Portée par le solaire, la transition énergétique se poursuit envers et contre tout (Natixis IM)

Thématiques & Alternatifs
  • Baisse des émissions de CO2 en Chine : pour la première fois en période de croissance, les émissions de CO2 en Chine ont diminué de 1,6 % sur un an au premier trimestre 2025, grâce à une hausse de la production d’électricité bas carbone1.
  • Record de production d’énergie solaire dépassant, pour la première fois sur un mois, celle du nucléaire : la hausse de la demande mondiale d’électricité et les avancées technologiques soutiennent l’expansion du solaire.
  • Croissance des énergies renouvelables : la part des sources bas-carbone dans le mix électrique mondial a atteint 40 % en 2024, avec la Chine en tête des nouvelles installations solaires2.
  • La souveraineté énergétique progresse aux États-Unis : malgré la baisse des subventions pour les renouvelables, la politique énergétique actuelle favorise la production nationale solaire.
  • La nécessité d’une approche globale pour une transition réussie : au-delà de la production des énergies renouvelables, il est crucial d’investir dans l’efficacité énergétique, de moderniser et étendre les réseaux électriques, d’investir dans les solutions de stockage telles que les batteries et d’électrifier la demande d’énergie.

Passées relativement inaperçues, deux actualités récentes témoignent de l’avancée de la transition énergétique : la baisse des émissions de CO2 sur 12 mois en Chine, et le niveau record de production d’électricité solaire dans le monde, supérieur au nucléaire sur le mois d’avril 2025. Pendant que les médias se focalisent sur l’entreprise de démolition de la transition énergétique menée par l’administration Trump, cette dernière suit son cours. Le solaire, en particulier, est porté par des dynamiques technologiques et de marché qui l’emportent sur les troubles politiques et les reculs du soutien public, y compris aux États-Unis. Au sein de Mirova, nous continuons à investir avec conviction dans la thématique de long-terme du climat.

Les émissions de CO2 baissent sur 12 mois en Chine… et pour de bon3 ?

Le 15 mai dernier, le média spécialisé Carbon Brief publiait un article intitulé : « L’énergie propre vient de faire reculer les émissions de CO2 de la Chine pour la première fois ». Selon ses estimations, les émissions de la Chine ont diminué de 1,6 % d’une année sur l’autre au premier trimestre de 2025 et de 1 % au cours des 12 derniers mois. En particulier, les émissions du secteur de l’énergie ont diminué de 2 % d’une année sur l’autre au cours des 12 mois jusqu’en mars 2025. Cela représente 43 millions de tonnes de CO2 en moins.

La Chine avait déjà connu des périodes de baisses d’émissions, la dernière en date étant liée au Covid, mais elles étaient toutes liées à un ralentissement de l’activité. Cette fois, cette baisse a eu lieu alors que la croissance économique est soutenue, et que la production d’électricité a augmenté sur un an de 2,5 %. La production d’électricité bas-carbone (éolien, solaire et nucléaire) a permis de réduire en absolu la production à base de charbon et de gaz (-4,7 %).

En 2024, la croissance de la production d’énergies renouvelables en Chine a couvert à elle seule 81 % de l’augmentation de la demande d’électricité. Selon Carbon Brief, la croissance de la production d’énergies renouvelables en Chine est désormais structurellement supérieure à la demande actuelle et de longterme d’électricité, ce qui devrait conduire au déclin des sources fossiles. La tendance à la baisse des émissions du secteur de l’énergie devrait se poursuivre en 2025, même s’il existe des incertitudes liées à l’impact de la guerre commerciale de Trump sur la consommation intérieure en Chine. Au-delà de 2025, les perspectives dépendent fortement des objectifs d’énergie propre et d’émissions fixés dans le prochain plan quinquennal de la Chine, qui doit être publié l’année prochaine. Il est ainsi possible que la Chine ait atteint son pic d’émissions en février 2024, soit avec 6 ans d’avance par rapport à ses engagements climatiques internationaux.

Si cette nouvelle se confirmait, elle donnerait du poids à la théorie du découplage entre croissance économique et croissance des émissions, permis par le déploiement des énergies renouvelables en substitution aux énergies fossiles.

Le solaire bat de nouveaux records et poursuit sa croissance sans précédent

En avril 2025, 2330 TWh d’électricité solaire ont été produits dans le monde : le solaire a ainsi dépassé pour la première fois sur un mois le nucléaire, selon le think tank Ember. Il aura fallu 8 ans pour que l’énergie solaire passe de 100 TWh à 1000 TWh, et seulement 3 ans pour dépasser 2000 TW : jamais dans l’histoire de l’électricité une source n’avait connu une telle croissance.

D’après ourworldindata, la croissance du solaire, mais aussi de l’éolien, a contribué à porter la part des sources bas-carbone à 40 % dans le mix électrique mondiale en 2024. Il s’agit là encore d’une première. La Chine est évidemment le fer de lance de cette révolution : en 2024, elle a installé 55 % des nouvelles capacités solaire déployées (597 GW au total). Suivent dans l’ordre les États-Unis, l’Inde, le Brésil et l’Allemagne. Le solaire n’est toutefois pas l’apanage de pays bénéficiant de conditions privilégiées : parmi les 10 pays dans le monde où la part du solaire dans le mix électrique est la plus élevée, on trouve un pays pauvre, le Salvador (17 %), un pays peu ensoleillé, les Pays-Bas (18 %), et, sur la plus haute marche du podium, un pays dirigé depuis 13 ans par un chef d’état qui s’oppose à l’agenda climatique européen, la Hongrie (25 %).

Si le solaire se déploie à une telle vitesse, dans des géographies aussi diverses, c’est qu’il dispose d’atouts intrinsèques. D’abord, l’énergie solaire est aujourd’hui la plus compétitive dans la majorité des régions du monde : le coût actualisé de l’électricité (LCOE) est de 35$ par MWh pour les centrales solaires, selon BNEF. Le prix des panneaux a été globalement divisé par 10 en 10 ans. Le solaire bénéficie de son caractère très modulaire : une centrale photovoltaïque est constituée de panneaux, eux-mêmes divisés en modules, eux-mêmes divisés en cellules. Cela permet de produire en séries de petites pièces, conduisant à des améliorations rapides, avec des possibilités d’affiner les méthodes de construction et de réduire les coûts. Il s’agit d’un avantage considérable en comparaison de technologies bas-carbone beaucoup plus complexes. Le solaire bénéficie également globalement d’une bonne acceptation locale, contrairement, par exemple, à l’éolien terrestre. Bien que les projets solaires les plus compétitifs nécessitent une emprise au sol significative et suscitent parfois des oppositions locales liées aux changements d’affectation des sols, le solaire se déploie très bien de manière décentralisée, à l’échelle des entreprises et des particuliers, et ce, malgré la lourdeur des procédures administratives (permitting) locales.

Ainsi, selon Bent Flyvberg, auteur du livre How Big Project Perform, le coût moyen de dépassement d’une centrale solaire est de 1 % par rapport à son cout initial, contre 13 % pour une centrale éolienne, 16 % pour une centrale thermique, 75 % pour un barrage hydraulique et 120 % pour une centrale nucléaire.

Ces progrès technologiques portent la marque de la Chine : elle contrôle 80 % de la chaîne de valeur des panneaux solaires, du polysilicium aux lingots, wafers4, cellules et modules (Notons que les panneaux ne contiennent pas de minéraux critiques tels le nickel, le cobalt ou les terres rares). Ce quasi-monopole est facteur de risques sociaux : environ 45 % de l’approvision

nement mondial en polysilicium provient du Xinjiang, où de sérieuses violations de droits humains contre les ouighours et d’autres communautés musulmanes ont été recensées par l’ONU. Les États-Unis ont ainsi voté en 2021 le Uyghur Forced Labor Prevention Act (UFLPA) pour interdire l’importation de produits dont la fabrication s’est accompagnée de travail forcé en Chine. Ce texte fait partie d’un arsenal protectionniste mis en place par les États-Unis (droits de douane, aide à la production locale) visant à faire émerger une industrie solaire locale.

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