IA financière : une adoption qui progresse sans convaincre pleinement

44% des sondés utilisent l'IA comme aide pour gérer leurs finances
3 ans après l’arrivée de ChatGPT, l’intelligence artificielle gagne une place réelle dans le quotidien des ménages. Selon l’enquête publiée par MoneyVox, 37 % des sondés ont déjà utilisé une IA pour répondre à une question liée à leurs finances, avec une adoption beaucoup plus forte chez les moins de 45 ans, en Île-de-France et chez les étudiants. Les 35-44 ans se distinguent même par une conviction plus marquée de l’utilité de ces outils, due à la multitude d'offres financières et le manque de temps pour tout étudier dans le détail.
L’intérêt n'est pas moindre, même si les français restent très prudents. En effet, 44 % des sondés utilisent l’IA comme une aide pour gérer leurs finances, mais 46 % sont sceptiques. Seuls 5 % déclarent qu’ils feraient totalement confiance à une IA pour un placement financier, 10 % chez les 25-44 ans.
« Une réticence et une prudence très légitimes, tant le flou est grand sur l’usage réel et sur les possibilités de réutilisation des données personnelles que l’on confie aux IA. Sans cadre juridique clair et commun sur ce que deviennent nos données et documents, la méfiance restera de mise » conclut Maxime Chipoy, Président de MoneyVox.
Une utilisation de l'IA en complément du conseil humain
Certains utilisateurs précisent leur usage de l’IA : trier des informations, clarifier une stratégie ou structurer une réflexion, notamment en matière de transmission patrimoniale ou d’investissement locatif. Mais ces mêmes utilisateurs décrivent aussi des réponses imprécises, mouvantes ou incomplètes, parfois contradictoires dans une même conversation.
« Elle m'aide à structurer, à gagner du temps, à ne pas rester bloqué. Mais je vérifie toujours. L'IA n'est pas un graal. C'est un outil, rien de plus. »
La gestion de sujets complexes (fiscalité des retraites, spécificités de caisses de pension ou règles de préavis en immobilier) oblige à vérifier systématiquement les réponses avec un professionnel ou avec les textes officiels. L’usage de l’IA apparaît alors comme un point d’appui mais pas comme un outil de décision.
« Pour comprendre, oui ; pour décider, non »
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La persistance d'un frein : la question sensible des données personnelles
Seuls 7 % des Français accepteraient de transmettre des documents sensibles à une IA, et 27 % à condition d’obtenir des garanties explicites. Au total, près de 6 Français sur 10 y sont opposés, avec un refus très net chez les 45-54 ans et surtout les plus de 55 ans.
Un constat qui fait écho à l’étude Zendesk. Celle-ci montre que 66 % des Français restent réticents à partager des données personnelles avec un assistant IA et que la confiance ne progresse que lorsque les conditions de sécurité, de transparence et de contrôle humain sont clairement définies. Cette étude est fondée sur un panel international élargi, ce qui explique que ses conclusions dépassent le seul champ financier.
Dans le même registre, l’étude Visa réalisée en 2024 auprès de 8 000 consommateurs européens et de 516 décideurs au Royaume-Uni confirme une progression de la confiance envers l’IA, mais toujours sous condition d'une sécurité renforcée. Si elle est antérieure aux résultats de 2025, elle permet de mesurer la progression : 35 % des Français déclaraient avoir davantage confiance en l’IA qu’un an auparavant et 51 % jugeaient utile la détection de fraude automatisée, mais 49 % restaient réticents à confier leurs données. L’analyse financière y est perçue comme un domaine plus sensible que la simplification des paiements ou la biométrie.
L’IA dans la relation bancaire : un potentiel réel, mais un rejet si l’humain disparaît
On constate une forte résistance à l’automatisation des interactions bancaires. Seuls 9 % des Français estiment que l’intégration d’une IA pourrait améliorer le service et 26 % y voient un intérêt à condition qu’elle soit transparente et sécurisée. À l’inverse, 21 % s’en inquiètent et 36 % y sont clairement opposés. Le principal motif réside dans l’expérience passée : les difficultés à obtenir un interlocuteur humain dans certains services client renforcent la méfiance face aux automatismes.
Cette préférence pour un modèle hybride rejoint les conclusions de l’étude Zendesk, selon laquelle les assistants IA sont acceptés pour résoudre des problèmes simples, mais jamais pour des situations stressantes ou engageantes. 8 Français sur 10 exigent la possibilité de revenir vers un agent en cas de besoin.
Au-delà des usages strictement financiers, un clivage générationnel se renforce. Les jeunes adultes de 18 à 34 ans sont beaucoup plus enclins à confier une partie de leurs décisions à une IA, qu’il s’agisse d’un prêt, d’un portefeuille d’investissement ou du paiement de factures. Chez les plus de 65 ans, ces taux chutent fortement. Autrement dit, la confiance progresse, mais reste très liée à l’âge, à la maîtrise des outils et à la perception des risques.
L’ensemble de ces études convergent : l’IA financière s’installe durablement, mais les Français n’en font pas un outil de décision autonome. La prudence porte autant sur la qualité des réponses que sur la confidentialité des données, et l’expérience montre que l’IA doit encore progresser pour offrir des recommandations fiables et stables.
Les Français privilégient un modèle où l’IA sert de soutien, d’aide à la compréhension ou de gain de temps, tandis que les décisions structurantes demeurent confiées à des professionnels. L’enjeu des prochaines années ne sera pas l’adoption technologique mais la construction d’un cadre clair, sécurisé et transparent permettant aux utilisateurs de concilier efficacité et confiance.
Sources : MoneyVox, Zendesk, Visa Europe
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