États-Unis : Waller réclame une nouvelle baisse des taux, la Fed divisée

Économie
fed baisse taux fin 2025

Un discours qui ravive le débat monétaire au sein de la Fed

Les propos du gouverneur de la Réserve fédérale, Christopher Waller, ont relancé la question d’un nouvel assouplissement de la politique monétaire américaine. Lors d’un discours prononcé à Londres le 17 novembre, il a estimé qu’une nouvelle baisse des taux directeurs était indispensable pour soutenir l’économie américaine. Il a précisé qu’il lui semblait peu probable de changer d’avis dans les prochaines semaines, jugeant la dégradation des indicateurs plus marquée qu’elle ne le paraît au premier abord. Dans un contexte dans lequel la Fed a déjà abaissé ses taux à deux reprises en septembre puis en novembre, cette prise de position laisse entrevoir la possibilité d’un troisième mouvement de détente d’affilée.

Christopher Waller s’était déjà distingué en juin en alertant sur un affaiblissement progressif du marché du travail, un diagnostic confirmé par les dernières statistiques. Il estime désormais que la politique monétaire demeure trop restrictive pour une économie dont les moteurs ralentissent. Selon lui, les ménages aux revenus moyens ou modestes sont les premiers touchés par le renchérissement du crédit, qu’il s’agisse d’acheter un logement, un véhicule ou de financer des dépenses essentielles. Ces contraintes freinent la demande globale et renforcent le risque d’un ralentissement plus significatif au second semestre par rapport à l’année précédente.

Une analyse qui met en lumière les fragilités de l’économie américaine

Christopher Waller pointe également un décalage croissant entre la hausse des marchés financiers et la réalité vécue par la plupart des ménages américains. Selon lui, les performances boursières ne profitent qu’à une fraction des consommateurs et ne sauraient masquer les tensions qui pèsent sur les budgets des foyers. Il observe par ailleurs une évolution notable des comportements des entreprises qui, jusqu’à récemment, se contentaient de geler les embauches. Elles évoquent désormais l’hypothèse de licenciements et commencent à en préparer certains, signe d’un climat économique fragilisé. Waller a déclaré que plusieurs dirigeants d’entreprise reconnaissaient avoir changé de posture en quelques semaines seulement. Ce glissement du « ni embauche ni licenciement » vers des plans de réduction d’effectifs souligne selon lui l’urgence d’adapter la politique monétaire pour éviter un affaiblissement trop rapide de l’activité.

Une Fed divisée sur la trajectoire des prochains mois

Si la position de Christopher Waller renforce l’enjeu d’un nouvel assouplissement, elle ne fait pas l’unanimité au sein du comité de politique monétaire. Plus tôt dans la journée, le vice-président de la Fed, Philip Jefferson, s’est montré nettement plus prudent. Lors d’une intervention organisée par la Fed de Kansas City, il a rappelé que la paralysie budgétaire de plus de quarante jours avait entraîné la suspension de la plupart des publications macroéconomiques, rendant l’évaluation de la conjoncture particulièrement délicate. De nouvelles données doivent être publiées cette semaine et devraient clarifier la situation avant la prochaine réunion du comité.

Cette divergence d’approches illustre une Réserve fédérale partagée entre la volonté d’accompagner une économie en ralentissement et la nécessité de conserver une marge de manœuvre face à des incertitudes persistantes. Alors que Jerome Powell avait affirmé début novembre qu’une détente supplémentaire était loin d’être acquise, les déclarations de Waller pourraient peser sur les discussions à l’approche de la réunion de décembre, au moment où les signaux avancés de l’économie américaine deviennent plus préoccupants.

Sources : Le Figaro, Zone Bourse.

Lire aussi : La fin de la paralysie des administrations fédérales aux Etats-Unis devrait doper la croissance au T1 2026

Retour sur la baisse des taux en septembre 2025

La Réserve fédérale américaine a abaissé, mercredi 17 septembre, ses taux directeurs pour la première fois depuis décembre 2024. Cette réduction d’un quart de point de pourcentage place désormais les taux dans une fourchette de 4 % à 4,25 %. Cette décision, très attendue par les marchés, marque un tournant après plusieurs mois de statu quo. Elle ouvre la perspective d’un cycle d’assouplissement monétaire alors que l’économie américaine montre des signes de ralentissement.

Cette première détente depuis près de neuf mois intervient dans un environnement marqué par une inflation persistante et un marché du travail en perte de vitesse. En août, le taux de chômage est remonté à 4,3 % tandis que les créations d’emplois ont été revues à la baisse. Le marché immobilier reste affaibli par des taux d’emprunt élevés, pesant sur l’activité. Face à ces signaux, la Fed a choisi d’assouplir sa politique pour prévenir une aggravation du chômage, tout en surveillant de près la trajectoire des prix.

Lors de sa conférence de presse, Jerome Powell a souligné que « les indicateurs récents suggèrent que la croissance de l’activité économique s’est modérée », rappelant que la décision répond avant tout aux données économiques.

Lire aussi : Fed : vers une première baisse de taux en 2025 dans un contexte économique fragile

Cette baisse intervient également dans un climat politique tendu. Depuis plusieurs mois, le président américain Donald Trump multiplie les appels à un assouplissement plus rapide de la politique monétaire, estimant que des taux plus bas seraient nécessaires pour soutenir l’économie. Il a récemment nommé Stephen Miran, l’un de ses proches conseillers économiques, au conseil des gouverneurs de la Fed. Lors de la réunion du 17 septembre, ce dernier a été le seul membre à plaider pour une réduction plus marquée de 0,5 point.

Jerome Powell a indiqué que l’institution restait déterminée à préserver l’équilibre entre la lutte contre l’inflation et le soutien à l’emploi. L’inflation reste en effet supérieure à l’objectif de 2 %, avec une prévision autour de 3 % pour la fin de l’année. La croissance, révisée légèrement à la hausse à 1,6 %, demeure cependant inférieure aux 2,8 % enregistrés en 2024. « Nous affirmons toujours que nous ne suivons pas une trajectoire prédéfinie, et nous le pensons vraiment », a précisé le président de la Fed, insistant sur le caractère progressif de la politique monétaire.

La décision du 17 septembre a été largement intégrée par les investisseurs, qui surveillent désormais le calendrier des prochaines réunions. Le dollar a légèrement rebondi après un repli initial, tandis que le taux des emprunts américains à dix ans est tombé à son plus bas depuis avril. Selon la médiane des prévisions des responsables de la Fed, deux nouvelles baisses de taux pourraient intervenir d’ici la fin de l’année, confirmant l’ouverture d’un cycle d’assouplissement monétaire progressif.

Sources : L’Express, Le Figaro, Notre Temps

Lire aussi :

La Fed face au dilemme de l’ampleur de la baisse

Fed : les marchés en attente d’un premier assouplissement monétaire

Découvrez d'autres contenus du même partenaire

Contributeurs

À découvrir
Graph du jour

Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !

Voir tous nos graphs
Agenda

Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.

Voir notre agenda
Challenges & Club Patrimoine
Lire une sélection d'articles publiés dans le numéro spécial 2025 Gestion de Patrimoine "Le nouveau paradigme".
Découvrir
Et retrouvez également une sélection d'articles du numéro 2024
Les fonds de nos partenaires