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Fonds

Quelle place pour les fonds obligataires dans une allocation ? Avec Victoire Dubrujeaud (La Française AM), Christophe Roche (Octopus Patrimoine) et Alexis Barrat (Atrioma Gestion Privée)

7
Feb
2024
Victoire Dubrujeaud, Gérante High Yield à La Française AM répond aux questions de Christophe Roche, Octopus Patrimoine et Alexis Barrat, Atrioma Gestion Privée. Quel comportement pour les fonds obligataires en cas de baisse des taux ? Quelles performances attendre de ce type de fonds ? Quid de l’augmentation des taux de défaut ?

VT : La troisième partie de ce Face au Marché consacré à La Française AM, à ses stratégies dans l'obligataire. Quelle performance pouvons-nous en attendre cette année ? Quelle place pour ces fonds dans un patrimoine équilibré ? Notre invitée, Victoire Dubrujeaud, interrogée par nos deux experts, Christophe Roche et Alexis Barrat, qui vous pose la première question de cette troisième partie.
 
CR : Victoire, quel serait l'impact d'une baisse de taux sur La Française Rendement Global 2028 ?
 
VD : Dans un premier temps positif puisque la sensibilité du fonds est assez importante vu l'horizon d'investissement. Donc nous allons bénéficier de cet effet duration qui jouera positivement.
 
AB : Il n'y a pas de risque de remboursement anticipé ?
 
VD : Cela peut accélérer les remboursements anticipés de certaines obligations. Une partie des obligations peut être rappelée en 2024. Néanmoins, quand bien même les taux baisseront, c'est le niveau où ils baisseront par rapport au coupon existant de l'émetteur sur telle ou telle obligation. Ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est que l'émetteur va réémettre que s'il peut prendre un coupon plus faible. Donc quand il a émis un coupon à 2, quand les taux sont à 0, si demain les taux baissent mais restent positifs, l'incentive de venir refinancer ne sera pas forcément là. Mais c'est quelque chose que nous avons en tête. Aujourd'hui, la probabilité de rappel anticipé dans le fonds reste assez faible au vu des niveaux de taux qui restent importants et qui même demain avec une ou deux baisses resteront proportionnellement beaucoup plus importants.
 
VT : Quel est le rendement que vous prévoyez à échéance 2028 sur La Française Rendement Global 2028 ?
 
VD : 5,7 % en rendement au pire, net du coût du change mais brut des frais de gestion.
 
VT : Christophe Roche.
 
CR : Une question pratique : nous faisons une allocation d'actifs aujourd'hui pour un client avec un profil équilibré. Quelle proportion vous nous préconisez pour mettre La Française Rendement Global 2028 au sein de ce portefeuille ?
 
VD : De toutes les manières, et ça n'est que mon avis, l'année va encore être assez volatile donc il faut rester flexible dans ses allocations. Il faut avoir un peu de cash, il faut avoir un peu de portage sur l'Investment Grade, du crédit, un peu d'actions, peut-être un peu d'or. Le High Yield, ça fait toujours un peu peur puisque c'est une classe d'actifs assez dépendante de la macro comme les actions, néanmoins je pense qu'il y a tout à fait sa place du fait du portage qui aujourd'hui est très intéressant. Donc je dirais entre 5 et 10 % sur une allocation, ça me paraît tout à fait raisonnable et équilibré pour un client.
 
VT : Alexis. Nous parlions des risques justement...
 
AB : La dette coûtant plus cher aux entreprises aujourd'hui, n'y a-t-il pas un risque d'une forte augmentation de défauts dans les prochains mois et années ?
 
VD : Vous avez raison. Les défauts, c'est un vrai sujet. Ils sont en augmentation sur 2023 par rapport à 2022. Néanmoins, ils restent sur des niveaux très faibles puisqu'ils sont autour de 2 %. Nous vivions avec des défauts quasi à zéro. Ce qu'il faut avoir en tête c'est que ces taux de défaut vont continuer à augmenter mais nous n'anticipons pas d'explosion des taux de défaut, parce que ce relèvement de taux, intervient après une crise Covid où finalement les entreprises ont reçu du cash à ne plus savoir quoi en faire des PGE, même quand ils n'en avaient pas besoin. Ça coûtait zéro, donc ils l'ont pris. 2021, réouverture et une partie de 2022 : profit record, génération de cash, donc pareil, les bilans sont extrêmement sains, donc pas besoin de revenir refinancer puisqu'ils avaient déjà tout refinancé en 2021 et beaucoup de cash. Donc, il va y avoir des défauts mais ça va être graduel, ça va probablement piquer autour de 5%. Nous allons avoir un cycle de défauts qui sera probablement beaucoup plus plat mais long dans le temps, c'est-à-dire que si le taux des banquier centraux maintenant est positif, vos taux normalisés de défaut ne vont plus être à 1 ou 2, ils vont être un tout petit peu plus élevé. Et c'est notre travail de sélectionner les entreprises qui sont en risque.
 
CR : Au niveau des secteurs d'activité vous parliez de manière générale au niveau des taux de défaut, mais je pense que vous privilégiez et des secteurs géographiques et des secteurs d'activité dans votre analyse de risque.
 
VD : Oui. Nous avons un fonds qui peut opérer partout dans le monde, c'est pour ça que ça s'appelle Global d'ailleurs. Aujourd'hui, nous avons une exposition assez importante à l'Europe pour deux raisons : en termes de valorisation, l'Europe par rapport aux États-Unis est beaucoup plus intéressante parce que la macro était moins sympathique qu'aux États-Unis. Donc les primes de risque ont moins rallié. Et deuxièmement, parce que le secteur bancaire aujourd'hui traite avec une prime par rapport aux entreprises, prime qui est plus ou moins en ligne avec ce qu'il y avait pendant la crise souveraine et prime qui nous paraît non justifiée étant donné la solidité du système bancaire quand bien même il y a eu les épisodes Crédit Suisse et des banques régionales américaines. Et donc pour la première fois, nous avons rentré, dans un fonds High Yield, des banques avec des coupons High Yield. Nous avons des banques qui nous émettent des obligations senior preferred, donc le plus haut dans la structure du capital, ce qui n'a jamais fait défaut historiquement.
 
VT : Donc surtout des banques européennes ?
 
VD : Nous préférons les banques européennes. Ce sont souvent des banques espagnoles ou portugaises. Nous avons Banco Commercial Português, Intesa dans La Française Rendement Global 2028 +.
 
VT : Quels sont les plus gros émetteurs dans vos portefeuilles ?
 
VD : Dans le fonds, ce sont souvent des émetteurs connus : Loxam que nous aimons beaucoup. C'est un crédit que nous suivons depuis très longtemps. Il y a du telecom comme Virgin Media. Nous avions du Ford qui a été upgradé en Investment Grade, probablement qu'il y a un peu moins d'intérêt, donc peut-être que nous le réduirons, mais ça faisait partie de nos grosses poses, sachant que l'important dans notre fonds, c'est d'être extrêmement diversifié, donc nous n'aurons pas 5 % d'une pose. Vous ne verrez pas 5 % sur un nom, un ticket en particulier.
 
VT : Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup d'avoir participé à cette édition Victoire Dubrujeaud, Gérante de portefeuille High Yield à la Française AM et merci à nos deux experts Alexis Barrat, Atrioma Gestion Privée et Christophe Roche d'Octopus Patrimoine. Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis. À très bientôt pour une nouvelle émission.

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