États-Unis : surtaxe douanière de 50 % sur les produits indiens, une nouvelle escalade commerciale

Une taxe punitive visant les achats de pétrole russe
Les États-Unis ont décidé de porter à 50 % la surtaxe douanière sur les produits indiens importés, après l’avoir fixée à 25 % début août. Cette décision intervient alors que l’Inde est devenue l’un des principaux clients du pétrole russe depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. En 2024, près de 36 % des importations pétrolières indiennes provenaient de Russie, contre seulement 2 % avant 2022.
Le président américain a voulu sanctionner ces achats, estimant qu’ils contribuent indirectement au financement de la guerre en Ukraine. Malgré un rapprochement affiché avec Moscou, il maintient cette ligne de fermeté commerciale, qui bouleverse les équilibres du commerce mondial.
Des secteurs clés indiens directement touchés
La mesure concerne une large part des exportations indiennes vers les États-Unis, estimées à près de 90 milliards de dollars en 2024. Les secteurs les plus exposés sont le textile, la bijouterie, le cuir, l’agroalimentaire et l’automobile. Selon des analyses de think tanks indiens, certaines branches pourraient voir leurs ventes chuter de 40 à 50 % dans les prochains mois.
Les exportateurs indiens redoutent un effet domino : baisse de la demande américaine, chute des prix sur certains marchés et perte de parts de marché au profit de concurrents asiatiques. La roupie a déjà montré des signes de fragilité, tandis que les marchés financiers indiens ont accusé le coup.
Un effet de base amplifiant le choc commercial
Si les exportations indiennes avaient fortement progressé en 2024 grâce à des prix compétitifs, la hausse brutale des droits de douane inverse la dynamique. Les économistes estiment que la progression de 20 à 25 % des ventes indiennes vers les États-Unis observée depuis début 2025 pourrait rapidement s’annuler.
Pour Washington, l’objectif est aussi de rappeler à ses partenaires la nécessité de limiter les relations économiques avec la Russie. Mais ce choix pèse sur des secteurs entiers, alors que l’Inde avait réorienté ses approvisionnements en pétrole par pragmatisme, face à une Europe devenue prioritaire pour les pays du Golfe.
Les stratégies de riposte de New Delhi
Le gouvernement indien prépare des mesures de soutien pour ses exportateurs, avec des aides fiscales et la recherche de débouchés alternatifs en Europe, en Afrique et en Amérique latine. L’exécutif met aussi en avant son programme Make in India pour renforcer l’ancrage industriel domestique et réduire la dépendance à certains marchés.
Des responsables indiens craignent néanmoins que ces surtaxes n’entraînent un affaiblissement durable de la relation commerciale bilatérale. La perspective d’une diversification accélérée pourrait rapprocher encore davantage New Delhi de la Chine ou consolider ses partenariats énergétiques avec Moscou.
Un impact diplomatique et stratégique
Au-delà de l’économie, cette décision fragilise la relation stratégique entre Washington et New Delhi, pourtant renforcée ces dernières années dans le cadre du Quad. La taxation punitive risque de compliquer les discussions bilatérales sur les coopérations militaires et technologiques.
Des experts soulignent que la mesure pourrait paradoxalement bénéficier à la Russie, qui conserve ainsi un client majeur pour ses hydrocarbures, tout en réduisant la capacité de l’Inde à financer ses importations alternatives. La sanction douanière apparaît donc comme une arme à double tranchant, aux effets géopolitiques incertains.
Sources : Le Monde, Reuters, AP News, The Guardian
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