"La croissance des entreprises liées au cycle de l'eau reste soutenue" Damien Ledda, Galilée AM
Nous allons nous intéresser à la thématique de l'eau. Pourquoi c'est une thématique intéressante selon vous ?
Pour nous, c'est indéniablement une thématique cœur de portefeuille, et elle suscite d'ailleurs toujours autant d'intérêt de la part des investisseurs professionnels et individuels parce que, d'une part, elle s'inscrit pleinement dans une démarche d'investissement responsable et puis, d'autre part, c'est une méga tendance qui porte cette thématique, qui est toujours très puissante pour plusieurs raisons.
Le premier point, c'est que c'est une ressource vitale de plus en plus rare. On sait que d'ici 2050, la population mondiale va augmenter d'environ 2 milliards d'individus, et du coup la demande en eau va augmenter d'au moins 30 % d'après les études de l'ONU. Donc on a une pénurie qui s'annonce, et le changement climatique, la croissance démographique et l'urbanisation vont exercer une pression de plus en plus forte sur les ressources en eau douce notamment. Les besoins augmentent et ce dans tous les secteurs, que ce soit dans l'agriculture, l'industrie, la construction et évidemment aussi dans la consommation domestique.
Et pour répondre à ces besoins, quels sont les investissements qui sont mis en face ?
Justement, les défis liés à la gestion de l'eau sont énormes, donc des investissements colossaux sont nécessaires, tout simplement. Et pour ça, il faut aller assez vite. Ça nécessite des solutions sur toute la chaîne de valeur, c'est ça qui est intéressant. Ça va de la distribution d'eau à l'infrastructure, à la technologie, pour le traitement et le filtrage de l'eau, par exemple. Donc là aussi, la recherche et développement est tout à fait clé pour mettre au point des technologies innovantes, par exemple quand on parle de désalinisation, de recyclage ou de gestion des eaux usées. On estime d'ailleurs que l'intensité de dépenses en R&D par les sociétés de la thématique s'élève à à peu près 3 % du chiffre d'affaires en moyenne. Donc on voit qu'il y a des opportunités immenses qui s'ouvrent pour ces sociétés qui vont savoir apporter les solutions adéquates pour relever ces challenges. Et qui dit investissement dit aussi potentiel de croissance à moyen terme et même à plus long terme. D'après les données du consensus actuel, on s'attend à une croissance assez soutenue de 5 % par an en termes de chiffre d'affaires des sociétés sur les trois prochaines années, et de 12 % par an pour les résultats opérationnels, ce qui est un rythme de croissance assez conséquent.
Quand vous analysez cette thématique, quelles sont les données que vous retenez ?
D'une part, il faut regarder ce qu'il y a dans la thématique. C'est une thématique qui est assez transversale parce qu'on retrouve des sociétés du secteur industriel au sens large, mais également des services de collectivité et un petit peu de technologie aussi. Donc on a une assez bonne diversification sectorielle.
À ce stade, en 2024, la thématique affiche une performance qui est assez satisfaisante. Elle est plutôt dans le milieu du tableau de notre palmarès de 25 thématiques. Donc au sein de l'indicateur dédié justement au cycle de l'eau, on a 37 sociétés sur 50 qui affichent une performance positive depuis le début de l'année pour une performance moyenne d'à peu près 11 %. Autre point important au niveau de la valorisation, je dirais aujourd'hui qu'elle est assez raisonnable puisque la thématique traite actuellement sur un ratio de PE, cours sur bénéfice, de 21 fois les profits, c'est-à-dire un niveau qui est assez normalisé par rapport à celui qui prévalait en 2019 juste avant la pandémie et qui a vu ensuite une inflation notable des multiples. Donc ça, ça s'est normalisé. Autre point important, c'est la prime de valorisation historique de la thématique, qui était aux alentours de 20 % par rapport à l'indice MSCI World. Historiquement, celle-ci s'est fortement comprimée ces dernières années, puisque pour la première fois aujourd'hui, elle traite sur le même multiple que l'indice.
Et enfin, le dernier point important à prendre en compte, c'est la baisse des taux d'intérêt, parce que si elle devait se poursuivre, elle pourrait constituer aussi un vent plutôt porteur pour cette thématique dans les prochains trimestres.
Pour les gens qui voudraient investir sur cette thématique, comment est-ce qu'on investit et par quel biais ?
Plusieurs façons de faire. On peut opter pour des actions individuelles de sociétés cotées qui sont spécialisées ou qui ont une partie de leurs activités dans la gestion de l'eau, dans la construction d'infrastructures hydrauliques, par exemple, ou dans le traitement des eaux usées. On pense notamment naturellement aux Français de Veolia, mais également à d'autres sociétés européennes ou américaines comme Pentair, Xylem, Ecolab, moins connues du grand public, ou encore aux Suisses, Geberit, dans la construction. Ce sont d'ailleurs des sociétés qui sont présentes dans notre AMC Water, c'est un certificat tracker que nous avons lancé récemment sur la thématique du cycle de l'eau. L'objectif de ce véhicule d'investissement, c'est d'être le plus pur possible, puisque l'AMC va traquer la performance des 50 sociétés cotées les plus représentatives de la thématique, telle que le voit la place financière. C'est un instrument qui est éligible, investissable pour des professionnels, mais aussi pour des particuliers dans le cadre d'un mandat de gestion.
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