Un droit de douane de 15 % sur les biens importés depuis l’UE (Tikehau)

Économie

L'accord sur les droits de douane entre les États-Unis et l’Union européenne (UE), annoncé fin juillet, a abouti à l’imposition d’un droit de douane de 15 % sur les biens importés depuis l’UE — un niveau nettement inférieur aux 50 % qui avaient été évoqués en mai. Bien que défavorable à l’UE, ce taux reste modéré, à la date de cette publication, comparé aux tarifs appliqués à d'autres pays, notamment le Brésil (50 %), la Suisse (39 %) et la Chine (30 %).

Jusqu’à récemment, les marchés avaient réagi de manière modérée à l’imposition de ces droits de douane. Après une brève période de volatilité à la suite de l’annonce initiale du « Jour de la Libération » en avril, les actifs risqués avaient retrouvé leur rythme de croisière, les investisseurs semblant ignorer tout impact significatif sur l’économie réelle. Toutefois, des données récentes révèlent désormais une pression croissante tant sur le plan macroéconomique quemicroéconomique.

Les tensions macroéconomiques s’intensifient, comme en témoigne la hausse de 0,3 % de l’indice PCE (indice des dépenses de consommation personnelle) en juillet — soit la plus forte progression des prix des biens depuis janvier. L’indice PCE sous-jacent a lui aussi augmenté de 0,3 % sur un mois, portant son taux annuel à 2,8 %. Parmi les hausses de prix notables figurent le mobilier et les équipements ménagers durables (+1,3 %), ainsi que les biens et véhicules de loisirs (+0,9 %), suggérant que les entreprises touchées par les droits de douane répercutent de plus en plus leurs coûts sur les consommateurs. L’activité manufacturière s’est affaiblie : l’indice PMI manufacturier des États-Unis s’établissant à 49 en juillet, prolongeant sa trajectoire baissière entamée en début d’année. Parallèlement, la dynamique du marché de l’emploi a ralenti, avec seulement 73 000 créations d’emplois non agricoles en juillet, contre 104 000 attendues, ce qui reflète une prudence accrue des employeurs face à la hausse des coûts d’approvisionnement liée aux droits de douane sur les principaux partenaires commerciaux.1

À l’échelle microéconomique, les communications des entreprises indiquent que les effets des droits de douane commencent à se matérialiser. Durant la saison des résultats du deuxième trimestre, un nombre croissant de sociétés ont annoncé des hausses de prix et révisé ou retiré leurs prévisions.2 Parmi elles figure notamment Procter & Gamble, qui a annoncé des augmentations de prix sur environ 25 % de sa gamme de produits aux États-Unis, avec des hausses modérées qui entreront en vigueur ce mois-ci, ainsi que des prévisions inférieures aux attentes du marché.3 Le groupe Adidas a déclaré que les droits de douane devraient entraîner un coût d’environ 200 millions d’euros pour ses produits destinés au marché américain, ajoutant que ce surcoût serait répercuté sur les consommateurs américains par une hausse des prix.4 L’entreprise a confirmé qu’elle augmenterait ses prix et qu’un rapatriement de la production vers les États-Unis n’était pas économiquement envisageable à court terme.

Les effets sur l’emploi se manifestent également au niveau des entreprises : des fabricants comme Volvo Group et Stellantis ont commencé à procéder à des licenciements dans leurs usines afin de faire face à la hausse des coûts.5

Dès le « Jour de la Libération », nous avions mis en garde contre le dilemme stratégique auquel les entreprises seraient confrontées : absorber les hausses de coûts au risque de réduire leurs marges, augmenter les prix dans un contexte économique déjà fragile, ou relocaliser leur production — une option coûteuse et complexe sur le plan logistique. Ces scénarios sont en train de se concrétiser, et nous prévoyons une intensification de ces pressions au second semestre.

Dans ce contexte, nous continuons à privilégier les stratégies axées sur le rendement dans les segments du crédit, en visant un rendement de 4 à 5 % auprès d’émetteurs que nous jugeons de grande qualité et présentant un risque de refinancement limité.

Nous restons sélectivement investis en actions, avec une préférence pour l’Europe en raison notamment de valorisations plus attractives, en ciblant des secteurs liés à la souveraineté européenne tels que la défense, les infrastructures, ainsi que certains segments de la technologie et de la santé. Les actions américaines restent caractérisées par des valorisations élevées, bien que certaines valeurs défensives dans les secteurs de la santé et des biens de consommation de base offrent désormais des points d’entrée intéressants. Enfin, nous maintenons des positions de premier plan dans les grandes entreprises technologiques, dont les résultats récents ont validé la qualité des fondamentaux et la solidité des perspectives. À ce titre, leur présence demeure incontournable dans une allocation actions.

(1) Source: Bloomberg, données au 31/07/2025 (2) Le suivi des entreprises par Reuters repose sur des sources telles que les rapports financiers trimestriels, les interviews et les déclarations des responsables d'entreprise au 21/07/2025 (3) Source: Reuters, 31/07/2025 (4) BBC, 31/07/2025 (5) Source: Reuters, 30/04/2025 (6) Entretien avec Yahoo Finance, 30/07/2025

Tikehau Investment Management (« TIM ») au 31/07/2025. Les commentaires et analyses reflètent l’opinion de TIM sur les marchés et leur évolution, en fonction des informations connues à ce jour. Ces informations n’ont aucune valeur contractuelle et n’engagent pas la responsabilité de TIM. Elles sont basées sur des sources que nous considérons fiables, mais nous ne garantissons pas qu’elles soient exactes, complètes, valides ou à propos, et elles ne doivent pas être considérées comme telles, notamment pour prendre une décision d’investissement.

"Les droits de douane sont intrinsèquement inflationnistes – ils augmentent le coût des importations… Ensuite, les fabricants doivent déterminer quelle part de ce coût ils peuvent absorber et gérer et quelle part ils doivent répercuter. "

Jon Moeller, Président-directeur général de Procter & Gamble

Par Tikehau Capital

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