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Fonds

La gestion passive à la place de la gestion active, vraiment ? Franck Fargerelle (Cheval Blanc Patrimoine)

8
Nov
2023

Cette mise en opposition est désormais au cœur des débats dans l’univers de la gestion de patrimoine, d’autant plus que le Covid n’a fait qu’accentuer une typologie d’investisseur qui se définit comme autonome et à la recherche du moindre coût. Néanmoins et j’essaye d’ailleurs de partager ma compréhension de cette opposition avec les clients que j’accompagne ; au-delà de l’intérêt financier pur qui est uniquement la recherche d’une économie de coûts, quel sens pouvons-nous donner à la gestion passive versus celui de la gestion active dans notre écosystème ?
 

Tentons de définir avant tout le périmètre de chacun de ces types de gestion ou plus précisément, des supports qui peuvent les composer :
 
- La gestion passive englobe les véhicules d’investissement visant à reproduire strictement le comportement d’un indice boursier. En l’occurrence les ETF (Exchange Traded Fund) qui sont disponibles au sein des comptes-titres, PEA, Assurance vie et PER. La gestion passive suivra les mouvements de marchés, à la hausse comme à la baisse des indices sous-jacents et n’aura en aucun cas la possibilité de « battre le marché ».
 
- La gestion active regroupe l’ensemble des autres véhicules d’investissement qui, à travers un Organisme de Placement Collectif en Valeur Mobilière (OPCVM = SICAV + FCP) s’en remettra à une société de gestion et à un gérant afin de déléguer totalement la gestion à travers une stratégie de gestion définie au préalable. L’objectif de la gestion active est de battre l’indice de référence (autrement appelé le Benchmark) et ainsi de générer de l’alpha.
 
Mais c’est surtout au niveau des frais que se creuse le fossé entre ces deux types de gestion puisque la moyenne des frais annuels de gestion des ETF est de 0,37% tandis que sur des fonds (diversifiés et fonds actions) elle se situe autour de 1,5%. Autant dire que ceci peut avoir en effet un impact sur la performance à long terme pour l’épargnant si le fonds ne délivre pas une performance supérieure à l’indice.  De plus, Tous les indices ne se ressemblent pas et certains ont leurs propres spécificités. Prenons le CAC 40 par exemple qui regroupe les 40 plus grosses sociétés cotées à la bourse de Paris, il est composé pour moitié du secteur du luxe et de l’industrie (dont LVMH qui pèse 15% de l’indice). Donc il est légitime de se demander si déléguer la gestion fait du sens puisque pour battre l’indice, il faudra prendre des paris forts sur des secteurs sous représentés dans celui-ci. Ou encore l’indice phare Américain, le S&P 500 qui est le marché le plus efficient au monde et qui n’est battu que par seulement 10% des gérants actifs sur une période de 10 ans !
 
Il est donc tout à fait légitime de s’intéresser à la gestion passive dans ces cas de figure puisque cela fait sens & intérêt pour nos clients, cependant, un ETF sera limité quoi qu’il arrive à son sous-jacent, qu’il soit pur ou composite (créé par la société de gestion qui va gérer l’ETF afin de proposer à l’épargnant sa propre sélection de valeurs sur une thématique donnée, par exemple un ETF sur les banques ou sur les nouvelles énergies). Ce véhicule sera également restreint au style de gestion et ne pourra en aucun cas vous proposer une stratégie long-short ou de performance absolue qui, en phase de baisse des marchés, prendra tout son sens dans une allocation diversifiée afin de protéger les intérêts des investisseurs.
 
Maintenant que nous avons grossièrement détaillé les principales différences de ces deux modes de gestion, je vais vous proposer une lecture personnelle de cet antagonisme en essayant de faire un pas de côté dans ce débat. Étant amateur de vin (et de toutes autres bonnes choses que nous offre le trésor gastronomique Français), je pense avoir les connaissances suffisantes pour éviter de payer un intermédiaire en commandant seul mes bouteilles sur internet cependant, je continue à aller acheter du vin chez le caviste car je suis également à la recherche de conseil, de nouveautés, de service, et surtout de relation... Tout a ceci à un prix et tant mieux, je suis pour que l’argent circule ! Peut-être que ce cher caviste parlera de moi à de potentiels investisseurs, voir même me faire confiance pour optimiser sa trésorerie d’entreprise ou gérer son patrimoine (que j’aurai d’ailleurs aidé à développer en tant que client). Vous vous demandez quel rapport avec la gestion active ?
 

En voici trois :
 
1/ Tout d’abord le lien que nous avons construit avec les sociétés de gestion active depuis tant d’années déjà qui est un des piliers de notre univers car certes, elles gagnent de l’argent grâce aux frais de gestion des fonds et tant mieux car elles nous permettent également de nous professionnaliser toujours un peu plus avec ce qu’elles réinjectent dans le monde de la gestion de patrimoine. Quelques exemples ? Qui finance Patrimonia ? Qui nous permet d’avoir accès à des formations validantes de qualité aux cotés de nos partenaires assureurs et/ou plateformes ? Qui nous abreuve de lecture, d’analyse, d’intervention macro ou micro économique sur les différents marchés ? Qui nous met à disposition des outils, de l’aide, un accompagnement quotidien à destination de nos clients finaux investisseurs et dans le but de faire grossir encore et toujours nos encours ? Qui réponds à nos besoins par leur présence sans faille ? Les asset managers.
 
2/ Ensuite l’écosystème que cela alimente et qui se conjugue même avec l’intérêt des investisseurs finaux. Reprenons cet exemple de Patrimonia qui j’espère va parler au plus grand nombre. Avons-nous conscience de l’impact économique de cet évènement pour certains acteurs de la ville de Lyon ? Les taxis, les restaurants, les traiteurs etc… Saviez-vous que c’est la plus grosse soirée de l’année pour le F&K (Le First pour les anciens comme moi), pensez-vous que les employés de cet endroit préfèreraient économiser 0,X % de la performance de leurs placements et voir disparaître cette soirée ?
Cet argument est valable pour l’ensemble des manifestions, des déjeuners, des déplacements des réunions que nos partenaires assureurs et sociétés de gestion organisent pour nous et nos clients finaux tout au long de l’année et qui font vivre l’ensemble des protagonistes.
 
3/ Pour finir parlons des modèles économiques de la Gestion de Patrimoine. Certains ont fait le choix de facturer des honoraires (de conseils, d’accompagnement, de surperformance) et je comprends bien sur ce changement de modèle afin de se prémunir d’une éventuelle disparation de la rémunération sur encours (qui va de pair avec la disparition de ce service pour une segment d’investisseurs moins fortunés). Néanmoins beaucoup d’autres Conseillers en Gestion de Patrimoine d’acteurs sont encore rémunérés sur les frais gestion (dont nous) qui nous permettent ainsi de payer les charges fixes grandissantes de notre métier. Je n’ai d’ailleurs aucun souci à expliquer à nos clients que la charge réglementaire a un coût, autant que mon expertise et mon entière disponibilité et que l’équilibre économique de notre cabinet dépends aussi des frais de gestion. De plus la valorisation et la revente des actifs d’un cabinet est calculée sur un multiple de rémunération sur encours (comme sur d’autres critères) et que la gestion active participe à la préparation de notre retraite en tant qu’indépendants.
 
Bien sûr, je grossis le trait de mes arguments et tout ceci est discutable, néanmoins, en tant qu’acteur important de cet écosystème, je pense que nous avons une responsabilité dans l’équilibre de celui-ci. Il me semble donc injuste aujourd’hui, après tant d’années, de tourner le dos à l’ensemble de nos fournisseurs Asset Manager de la gestion active en privilégiant un ou deux gros acteurs de la gestion passive et de suivre le sens du vent de l’économie au détriment de celui du service. Même si j’ai bien conscience que les frais de gestion sont supportés principalement par l’investisseur final et que si l’on regarde une problématique patrimoniale uniquement par la lorgnette de la performance, la gestion passive a des arguments de poids. La recherche perpétuelle du moins cher est, je pense, néfaste pour un éco système et surtout pour le nôtre, nous avons d’ailleurs en France à travers le Luxe un excellent exemple de réussite qui nous rappelle que le savoir-faire, la qualité et le service sont des valeurs qui perdurent dans le temps, bien plus que le prix.

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