Croissance 2025 : l’Europe à plusieurs vitesses selon Bruxelles

Économie
Croissance zone euro, France et Allemagne

La Commission européenne table sur une croissance de 1,6 % pour l’ensemble de l’Union européenne en 2025, et de 1,4 % pour la zone euro. Cette moyenne masque cependant d’importantes disparités entre les États membres. Certains pays, comme l’Espagne, les Pays-Bas, l’Italie ou la Belgique, afficheraient une progression plus marquée, tandis que d’autres, dont la France et l’Allemagne, se situeraient nettement en dessous de la moyenne.

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Les projections sont revues à la baisse par rapport aux précédentes publications, en raison d’un environnement économique mondial plus instable, d’une consommation intérieure moins dynamique et d’un ralentissement des échanges internationaux. Dans ce contexte, plusieurs États de l’Union devraient enregistrer une activité économique plus faible qu’attendu en début d’année.

La France enregistrerait l’un des taux de croissance les plus bas de l’Union

La croissance de la France serait limitée à 0,6 % en 2025, après une estimation de 0,7 % en 2024. Ce niveau place la France parmi les économies les plus en retrait de l’Union européenne. Plusieurs facteurs expliquent ce ralentissement. La consommation des ménages, qui représente une part importante du PIB, reste affectée par une perte de pouvoir d’achat accumulée depuis la période d’inflation élevée. Le recul de l’inflation reste progressif et ne suffit pas encore à relancer pleinement la demande intérieure.

L’investissement privé est freiné par des taux d’intérêt qui demeurent élevés, malgré les perspectives d’allègement de la politique monétaire. Les entreprises font preuve de prudence, en particulier dans le secteur de la construction et dans l’industrie manufacturière. Le commerce extérieur ne compense pas ces faiblesses, d’autant que la demande adressée à la France par ses partenaires, notamment l’Allemagne, reste modérée.

L’Allemagne en situation de quasi-stagnation

L’économie allemande afficherait une croissance de 0,2 % en 2025, après 0,1 % en 2024. Le moteur industriel traditionnel de la zone euro demeure ralenti, en raison d’un recul prolongé de la production manufacturière, d’un ralentissement de la demande mondiale et d’une consommation intérieure toujours mesurée.

L’Allemagne fait face à des contraintes multiples : une transition énergétique encore incomplète, une baisse des exportations vers certains partenaires majeurs, une hésitation des entreprises à investir dans un contexte incertain, et un vieillissement de la population qui limite la progression du marché du travail. L’économie allemande peine à sortir d’une période prolongée de stagnation.

Des performances plus solides dans les pays d’Europe du Sud et du Nord

L’Espagne enregistrerait la croissance la plus dynamique parmi les grands pays européens, avec 2,0 % attendus en 2025. Cette performance s’appuie sur un rebond de la consommation privée, un tourisme toujours porteur, et un investissement public soutenu par les programmes européens. L’Italie afficherait une croissance de 1,2 %, portée par les dépenses d’infrastructure et les réformes en cours dans le cadre du plan de relance.

Les Pays-Bas atteindraient 1,3 % de croissance, tandis que la Belgique se situerait à 1,1 %. Ces pays bénéficient d’une plus grande stabilité budgétaire et d’une capacité de rebond plus rapide après le cycle inflationniste. L’Europe centrale, bien que plus exposée à la volatilité géopolitique, afficherait également des taux de croissance supérieurs à ceux observés dans les deux grandes économies de la zone euro.

Un environnement mondial instable qui freine l’élan économique

La révision des prévisions économiques s’explique aussi par la persistance de tensions internationales. La hausse des droits de douane décidée récemment par les États-Unis, concernant plusieurs catégories de produits européens, affecte directement les perspectives commerciales de certains États membres. L’Allemagne, dont l’économie est fortement orientée vers l’export, serait particulièrement concernée par ces mesures.

La France est également exposée à ces évolutions, notamment à travers ses échanges intra-européens avec des pays dépendants du marché américain. Cette nouvelle donne commerciale s’ajoute à des incertitudes déjà présentes, liées aux conflits géopolitiques, aux tensions dans le secteur énergétique, et à la transition vers une économie bas carbone.

Une inflation en baisse mais encore persistante dans certains secteurs

L’inflation poursuivrait son repli en 2025, avec un taux moyen de 2,1 % dans la zone euro. Ce mouvement s’expliquerait par la modération des prix de l’énergie et la normalisation des chaînes d’approvisionnement. Toutefois, certains secteurs de services continueraient de subir des hausses de prix sensibles, en particulier dans les domaines liés à la santé, à l’éducation ou à l’hébergement.

La Banque centrale européenne devrait pouvoir enclencher une baisse progressive de ses taux directeurs, à condition que cette tendance désinflationniste se confirme au second semestre 2025. La prudence reste toutefois de mise, notamment en raison de la persistance d’un noyau dur d’inflation dans certains pays.

Des déséquilibres budgétaires persistants en France

En parallèle de la faiblesse de sa croissance, la France conserverait un déficit public élevé, estimé à 5,0 % du PIB en 2025. Le niveau d’endettement resterait proche de 110 % du PIB. Cette situation budgétaire pourrait compliquer les discussions à venir avec les autorités européennes, notamment dans le cadre du réexamen du pacte de stabilité et de croissance.

La combinaison d’un déficit élevé et d’une croissance faible limite les marges de manœuvre budgétaires et pèse sur la crédibilité des trajectoires de retour à l’équilibre. La Commission souligne la nécessité pour la France de mieux cibler ses dépenses et d’améliorer l’efficacité de ses politiques publiques.

Une situation qui interroge la dynamique de convergence européenne

Les écarts de croissance projetés pour 2025 confirment l’existence de trajectoires économiques différenciées au sein de l’Union européenne. Les économies du Sud et du Nord affichent une progression plus soutenue que celles du centre de la zone euro. Ces divergences posent la question de la cohésion économique entre les États membres, à un moment où l’Union cherche à renforcer son autonomie stratégique et sa résilience collective.

Les prochaines étapes de coordination budgétaire et de réformes structurelles devront tenir compte de ces dynamiques contrastées. L’objectif affiché reste celui d’une convergence durable entre économies nationales, condition indispensable à la stabilité de l’ensemble de la zone euro.

Sources : Le Figaro, European Commission, Le Monde, Le Point

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