"La financiarisation des œuvres d’art offre de nombreuses opportunités d’investissement" Delphine Brochand (Fin’Art Consulting)

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Fanny Berthon : Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue sur Club Patrimoine pour parler d'un sujet très intéressant et très spécifique, c'est le marché de l'Art, cette nouvelle classe d'actifs, nous en parlons avec Delphine Brochand, Fondatrice de Fin'Art Consulting. Bonjour Delphine.

Delphine Brochand : Bonjour.

FB : Merci beaucoup, Fondatrice de Fin'Art Consulting, Art Wealth Management. Votre société est spécialisée dans l'investissement en art et le conseil en gestion de patrimoine artistique, mais avant d'expliquer votre rôle, nous allons retracer l'histoire du marché de l'art et pourquoi c'est intéressant de diversifier son patrimoine.

DB : L'oeuvre d'art a toujours eu des considérations économiques. Ça faisait déjà l'objet de troc sous l'Antiquité, par la suite ça a été un puissant outil de propagande et de pouvoir et puis un marqueur social très important au 19ème siècle avec la bourgeoisie et la collection qui a été développée. La grande mutation s'est véritablement produite au 20ème siècle dans les années 70, quand il y a eu des records extrêmement importants enregistrés et c'est à ce moment-là que la finance a essayé de s'emparer du marché de l'Art pour le titriser. Jusqu'à aujourd'hui, c'est vrai que les actions en ce sens n'ont pas été forcément concluantes, mais ce qu'il y a de très positif, c'est que ça a permis de pouvoir créer une nouvelle voie celle de l'oeuvre d'art comme actif de patrimoine artistique à part entière.

FB : Pourquoi est-ce intéressant de diversifier son patrimoine avec les oeuvres d'art ?

DB : C'est un investissement passion donc ça permet de joindre l'utile à l'agréable. Il y a une fiscalité très incitative. C'est le seul l'actif patrimonial qui vous permet aujourd'hui d'avoir un forfait de 6,5% lors de la revente en termes de taxation sur la plus-value. Vous pouvez avoir donc une exonération partielle ou totale sur la plus-value. Vous avez des facilités de transmission. Vous avez aussi des avantages fiscaux par les entreprises en cas d'acquisition d'artistes vivants. Vous avez des facilités de financement très intéressantes pour les holding active, mais l'oeuvre d'art, c'est aussi un actif tangible et que ça rassure en période incertaine. C'est la possibilité de pouvoir intégrer le cercle fermé des collectionneurs, et j'ajouterai qu'un avantage très intéressant avec l'oeuvre d'art, c'est aussi de pouvoir trouver l'oeuvre qui vous correspond le plus au terme de sa profonde diversité artistique et aussi de la multiplicité des types de marchés qui fonctionnent différemment en fonction de leur économie. Le marché de la peinture ancienne va fonctionner différemment du  marché de la peinture moderne contemporaine.

FB : Merci pour ces précisions sur le marché de l'art. Quel est le rôle précis d'un gestionnaire de patrimoine artistique que vous êtes au sein de votre cabinet ?

DB : Le gestionnaire de patrimoine artistique s'adresse autant au privé qu'aux entreprises. Il a un rôle avant tout d'accompagnateur. Il accompagne le client ou l'entreprise à tout type de niveau et de besoins liés à l'Art. Donc ces besoins vont se diviser en trois niveaux de services essentiels, l'accompagnement pour les transactions, les acquisitions et les cessions. Concernant toute la partie de gestion, durant la détention sur le long terme, prêt à des expositions, valorisation, arbitrages, etc... et puis un dernier point qui concerne toute la logistique, avec le service d'assurance, de conservation, de transport, de douane pour des exportations-importations étrangères etc...

FB : Très spécifique au marché de l'Art.

DB : Tout à fait. La spécificité du gestionnaire de patrimoine artistique au regard des autres acteurs du marché de l'Art, c'est l'indépendance. C'est la grande force du gestionnaire de patrimoine artistique de pouvoir avoir cette indépendance qui lui permet à la fois d'être marié avec personne en même temps de ne se couper d'aucun marché et donc qui permet aux clients de pouvoir accéder, en tout cas c'est ce que nous essayons de faire, à la meilleure option possible.

FB : Quelles sont les grandes tendances du marché de l'Art ?

DB : Il y a une grande tendance aujourd'hui qui est inévitable et sur laquelle nous ne pouvons pas passer outre, c'est la tendance financière. C'est le souhait de financiariser l'oeuvre d'art, nous y revenons, et ce serait d'ailleurs dans l'intérêt de tous que ça se fasse parce que même si le marché de l'Art a quasiment doublé de volume en quinze ans, ça reste l'équivalent de quatre jours du CAC 40. Donc vous imaginez dans quelle sphère le marché de l'Art pourrait être propulsé si ça intégrait la sphère financière. Nous avons vu encore deux nouvelles tentatives qui sont très louables et intéressantes avec ARTEX, première bourse de l'art européenne sur un tableau de Bacon valorisé à 50M€, divisé en 550 000 parts. C'est la première bourse d'Europe de l'Art. En face de ça, le French Art Fund de Inocap Gestion, le premier fonds d'investissement en Art, donc initiative extrêmement louable. Nous souhaitons que ça réussisse aussi, mais nous ne pouvons nous empêcher d'avoir des points de vigilance notamment quand nous  observons que le Fine Art Fund qui était leader sur ce marché l'année dernière a réorienté 85% de ses activités vers le conseil et le financement. Concernant la tendance de marché global, il y a eu un réajustement de marché ces derniers temps ce que je trouve très sain et très positif parce que ça évite d'avoir trop d'écart spéculatif. Je trouve assez sain d'enrayer ce type d'élan spéculatif et puis en parallèle, ça veut dire qu'il va y avoir de très belles opportunités à saisir.

FB : Nous en reparlons avec vous peut-être prochainement dans ce cas-là.

DB : Avec grand plaisir.

FB : Merci beaucoup Delphine.