2023, et la première baisse de taux de la Fed anticipée par les investisseurs est repoussée de juin à septembre (et une seconde valorisée à 70% de probabilité en décembre). De l’autre, le taux 10 ans allemand finit la semaine quasi-étale à 2,34%. Christine Lagarde lors de sa conférence de politique monétaire a préparé le terrain pour baisser les taux en juin si les nouvelles données disponibles d’ici là (notamment sur les négociations salariales du premier trimestre, disponibles courant mai) n’entament pas la confiance de la BCE dans le processus de désinflation. Si elle ne s’est pas engagée sur un cycle d’assouplissement monétaire, elle a tout de même affirmé son indépendance vis- à-vis des décisions de la Réserve fédérale (tant que ses décisions n’affectent pas de façon tangible la macroéconomie européenne), et les marchés maintiennent donc leurs anticipations de plus de 3 baisses de taux d’ici la fin de l’année.

  • La singularité américaine a été naturellement favorable au dollar qui atteint lui aussi ses plus hauts depuis novembre 2023, sans doute aidé également par un contexte géopolitique tendu entre Israël et l’Iran, sans extension toutefois à ce stade ce qui maintient le baril de Brent autour des 90$.

  • Notons enfin dans ce contexte de mauvaises nouvelles la relative résilience des marchés actions dont la respiration a été d’ampleur mesurée des deux côtés de l’Atlantique.

Les nouvelles macroéconomiques de la semaine

  • L’inflation américaine a surpris à la hausse pour la troisième fois d’affilée depuis le début d’année. L’inflation totale et l'inflation sous-jacente de mars sortent plus haut que prévu à respectivement 3,5% (après 3,2% en février) et 3,8% (comme en février). L’analyse sectorielle est claire : ce sont les services qui bloquent la désinflation. D’une part, les prix des loyers décélèrent lentement et, d’autre part, les services hors logement réaccélèrent. Au sein de ces services, ce sont les services de transport (très précisément les prix des assurances automobiles (22% de hausse sur un an !), des réparations automobiles) et des services de santé qui accélèrent. Notre interprétation demeure qu’il n’est pas évident de lier ces postes directement à la bonne dynamique de l'économie américaine donc à une inflation de demande. Par ailleurs, les prix à la production ont envoyé un message plus rassurant sur l’inflation des services en mars, ce qui annonce une évolution du déflateur des dépenses de consommation des ménages probablement mieux orientée que l’indice des prix à la consommation. Rappelons en effet qu’en particulier les prix des assurances automobiles et santé qui entrent dans ce déflateur sont issus de leur mesure par les prix à la production.

  • Les autres statistiques américaines de la semaine envoient des signaux mitigés. Les enquêtes auprès des petites entreprises suggèrent comme les positions ouvertes en début de mois une certaine détente du marché du travail, qui devrait être favorable à la modération des salaires donc des prix. Mais les enquêtes auprès des ménages (de l’Université du Michigan) montrent une légère reprise haussière des anticipations d’inflation des ménages à 3,1% à horizon un an.

  • En résumé, la désinflation n'est pas enterrée, mais reste plus progressive et non linéaire. La Fed n'est pas dans l'urgence, elle peut se permettre d'attendre au-delà de juin pour assouplir les taux.

  • En zone Euro, la bonne nouvelle de la semaine concerne le fort rebond de la production industrielle en Allemagne en février, y compris dans les secteurs manufacturiers cycliques comme l’automobile ou la chimie, signe que le creux conjoncturel est probablement enfin passé en Allemagne, ce qui éclaircit les perspectives de rebond tangible pour la zone euro au deuxième trimestre. Les enquêtes de la BCE auprès des banques envoient des signaux mitigés sur la distribution de crédit. Si côté ménages la demande de crédit ne baisse plus, ce n’est pas le cas du côté des entreprises : les banques n’assouplissent pas encore les conditions de crédit et la demande d’investissements demeure faible. 

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