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Économie

SPAC or not SPAC ? Thomas d'Hauteville (La Financière d'Hauteville)

28
Nov
2023
Il y a 3 ans, un nouvel acronyme apparaissait dans la presse financière et faisait rêver de nombreux investisseurs : Special Purpose Acquisition Company, les fameuses SPACs. Difficile d’échapper à cette mode à l’époque puisque de nombreux grands acteurs de la finance et du monde de l’entreprise y sont allés de leur propre SPAC.


La mode des chèques en blanc


SPAC or not SPAC, telle n’était plus la question ! Il fallait avoir sa SPAC et montrer au marché que nous étions toujours à la pointe de l’investissement. Ces véhicules d’investissement pourraient être comparés à des chèques en blanc faits à des grands noms de la finance qui avaient pour mission de trouver des cibles à acheter grâce à l’argent levé via la SPAC. L’intérêt principal de ces SPACS était de pouvoir permettre de coter en bourse des entreprises qui auraient dû suivre autrement un long et fastidieux process pour obtenir du régulateur leur introduction sur le marché. Gagner du temps pour gagner plus d’argent et en se simplifiant la vie. La spécificité de ces véhicules était que, faute de cibles identifiées, les investisseurs avaient la possibilité de récupérer leur mise déduction faite des frais administratifs. Il y avait aussi la possibilité de récupérer son investissement au moment de l’annonce d’un deal si celui-ci ne vous semblait pas de qualité. Généralement, les SPACs se donnaient une période de 2 ans pour acquérir une ou plusieurs cibles.
 

Une collecte exceptionnelle …


Les SPACs ont-elles rempli leur mission à savoir transformer leurs belles promesses en investissements performants ? La partie collecte de ces véhicules avait été un succès exceptionnel malgré le contexte difficile de la période COVID. Pour vous donner un ordre d’idée, aux USA en 2020, plus de 80 milliards de dollars ont été collectés via 248 SPACs représentant cette année-là une introduction en bourse sur deux.  En 2021, les montants collectés via des SPACs aux USA a doublé pour atteindre les 160 milliards de dollars.
 

… mais des résultats décevants !


L’ambiance a changé au moment de faire les comptes sur les acquisitions effectuées par les SPACs au cours des 2 dernières années. Parmi les exemples les plus marquants en Europe, la SPAC créée par le groupe Accor n’a finalement pas trouvé de cible répondant à ses critères de maturité, de prix et de taille. Les exigences du marché sont devenues plus importantes avec les cibles et ont fini par décourager les investisseurs. La SPAC d’Accor a donc dû restituer les 300M€ levés deux ans plutôt. Même contexte et mêmes conséquences mi 2023 pour la plus grande SPAC européenne Pegasus Europe pourtant portée par Bernard Arnault. Côté américain, les déceptions sont aussi au rendez-vous. Ainsi, parmi les gestionnaires américains connus, Bill Ackman (Pershing Square Capital Management – 18.5Mds $ d’actifs sous gestion) avait levé en 2020 la somme record de 4 milliards de dollars. Deux ans plus tard, ce dernier a dû se résoudre à rendre l’argent aux investisseurs.
 
L’indice De-SPAC, quant à lui, est passé de 1598.2 points en février 2021 à 154.28 points en novembre 2023 soit une baisse de près de 90%.sans compter les SPACs cotées qui ont tout simplement disparu. Mi-2023, le montant restitué par les SPACs faute d’avoir été investi s’élevait à près de 30 milliards de dollars.
 

Quel avenir pour les SPACs ?


Les SPACs sont-elles finalement vouées à disparaître du paysage boursier ? La bulle des SPACs s’est dégonflée aussi vite que son succès a été soudain. Pour autant, les SPACs qui existent depuis des décennies, pourraient connaître une seconde vie mais avec un rythme de croissance plus raisonnable et loin des spotlights de la presse financière. Le marché n’était pas capable d’absorber autant de projets au même moment et finalement, il s’est rendu compte qu’il y avait peu de sociétés qui pouvaient répondre à l’exigence des investisseurs. Un nombre plus restreint de SPACs et la capacité de ces dernières à identifier plus en amont les cibles potentielles seront des éléments clés pour redonner confiance au marché et ainsi retrouver une seconde jeunesse.
 
 
 
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