Dette française et stabilité européenne : la BCE face au risque politique

Une réunion de la BCE sous tension à Francfort
Ce jour, Jeudi 11 septembre, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne se réunit à Francfort pour définir l’orientation de la politique monétaire. Avec une croissance encore résiliente dans la zone euro et une inflation proche de l’objectif de 2 %, la majorité des observateurs prévoit un statu quo. Le taux de dépôt resterait fixé à 2 %, prolongeant la pause entamée en juin.
Si cette stabilité paraît acquise à court terme, elle pourrait être remise en cause à moyen terme par une forte pression sur les obligations françaises (OAT), liée aux incertitudes politiques et budgétaires. Une telle situation provoquerait un resserrement des conditions financières et inciterait la BCE à envisager de nouvelles baisses de taux.
La crise politique française accentue les tensions financières
La nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre, sans gouvernement ni budget adopté, a ravivé les inquiétudes des marchés. La dette publique française atteint désormais environ 3.300 milliards d’euros, soit plus de 115 % du PIB. Face au manque de visibilité politique, les investisseurs réclament une prime de risque accrue.
Conséquence directe, le taux de l’emprunt français à dix ans a dépassé celui de l’Italie pour la première fois depuis le début des années 2000. La perspective d’une dégradation de la note souveraine française par Fitch accentue encore les tensions. Christine Lagarde, présidente de la BCE, devrait éviter tout commentaire politique, mais pourrait rappeler l’importance d’une discipline budgétaire.
Les instruments de la BCE pour contenir une crise obligataire
La BCE dispose de plusieurs leviers pour prévenir une contagion de la crise française aux autres pays de la zone euro. Parmi eux figure l’Instrument de protection de la transmission (IPT), créé en 2022 en pleine crise italienne. Cet outil autorise la banque centrale à racheter les obligations d’un État confronté à des attaques de marché injustifiées, mais non à corriger une mauvaise gestion budgétaire.
L’IPT n’a jamais été activé. Les analystes estiment qu’il ne serait envisagé que si les difficultés françaises menaçaient la stabilité financière d’autres pays. Pour l’heure, les marchés restent calmes et l’euro a même progressé à 1,17 dollar, preuve que les investisseurs considèrent que la BCE agirait en dernier ressort si nécessaire.
Une zone euro entre incertitudes françaises et faiblesse allemande
À ces tensions s’ajoute la situation économique de l’Allemagne, où les derniers chiffres ont refroidi les espoirs de reprise. La première économie de la zone euro voit son gouvernement fragilisé, compliquant encore l’équilibre européen.
Malgré tout, ni la crise politique française ni la faiblesse allemande ne devraient modifier les décisions immédiates de la BCE. Les gardiens de l’euro jugent leur politique « bien calibrée » depuis la dernière baisse de taux en juin. Ils disposeront jeudi de nouvelles projections macroéconomiques, qui devraient légèrement revoir à la baisse les perspectives de croissance et d’inflation pour 2026.
Ces prévisions intégreront notamment l’accord commercial conclu début août avec les États-Unis, instaurant des droits de douane de 15 % sur la majorité des produits européens. Elles devront aussi prendre en compte les risques d’escalade liés à l’amende de près de 3 milliards d’euros infligée à Google par Bruxelles et aux réactions possibles de Washington.
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