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Analyses de marchés

La gestion flexible est-elle de retour ? (Thomas d'Hauteville, La Financière d'Hauteville)

19
Feb
2024
On a tous fait ce rêve en tant qu’investisseur : prendre une partie de la hausse et limiter les pertes à la baisse. En somme, nous voulons bien gagner sans trop perdre.

La vie rêvée

On a tous fait ce rêve en tant qu’investisseur : prendre une partie de la hausse et limiter les pertes à la baisse. En somme, nous voulons bien gagner sans trop perdre. On a tous entendu un ami ou un client dire : « je veux bien gagner tant que je ne perds pas ». Malheureusement, la vie des marchés financiers n’est pas un conte de fée où tout se passe de façon idyllique. Pour « gagner », il faut pouvoir accepter le risque. On lit souvent qu’il n’y a pas de rendement sans risque. Il faut dire que la sensibilité à la perte est bien plus élevée que la sensibilité aux gains. La gestion d’actifs s’est longtemps résumée à la gestion action d’un côté et à la gestion obligataire de l’autre. Et puis une nouvelle venue a fait son apparition, discrètement, en essayant de réunir ces deux mondes et en essayant surtout d’en tirer le meilleur : la gestion flexible.


Comment définir la gestion flexible ?

On peut aussi parler de gestion diversifiée. Il s’agit de fonds multi classes d’actifs (actions, emprunts d’états, obligations d’entreprises, devises, matières premières parfois) et qui ont la capacité de faire évoluer leur allocation (la répartition entre les différentes classes d’actifs) en fonction de leurs vues de marché. Les fonds diversifiés sont eux-mêmes classés en fonction de la part actions que les gérants peuvent détenir. Il y a donc des fonds diversifiés qui ont un SRI 2 et d’autres fonds classés en SRI 6 (Synthetic Risk Indicator).
 

De la théorie à la réalité

Finalement, il semblait évident que réunir deux classes d’actifs (voire plus comme évoqué dans la définition) avec des trajectoires différentes, une corrélation faible, des caractéristiques propres, avec une volatilité forte pour l’une et moindre pour l’autre devait permettre de répondre à cet objectif d’obtenir le meilleur des deux mondes. De nombreux fonds flexibles ont vu le jour au fil des années pour le plus grand bonheur des clients, des sociétés de gestion et des gestionnaires de patrimoine. Tout le monde y trouvait son compte. Et puis la crise financière de 2008 est passée par là et, à de rares exceptions près, la grande majorité de ces fonds diversifiés a souffert plus que de raison… Le réveil a été douloureux. En période de grand stress, le marché ne fait, finalement, plus de différences entre la plupart des classes d’actifs et vend l’ensemble du marché. La crise de 2020 a rappelé qu’en période de capitulation des marchés, la corrélation entre les principales classes d’actifs risquées était très forte. Trop forte pour les investisseurs. A cela s’ajoute le rôle des banques centrales, longtemps discrètes sur les marchés et qui ont pris depuis 2008 un virage interventionniste. En voulant relancer l’économie, les banques centrales ont poussé les taux à des niveaux jamais vus et même jamais envisagés. Le rêve est devenu cauchemar.

Vous me direz alors pourquoi parle-t-on de retour de la gestion flexible ? Sa chance n’est-elle pas passée ? Pourquoi maintenant ?

Performances des différentes classes d'actifs en 2022 :


Il ne vous aura pas échappé que l’année 2022 a été une annus horribilis sur les marchés financiers et qu’une classe d’actifs aura été particulièrement touchée : les obligations. La remontée des taux à marche forcée par les banques centrales aura été douloureuse pour les obligations mais aura eu un « mérite » : celui de les faire revenir à des niveaux de rendement à nouveau intéressants pour les gérants et les investisseurs. Nous voilà dans une position nettement plus confortable qu’il y a quelques mois. Le moteur obligataire a ainsi retrouvé sa place et son attrait dans la gestion flexible expliquant le retour en grâce de cette dernière. Il n’existe pas de produits miracles pour les investisseurs. En revanche le momentum pour décider d’investir sur tel ou tel type de fonds a son importance. Il semblerait donc que le momentum indiquant le retour en grâce de la gestion flexible soit arrivé. L’année 2024 avec son lot d’incertitudes sera un bon test et peut être la dernière chance pour la gestion flexible pour s’imposer définitivement dans le paysage de la gestion d’actifs.

>> Voir les autres publications de Thomas d'Hauteville

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