Lecornu 2 : regain de popularité, législatives et recomposition

Lecornu 2 : un regain de popularité confirmé par le baromètre Ipsos-BVA
Le mois d’octobre 2025 s’ouvre sur une période de recomposition politique en France, marquée par la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, la formation d’un nouveau gouvernement et la tenue de deux élections législatives partielles. Ce contexte intervient dans un climat économique et social tendu, sur fond de débat budgétaire et d’incertitude politique.
La popularité du Premier ministre progresse nettement, tandis que les équilibres à l’Assemblée nationale demeurent inchangés.Selon le baromètre politique Ipsos-BVA pour La Tribune Dimanche et le Cesi, publié le 12 octobre 2025, Sébastien Lecornu gagne 11 points de popularité. Le Premier ministre atteint 27 % d’opinions favorables, tandis que 55 % des personnes interrogées déclarent un avis défavorable.
Cette progression intervient à la veille de sa reconduction officielle à Matignon, annoncée le 10 octobre. Emmanuel Macron enregistre une légère hausse, à 19 % d’opinions favorables (+2 points sur un mois).
Le baromètre souligne en parallèle le recul des principales figures du centre et de la droite. Bruno Retailleau, Édouard Philippe, Gabriel Attal et Gérald Darmanin perdent plusieurs points de satisfaction. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire recule à 20 %, contre 27 % un mois plus tôt, et Édouard Philippe passe de 32 % à 22 %.
À l’inverse, les dirigeants du Rassemblement national progressent. Jordan Bardella atteint 42 % de bonnes opinions (+11 points), Marine Le Pen 35 % (+10 points) et Marion Maréchal 24 %. Enfin, 88 % des Français considèrent la situation économique préoccupante.
Des élections législatives partielles sans modification des équilibres
Deux élections législatives partielles ont eu lieu le 12 octobre 2025.
Dans la 1ʳᵉ circonscription du Tarn-et-Garonne, Pierre-Henri Carbonnel (UDR-Rassemblement national) a été élu avec un peu plus de 52 % des suffrages, succédant à Brigitte Barèges, déclarée inéligible.
Dans la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger, Nathalie Coggia (Renaissance) a également été élue, remplaçant Stéphane Vojetta, lui aussi rendu inéligible.
Ces deux scrutins n’ont pas modifié la composition de l’Assemblée nationale, les sièges restant aux mêmes formations politiques. La participation est restée faible, marquée par un taux d’abstention supérieur à 60 %.
La composition du nouveau gouvernement Lecornu 2
Le 12 octobre 2025, le site officiel info.gouv.fr a publié la composition complète du gouvernement sur proposition du Premier ministre.
Ministres :
Laurent Nuñez (Intérieur), Catherine Vautrin (Armées et Anciens combattants), Jean-Pierre Farandou (Travail et Solidarités), Monique Barbut (Transition écologique), Gérald Darmanin (Justice), Roland Lescure (Économie, Finances et Souveraineté industrielle, énergétique et numérique), Serge Papin (PME, Commerce, Artisanat, Tourisme et Pouvoir d’achat), Annie Genevard (Agriculture et Souveraineté alimentaire), Édouard Geffray (Éducation nationale), Jean-Noël Barrot (Europe et Affaires étrangères), Rachida Dati (Culture), Stéphanie Rist (Santé, Familles, Autonomie et Personnes handicapées), Naïma Moutchou (Outre-mer), Françoise Gatel (Aménagement du territoire et Décentralisation), Amélie de Montchalin (Action et Comptes publics), Philippe Baptiste (Enseignement supérieur, Recherche et Espace), Marina Ferrari (Sports, Jeunesse et Vie associative), Philippe Tabarot (Transports), Vincent Jeanbrun (Ville et Logement).
Ministres délégués et secrétaires d’État :
Laurent Panifous (Relations avec le Parlement), Maud Brégeon (porte-parole du gouvernement), Aurore Bergé (Égalité femmes-hommes et lutte contre les discriminations), Marie-Pierre Vedrenne (Intérieur), Alice Rufo (Armées), Catherine Chabaud (Mer et Pêche), Mathieu Lefevre (Transition écologique), Sébastien Martin (Industrie), Anne Le Henanff (Intelligence artificielle et Numérique), Benjamin Haddad (Europe), Nicolas Forissier (Commerce extérieur), Éléonore Caroit (Francophonie), Charlotte Parmentier-Lecocq (Santé), Michel Fournier (Aménagement du territoire) et David Amiel (Fonction publique et Réforme de l’État).
Le décret de nomination a été publié le dimanche 12 octobre 2025. Le premier Conseil des ministres se tiendra le mardi 14 octobre à 10 heures.
Présentation du budget 2026 et calendrier institutionnel
Le Premier ministre doit présenter le projet de loi de finances pour 2026 lors du Conseil des ministres du 15 octobre. Ce texte s’inscrit dans la continuité du plan de redressement budgétaire évoqué à l’été.
Un discours de politique générale est également attendu devant l’Assemblée nationale, au cours de la même semaine.
Sources : Ipsos, Le Monde, Les Échos, Info.gouv.fr
Retour sur la situation du 6 octobre 2025 : Un gouvernement record de brièveté et une situation institutionnelle inédite
La démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, intervenue ce lundi 6 octobre, marque un épisode sans précédent sous la Ve République. Le gouvernement, installé depuis moins de quinze heures, devient le plus éphémère de l’histoire contemporaine. Le décret de nomination, paru au Journal officiel la veille, confirme pourtant qu’il s’agit bien de l’équipe chargée d’assurer les affaires courantes en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.
Cette configuration, dépourvue de précédent, illustre les limites du cadre institutionnel français. Aucun texte ne définit précisément les pouvoirs d’un gouvernement démissionnaire. Les ministres conservent la possibilité d’appliquer les lois déjà votées, mais ne peuvent soumettre de nouveaux projets de loi, ni réunir de Conseil des ministres. La continuité de l’État repose donc sur un dispositif minimal, encadré par la Constitution, qui maintient le fonctionnement administratif sans véritable action politique.
Les anciens ministres privés d’indemnités et d’avantages
Les membres du gouvernement Lecornu ne bénéficieront d’aucune indemnité de départ. Habituellement, les ministres perçoivent une rémunération équivalente à leur traitement mensuel — entre 9 440 et 10 600 euros pour un ministre, jusqu’à 15 140 euros pour le Premier ministre — pendant trois mois après leur départ. Deux conditions légales sont nécessaires : ne pas exercer d’activité rémunérée et avoir déposé une déclaration complète de patrimoine auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.
En raison de la brièveté exceptionnelle de leur passage au gouvernement, ces formalités n’ont pas pu être accomplies. Les ministres démissionnaires ne percevront donc rien. Les avantages en nature (voiture, logement, protection policière, etc.) prennent également fin automatiquement. Seules quelques fonctions régaliennes, comme celles exercées à l’Intérieur ou à la Défense, peuvent bénéficier d’une protection prolongée. Par ailleurs, Sébastien Lecornu avait lui-même décidé de supprimer à partir du 1er janvier 2026 les avantages « à vie » des anciens Premiers ministres.
Un budget 2026 menacé de blocage institutionnel
La démission du chef du gouvernement intervient à la veille du dépôt du projet de loi de finances pour 2026, prévu le premier mardi d’octobre. Ce calendrier, fixé par la loi organique relative aux lois de finances, devait permettre au Parlement de disposer de 70 jours pour débattre du texte avant la fin de l’année. Mais avec un gouvernement démissionnaire, la procédure budgétaire entre dans une zone d’incertitude.
Un dépôt du projet par le gouvernement sortant reste théoriquement possible. Une version du texte aurait déjà été transmise au Haut Conseil des finances publiques. Toutefois, une telle initiative serait exceptionnelle : sous la Ve République, aucun projet de loi n’a jamais été examiné par un gouvernement démissionnaire. La Constitution prévoit qu’en cas de retard ou de blocage, le gouvernement puisse recourir à une loi spéciale, autorisant temporairement la perception des impôts et le financement des dépenses publiques essentielles.
Le scénario de la loi spéciale se précise
L’hypothèse la plus probable reste celle de l’adoption d’une loi spéciale, déjà utilisée fin 2024 après la censure du gouvernement précédent. Ce texte d’urgence, prévu par la loi organique relative aux lois de finances, permet à l’État et à la Sécurité sociale de continuer à emprunter et à lever les impôts jusqu’à l’adoption du budget définitif. Le dispositif avait déjà permis de maintenir la continuité budgétaire pendant deux mois en 2025.
Une application similaire paraît désormais inévitable. Faute de majorité stable et d’un exécutif pleinement en place, les délais constitutionnels pour voter le budget ne pourront être respectés. Le recours à cette mesure exceptionnelle éviterait un blocage total de l’appareil d’État ou un « shutdown » à l’américaine, garantissant la rémunération des fonctionnaires et la continuité des services publics.
Une crise politique appelée à durer
L’incertitude institutionnelle s’étend désormais à la nomination du futur Premier ministre. Emmanuel Macron dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour désigner son successeur, sans contrainte de délai. Plusieurs scénarios sont envisagés : un chef de gouvernement issu de la gauche, une personnalité du centre droit ou un recours aux urnes. Mais le contexte politique rend toute issue rapide improbable.
Les partis d’opposition, divisés, peinent à s’accorder sur une stratégie commune. Les appels à un gouvernement d’union ou à une dissolution de l’Assemblée nationale se multiplient, sans consensus clair. Dans l’hypothèse d’une démission présidentielle, la Constitution prévoit une élection anticipée sous quarante jours, le président du Sénat assurant l’intérim.
Une incertitude durable pour les institutions et les marchés
La succession de crises institutionnelles fragilise la stabilité politique et économique du pays. Après la censure du gouvernement Barnier en 2024, la démission du gouvernement Lecornu aggrave la défiance des marchés et complique la préparation du budget. L’adoption d’un nouveau texte financier, indispensable au financement des services publics, dépend désormais de la rapidité avec laquelle le chef de l’État trouvera une solution de sortie.
En attendant, la France évolue dans une situation de gouvernance contrainte, où les marges de manœuvre économiques se réduisent à mesure que l’incertitude politique s’installe.
Sources : Le Point, La Tribune, Ouest-France
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