Terres rares : Pékin resserre son contrôle, les valeurs minières s’envolent

Une décision stratégique de Pékin pour reprendre la main

La Chine a annoncé, le 9 octobre 2025, un renforcement immédiat de ses contrôles à l’exportation sur les technologies liées aux terres rares.
Cette mesure, justifiée officiellement par des impératifs de sécurité nationale, marque une nouvelle étape dans le bras de fer commercial entre Pékin et Washington.

Toute entreprise étrangère manipulant des matériaux ou procédés issus de l’industrie chinoise devra désormais obtenir une licence d’exportation spécifique auprès du ministère du Commerce. Les demandes à vocation militaire seront automatiquement refusées, tandis que celles liées aux semi-conducteurs feront l’objet d’un examen approfondi.

Cette annonce intervient à quelques semaines d’une rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump prévue en marge du sommet de l’Apec en Corée du Sud, signe que le contrôle des ressources critiques reste au cœur de la diplomatie économique chinoise.

Un levier géoéconomique majeur pour Pékin

La Chine domine aujourd’hui plus de 90 % de la production mondiale de terres rares transformées et d’aimants magnétiques.
Ces éléments sont essentiels à la fabrication des moteurs électriques, des batteries, des équipements médicaux, des technologies de défense et des semi-conducteurs.

D’après l’US Geological Survey, le pays détient plus du tiers des 110 millions de tonnes de réserves mondiales identifiées.
Cette domination structurelle confère à Pékin un pouvoir d’influence considérable dans un contexte de compétition technologique avec les États-Unis et leurs alliés.

Selon l’analyse d’Isabelle Chaperon (Le Monde), « sortir des griffes de Pékin » demeure un objectif complexe pour les puissances occidentales, tant la dépendance industrielle reste profonde.

Une réaction immédiate des marchés financiers

Les places boursières ont rapidement intégré ce nouveau rapport de force.
À Wall Street, les valeurs minières spécialisées dans les métaux stratégiques ont bondi avant l’ouverture : MP Materials, NioCorp, Lithium Americas, Critical Metals, Trilogy Metals et USA Rare Earth ont progressé de 3 à 6 %.

Cette hausse reflète à la fois la crainte d’un resserrement de l’offre mondiale et l’espoir d’une revalorisation des acteurs non chinois, perçus comme des alternatives crédibles dans la recomposition du marché mondial des métaux rares.

Une dépendance occidentale toujours difficile à réduire

Malgré les programmes d’investissement et les partenariats publics-privés lancés aux États-Unis et en Europe, l’autonomie stratégique reste encore lointaine.
Les terres rares, indispensables à la transition énergétique et numérique, demeurent au cœur de chaînes d’approvisionnement que Pékin contrôle largement.

La diversification vers l’Australie, le Canada ou certains pays africains progresse lentement, freinée par les coûts d’extraction, les contraintes environnementales et les délais de mise en production.

Vers un nouvel équilibre des puissances industrielles

En durcissant ses exportations, la Chine cherche à réaffirmer sa souveraineté sur les ressources critiques tout en testant la résilience de ses partenaires commerciaux.
Cette stratégie s’inscrit dans une logique plus large de rééquilibrage des dépendances et de contrôle de l’innovation technologique.

Pour les économies occidentales, l’urgence est désormais de sécuriser des filières locales de production et de recyclage, afin de réduire leur vulnérabilité face aux décisions unilatérales de Pékin.
La bataille pour les terres rares est devenue un symbole de la nouvelle géopolitique industrielle mondiale, où matières premières et technologies s’entremêlent étroitement.

À retenir

Le renforcement des contrôles chinois sur les terres rares souligne la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Il place les marchés face à un double enjeu : préserver la stabilité industrielle à court terme et bâtir une autonomie stratégique durable à long terme.

Sources : Le Monde, Les Échos, Boursorama, Reuters, US Geological Survey