Shutdown américain : quel impact sur l’économie et les marchés ?


Jerome Powell à l'aveugle
Rituel presque aussi attendu qu’un discours de la Fed, le « shutdown » américain revient régulièrement sur le devant de la scène. Pour mémoire ci-dessous la durée en jours des dix derniers épisodes :

Mais c’est quoi le « Shutdown » ?
À chaque blocage budgétaire, le Congrès et la Maison-Blanche s’engagent dans un bras de fer qui se traduit par la fermeture partielle de l’administration fédérale : parcs nationaux, musées, services administratifs suspendus, centaines de milliers de fonctionnaires mis au chômage technique. Les fonctions vitales, armée, sécurité, contrôle aérien, continuent, mais l’image d’une superpuissance paralysée frappe toujours les esprits.
Les conséquences économiques d’un shutdown prolongé
Sur le plan économique, l’effet est tangible mais limité. Un épisode de quelques jours se traduit surtout par une perte temporaire de productivité, rapidement compensée. En revanche, lorsque la crise s’étire, l’impact devient mesurable : le shutdown de 2018-2019, le plus long jamais enregistré (35 jours), a amputé le PIB d’environ 11 milliards de dollars, dont près d’un tiers jamais rattrapé. Les ménages concernés voient leurs revenus différés, la consommation se contracte, et certaines entreprises, du tourisme aux sous-traitants publics, en ressentent directement les effets.
Shutdown et marchés financiers : un impact limité
Pour les marchés financiers, l’histoire est différente. Les shutdowns ont rarement provoqué de véritables secousses à Wall Street. Au contraire, on observe souvent une indifférence surprenante : en 1995-1996, lors du duel entre Bill Clinton et Newt Gingrich (speaker de la Chambre des représentants de 1995 à 1999, le poste le plus puissant au Congrès après la présidence), le S&P 500 progressait. En 2013, sous Barack Obama, l’indice gagnait plus de 3 % malgré seize jours de blocage. Même en 2018-2019, la correction boursière observée tenait bien davantage aux craintes d’un resserrement monétaire trop rapide qu’à la fermeture des services fédéraux.
L’absence de données économiques : un défi pour la Fed
Une dégustation à l’aveugle…
En réalité, pour les investisseurs, l’essentiel se joue ailleurs : dans la politique de la Réserve fédérale, dans la dynamique des profits des entreprises, dans les tensions géopolitiques mondiales. Le shutdown agit surtout comme un facteur de volatilité psychologique, un bruit médiatique qui peut perturber brièvement la confiance, mais qui ne change pas la trajectoire de fond des marchés.
Mais ce shutdown, signifie surtout que les grandes statistiques économiques – emploi, inflation, PIB – ne sortent plus à temps. Or c’est précisément ce qui irrite les marchés : sans données fraîches, Powell et la Fed se retrouvent à piloter l’économie dans le brouillard. Espérons que le patron de la Fed sera un fin dégustateur à l’aveugle et puisse « deviner » la tendance qui se dessine et prendre les bonnes décisions.
Un symbole de la polarisation politique aux États-Unis
Au-delà des graphiques boursiers, il reste toutefois un symbole préoccupant : celui d’une démocratie hyper-polarisée, où la gouvernance budgétaire devient un instrument de chantage politique. Si les marchés regardent ailleurs, l’économie réelle et l’image de stabilité des États-Unis, elles, paient le prix de ces fermetures à répétition.
Par Gérald Grant, Fundesys
Lire aussi :
Shutdown américain et politique monétaire : les marchés restent imperturbables
Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !
Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.

.webp)




























