L’impact des plans de dépenses de l’Allemagne sur la croissance économique (Schroders)

Une réorientation budgétaire majeure
L’Allemagne a traditionnellement été en retrait par rapport aux autres pays à revenu élevé en matière d’investissement public brut, privilégiant les budgets équilibrés. Le plan de relance récemment approuvé par le parlement, sous l’impulsion du nouveau chancelier Friedrich Merz, marque un tournant : il permettra d’augmenter le ratio dépenses/PIB de plus de deux points de pourcentage par an.
Dans le détail, les dépenses de défense excédant 1 % du PIB seront désormais exclues du frein à l’endettement inscrit dans la Constitution (qui limite le déficit structurel à 0,35 % du PIB). Les dirigeants européens souhaitent en parallèle favoriser les producteurs européens d’armement, plutôt que l’achat d’équipements américains. Une orientation potentiellement favorable à la croissance, mais qui pourrait attiser les tensions géopolitiques avec les États-Unis, voire déclencher une guerre commerciale transatlantique.
Autre changement notable : le frein à l’endettement sera assoupli pour permettre aux Länder de contracter une dette annuelle nouvelle équivalente à 0,35 % du PIB, ce qui leur était jusqu’ici interdit. Un fonds d’infrastructure de 500 milliards d’euros sur 12 ans sera également mis en place.
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Des effets limités à court terme, mais porteurs à moyen terme
Ces nouvelles mesures ne devraient pas modifier significativement les perspectives pour 2025, les effets prenant du temps à se diffuser dans l’économie. En revanche, pour 2026 et 2027, leur impact pourrait être significatif, avec un apport potentiel d’un point de croissance supplémentaire par an.
Ce virage budgétaire pourrait aussi stimuler l’activité par le canal de la confiance. Les attentes économiques sont déjà orientées à la hausse depuis l’annonce du plan de relance, et la récente remontée de l’indice PMI manufacturier laisse espérer une reprise du secteur après plusieurs mois de stagnation.
L’enthousiasme des marchés face à la perspective de mise en œuvre de ce plan semble justifié, après des années d’attente. Le choc budgétaire devrait donc avoir un effet réinflationniste.
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Des réformes structurelles indispensables pour soutenir la croissance à long terme
Malgré l’ampleur du stimulus, l’économie allemande reste confrontée à des défis structurels majeurs. L’impact à long terme dépendra de l’intégration de réformes de l’offre dans ce nouveau cadre budgétaire.
Pour que la croissance s’inscrive durablement à un niveau plus élevé, le plan devra s’accompagner d’une stratégie favorable à l’investissement. Il s’agira d’inciter les entreprises allemandes à investir à nouveau sur le territoire, et d’attirer les capitaux étrangers.
L’une des priorités sera de contenir la forte hausse des coûts salariaux unitaires, imputable au recul de la population active et à la baisse de la productivité.
Par Irene Lauro, Schroders, European Economist
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