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Analyses de marchés

Les obligations corporate impactées par le report des baisses de taux (Anaxis AM)

22
May
2024
Les conditions économiques en Europe deviennent de plus en plus propices à un assouplissement progressif des politiques monétaires.

En Europe : inflation maîtrisée et rebond de la croissance

Les chiffres de l’inflation ont été conformes ou inférieurs aux prévisions, y compris au Royaume-Uni, tandis que ceux de la croissance se révèlent relativement bas. Toutefois, la croissance en zone euro a été plus élevée que prévu au 1er trimestre 2024, sous l'impulsion de l’Allemagne, ce qui constitue un fait encourageant. La baisse des prix de l'énergie, le ralentissement plus global de l'inflation, la hausse des salaires réels et la perspective d'une réduction des taux d'intérêt ont contribué à relancer l'activité après une année 2023 en demi-teinte, au cours de laquelle la région n'a connu qu'un seul trimestre de croissance.

Les rendements des obligations souveraines ont augmenté en Europe au cours du mois, bien que le mouvement n’ait pas été aussi significatif qu'aux États-Unis. Les Bund à 7-10 ans ont terminé le mois à 2,43%. Côté crédit corporate, les obligations européennes à Haut Rendement sont restées globalement stables. Les performances ont en revanche été négatives sur l’Investment Grade (-1.02%). Les obligations de meilleure qualité ont en effet été plus sensibles à la hausse des rendements des obligations souveraines et le modeste resserrement des spreads n’a pas suffi à compenser l’impact de ces mouvements des taux. La vigueur persistante de l'économie mondiale a contribué à l'augmentation des émissions de nouvelles obligations d'entreprises, en particulier aux États-Unis, mais l’Europe a également vu son volume augmenter au cours du mois d’avril. Le rendement de l’indice corporate européen s’établit en fin de mois à 6,19%.

Aux États-Unis : résilience économique

Aux Etats-Unis, la résilience de l’économie et la récente série de chiffres d'inflation plus élevés que prévu continuent de décontenancer les marchés. Les anticipations concernant la première baisse des taux d'intérêt de la Fed ont dû être reculées à plus tard dans l’année. Les consommateurs américains maintiennent leurs dépenses et les entreprises continuent à embaucher et à investir. Ces facteurs devraient donc continuer à soutenir l’activité dans les mois à venir. Le report potentiel des premières baisses de taux et les tensions géopolitiques persistantes au Moyen-Orient ont entraîné un nouveau renforcement du dollar américain, compte tenu de son caractère de valeur refuge. Malgré les incertitudes géopolitiques, le prix du pétrole a quant à lui corrigé de plus de 2% en avril. Enfin, la période de publication des résultats pour le 1er trimestre 2024 se révèle dans l’ensemble positive pour les entreprises. Globalement, ces résultats sont meilleurs qu’attendu et offrent de bonnes perspectives quant à la croissance de l’activité commerciale.
Les marchés financiers américains ont enregistré des performances négatives au mois d’avril. La combinaison de l’inflation persistante, de la résilience du marché du travail et des commentaires moins accommodants de la Fed a entraîné une forte hausse des rendements du Trésor américain. Le rendement à 5 ans a augmenté de 50 points de base en avril, représentant la plus forte variation sur la courbe. Le rendement pour la fourchette 7-10 ans a clôturé le mois à 4,50%, en hausse significative. Les obligations corporate ont chuté en sympathie avec la hausse de ces rendements souverains, qui a exercé une pression sur les prix. Parallèlement, les spreads de crédit sont restés relativement stables tant pour l’Investment Grade que le Haut Rendement. L’Investment Grade a en conséquence davantage souffert sur le mois (-2,54% contre -0,94% pour le Haut Rendement). Le rendement de l’indice corporate américain s’établit en fin de mois à 7,90%.

Dans les pays émergents : stabilité et assouplissement monétaire

Dans les pays émergents, les principales banques centrales semblent parvenir à un atterrissage économique en douceur, grâce à un affaiblissement global de l'inflation et une détérioration très limitée de l’activité, sans récession ni coût significatif pour l’emploi. Ces tendances positives pourraient inciter les dirigeants à passer d'une politique monétaire attentiste à des réductions potentiellement agressives de taux d'intérêt en 2024. L'or a connu une troisième hausse mensuelle consécutive, à +3%, et enregistre ainsi un nouveau record historique. Cela est notamment dû à la forte demande des banques centrales émergentes, en particulier celles de la Chine, de la Russie, de la Turquie et de l’Inde. Les incertitudes géopolitiques redonnent au métal jaune son rôle historique de valeur refuge.
Le mois d'avril a été marqué sur les marchés obligataires émergents par un renversement de la tendance qui a dominé le 1er trimestre 2024. La dette d’entreprise sur la zone a ainsi reculé, notamment sous l’effet de la hausse des taux américains. L’Investment Grade a connu la correction la plus forte (-2.29%), tandis que la baisse sur les émetteurs à Haut Rendement a été plus contenue (-0.62%). En termes de nouvelles émissions, l’activité sur le marché primaire a été relativement faible par rapport aux niveaux historiques, malgré un regain au cours de la dernière semaine d’avril. Le rendement de l’indice émergent termine le mois à 8,98%.

Les entreprises en vue

Itelyum Group (EU)


Itelyum Group, le plus grand acteur italien dans les secteurs de la régénération des huiles et de la purification des solvants usagés, a publié ses résultats pour l'exercice 2023. Malgré les conditions macroéconomiques difficiles de ces deux dernières années, Itelyum a été en mesure d'augmenter son volume de déchets traités (+1% par rapport aux niveaux de l'exercice 2021), son chiffre d’affaires pro forma (+12%) et son EBITDA ajusté (+11%). Pour l'exercice 2023, les liquidités totales s'élevaient à 149 millions d'euros, que l'entreprise devrait utiliser pour financer des fusions et acquisitions. Le management prévoit que les conditions macroéconomiques se montrent favorables en 2024 et au-delà et profitent à Itelyum. La société devrait procéder à un refinancement obligataire en 2025.


Adient (US)


Adient, fournisseur américain de sièges automobiles, a mené à bien ses activités de réduction des coûts et de restructuration dans un environnement difficile (grève de l'UAW, problèmes de chaîne d'approvisionnement). La société a réduit sa dette et étendu ses échéances de manière significative (ventes d'actifs, TLB prolongé de 2028 à 2031), tout en maintenant des niveaux de liquidité élevés. La situation financière reste saine, avec un effet de levier cible de 1,5-2x. Adient est une entreprise dont la cote de crédit ne cesse de s'améliorer, ce qui lui a récemment valu un rehaussement de notation par S&P (BBB) et Moody's (Ba2).


Total Play Telecom (EM)


Total Play Telecom, le fournisseur de fibre optique mexicain, a réalisé un refinancement important de ses échéances à court terme. La société a publié également des résultats solides pour le 1er trimestre 2024. Dans le détail, la société a mené avec succès une offre publique d'échange pour la majeure partie du capital restant dû au titre de ses obligations 2025 en de nouvelles obligations garanties de premier rang à échéance 2028. Selon le management, le réseau de fibre optique non grevé est estimé à 2,6-3,5 milliards de dollars, ce qui laisse une certaine marge de manœuvre pour de nouveaux renforcements de liquidités, si nécessaire. Au cours du 1er trimestre 2024, Total Play a enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 13%, grâce aux segments résidentiel et commercial, tandis que l'EBITDA a augmenté de 12%. Enfin, la société a réitéré ses précédentes prévisions pour 2024 avec un chiffre d'affaires entre 43 et 45 milliards de pesos mexicains, une marge d'EBITDA de 44% à 46%, et des dépenses d’investissements entre 12,5 et 13,5 milliards de pesos.

Les événements macro-économiques

Zone Euro

L'économie a rebondi pour atteindre une croissance de 0,3% au 1er trimestre 2024, soit le taux de croissance le plus élevé depuis le 3e trimestre 2022. Ce chiffre dépasse les attentes du marché qui tablait sur une expansion marginale de 0,1%. Ce rebond a donné à la BCE une marge de manœuvre supplémentaire en termes de politique monétaire si les pressions inflationnistes s'avéraient plus tenaces que prévu. Parmi les plus grandes économies du bloc monétaire, les PIB allemand et français ont augmenté de 0,2%, tandis que celui de l'Italie a progressé de 0,3% et celui de l'Espagne de 0,7%, tous au-dessus des estimations.

Allemagne

L’indice PMI composite a atteint 50,6 en avril, contre 47,7 le mois précédent, au-dessus des attentes du marché de 48,6. Il s'agit du premier mois d'expansion de l'activité du secteur privé allemand après neuf contractions consécutives. Ce chiffre laisse espérer que la reprise dans la plus grande économie de la zone euro est enfin en route, après une récession modérée l'année dernière.


France

L'indicateur de confiance des consommateurs est tombé à 90 en avril, en légère baisse par rapport aux 91 du mois de mars et aux prévisions du marché de 92. Les consommateurs sont plus pessimistes en ce qui concerne les perspectives d'évolution du niveau de vie et de leur situation financière. Cependant, les craintes liées au chômage diminuent et l'inflation future est attendue plus faible par les ménages.

Etats-Unis

Le marché de l’emploi a décéléré en avril. 175 000 emplois ont ainsi été créés, contre 315 000 en mars, et en deçà des attentes du marché de 243 000. Le taux de chômage a légèrement augmenté à 3,9% contre 3,8% le mois précédent, alors que les prévisions tablaient sur un taux de chômage stable.


Chine

Le secteur manufacturier et les services sont restées en zone d’expansion en avril. Le PMI manufacturier Caixin a notamment augmenté à 51,4 en avril, contre 51,1 le mois précédent, dépassant les estimations de 51. Il s'agit du sixième mois consécutif de croissance de l'activité industrielle et du rythme le plus rapide depuis février 2023.


Israël

S&P a abaissé sa note de crédit souverain à long terme de AA- à A+ et a maintenu ses perspectives négatives. L'intensification récente des tensions avec l'Iran augmente des risques géopolitiques déjà élevés pour Israël. L'agence a noté que les confrontations entre le pays et le Hamas ainsi que le Hezbollah devraient se poursuivre tout au long de l'année 2024, ce qui contraste avec son hypothèse précédente selon laquelle l'activité militaire ne durerait pas plus de six mois.


Chili

La banque centrale a réduit son taux d'intérêt de référence de 75 points de base à 6,5% en avril, conformément aux attentes du marché. Elle a pris acte du recul de l'inflation globale, tout en soulignant les risques associés à l'augmentation des coûts. La politique monétaire de la FED, et notamment sa décision de repousser les premières baisses de taux américains, reste cependant un facteur majeur pour les marchés chiliens.

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