L’incertitude politique et les tensions internationales pourraient coûter jusqu’à 0,5 point de croissance

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L’impact mesuré de l’instabilité sur l’activité économique

François Villeroy de Galhau a estimé que l’incertitude politique nationale représente « au moins 0,2 point de croissance » perdu cette année. Il a précisé que cette part s’ajoutait à l’incertitude internationale liée notamment à la guerre en Ukraine et au protectionnisme américain, portant potentiellement à 0,4 ou 0,5 point l’impact global sur la croissance. Il a rappelé que l’incertitude agit comme le premier frein à la confiance, freinant la consommation et l’investissement, tout en renchérissant le coût des financements.

Le gouverneur a confirmé que la Banque de France maintenait sa prévision de croissance d’au moins 0,7 % en 2025, précisant que les chiffres détaillés seraient publiés le 19 décembre. L’enquête de conjoncture publiée par l’institution montre que si le moral économique pâtit du climat politique, l’activité « tient », avec une progression dans les services, une dynamique plus modérée dans l’industrie et un léger recul dans le bâtiment après plusieurs mois favorables.

Une incertitude qui pèse sur la consommation, l’investissement et la dette

L’incertitude augmente naturellement l’épargne de précaution des ménages et retarde les décisions d’investissement des entreprises. François Villeroy de Galhau a rappelé qu’une perte de 0,1 point de croissance représente environ trois milliards d’euros pour l’économie française. À l’inverse, une baisse d’un point du taux d’épargne des ménages pourrait ajouter 0,4 point de croissance, illustrant la puissance du facteur confiance.

Le gouverneur a également souligné que la hausse de la dette publique entraîne une charge d’intérêts croissante, représentant déjà des dizaines de milliards d’euros supplémentaires sur la décennie. Il a alerté sur le fait que ces ressources ne peuvent dès lors plus être affectées à d’autres priorités, comme l’éducation, la transition climatique ou la défense, plaidant pour une trajectoire budgétaire crédible afin de « sortir de cet étouffement progressif ».

Les tensions autour du budget et la nécessité d’un cap clair

L’échec récent de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a été qualifié par le gouverneur de « chaos supplémentaire » dans un processus budgétaire déjà difficile. Il a regretté que le débat, loin de réduire l’incertitude, en accroisse la confusion alors qu’il devrait aider à préparer un budget 2026 cohérent.

François Villeroy de Galhau a rappelé l’objectif de déficit public de 3 % du PIB fixé pour 2029, engagement pris auprès des partenaires européens et indispensable pour stabiliser le poids de la dette. Partant d’un déficit estimé à 5,4 %, il a indiqué qu’une réduction d’au moins 0,6 point serait nécessaire dès 2026 afin de respecter la trajectoire prévue.

Dépenses publiques, fiscalité et recherche de compromis

Selon le gouverneur, la maîtrise des dépenses doit constituer l’essentiel de l’effort de consolidation, pour environ trois quarts du total, non par choix idéologique mais parce que les dépenses publiques françaises sont sensiblement plus élevées que celles de pays européens comparables. Il a toutefois reconnu que des mesures fiscales pourraient être envisagées à titre complémentaire, ciblées et temporaires, jusqu’au retour sous les 3 % de déficit.

Il a insisté sur la nécessité de compromis politiques, citant les pays européens qui ont réussi à redresser leurs comptes publics. Dans un contexte international instable, il a rappelé que la France, traditionnellement locomotive de l’Europe, ne doit pas rester en situation de « wagon de queue ».

L’Europe, la dette et les réformes à venir

François Villeroy de Galhau a replacé ces enjeux dans un cadre plus large. La croissance insuffisante touche l’ensemble de l’Europe, qui reste distancée par les États-Unis, la Chine et les grandes économies émergentes. Il a évoqué les travaux menés au niveau européen pour renforcer la compétitivité et la souveraineté économique, rappelant que la France doit jouer pleinement son rôle.

Interrogé sur la réforme des retraites, il n’a pas pris position, rappelant que la Banque de France ne décide pas des orientations politiques. Il a admis que le déficit du système et l’évolution démographique constituent des enjeux majeurs, mais qu’il appartient au débat politique de dégager des compromis.

Sources : Le Figaro, RTL, Banque de France

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