“Les terres rares, nouveau levier de la guerre commerciale sino-américaine” Eric Lafrenière, Sunny AM

Analyses de marchés
Podcast Eric Lafrenière Sunny AM, Club Patrimoine

On va commencer par le récap de la semaine passée et ce qui nous attend cette semaine avec des marchés américains qui étaient dans le vert jusqu'à vendredi.

Une hausse massive des droits de douane chinois fait chuter les indices américains

Les marchés américains semblait bien partis pour boucler une nouvelle semaine dans le vert jusqu'à vendredi matin. Vers 11h, heure de New York, un message de Donald Trump a tout fait basculer. Une hausse massive annoncée des droits de douane sur les produits chinois et les indices ont aussitôt décroché. Résultat, le S&P, le Nasdaq et le Dow Jones ont tous terminé la semaine en baisse de plus de 2%.
Dans ce contexte, les investisseurs vont devoir composer avec un double défi. Un gouvernement toujours paralysé par le shutdown et une saison des résultats d'entreprises qui s'ouvre véritablement cette semaine. Côté macro, le calendrier reste quand même relativement dense. Aujourd'hui, l'indice de confiance des petites entreprises. Jeudi, les ventes au détail et les prix à la production. Et vendredi, les mises en chantier, un indicateur clé du logement.

Concernant la guerre commerciale et les terres rares qui sont un gros levier de pression de la Chine. En quoi est-ce que ça peut impacter justement cette guerre commerciale ?

Les terres rares, nouveau levier stratégique de Pékin face à Washington

Derrière les tweets, les droits de douane et les semi-conducteurs, un autre front s'ouvre entre Washington et Pékin, celui des terres rares. Ces métaux discrets mais essentiels sont au cœur de la rivalité technologique mondiale. Le 9 octobre, la Chine a publié une nouvelle règle dite la Notification 61. Désormais, toute exportation contenant des terres rares d'origine chinoise devrait être approuvée par le ministre du Commerce. Pékin, il faut le rappeler, contrôle près de 70% de la production mondiale, 90% du raffinage et plus de 90% des aimants permanents qui sont indispensables aux véhicules électriques, aux éoliennes, aux smartphones, mais aussi aux missiles et avions de chasse américains. Autrement dit, sans la Chine, pas de transition énergétique et pas de supériorité militaire.
C'est une réponse directe aux restrictions américaines sur les semi-conducteurs. Les États-Unis bloquent l'accès de la Chine aux puces les plus avancées. Pékin réplique en contrôlant les métaux sur lesquels ces puces peuvent être produites. Le levier est quand même redoutable. 80 000 composantes militaires américaines contiennent des terres rares. Une rupture d'approvisionnement pourrait faire exploser les coûts industriels et déstabiliser toute la chaîne technologique mondiale.
Le message chinois est clair, si vous touchez à nos exportations technologiques, nous pouvons toucher à vos matières premières. Un rapport de force asymétrique mais efficace qui pourrait peser sur les négociations à venir, notamment lors du sommet de l'APEC fin octobre où un compromis pourrait être trouvé. Pékin maintiendrait ses exportations de métaux critiques en échange d'un report des hausses de tarifs américaines.

Lire aussi : Terres rares : Pékin resserre son contrôle, les valeurs minières s’envolent

On va terminer avec un mouvement un peu plus discret, c'est le debasement trade. En quoi est-ce que ça consiste et quel impact sur les marchés ?

Le debasement trade, un mouvement de défiance envers les monnaies traditionnelles

Pendant que les marchés réagissent au tweet de Trump, un mouvement plus silencieux mais plus profond traverse le monde financier, le debasement trade. Derrière ce terme, une idée simple : les investisseurs commencent à se détourner des obligations d'État et des devises traditionnelles qu'ils jugent fragilisées par des déficits publics incontrôlables. Aux États-Unis, la dette explose et certains doutent désormais que les bons du trésor puissent encore être considérés comme des actifs sans risque. Le Japon, la France ou le Royaume-Uni subissent aussi les effets d'une dette colossale et d'une confiance érodée. Les investisseurs craignent que les banques centrales, sous pression politique, finissent par baisser les taux pour soulager les finances publiques, au prix d'une inflation durable. Résultat, les valeurs refuges flambent. L'or a bondi de plus de 50% cette année, dépassant les 4 000 dollars. L'argent a touché un plus haut historique. Le bitcoin reste en hausse de plus de 20% depuis début janvier. Mais attention, tout le monde ne croit pas à la fin du système monétaire. Le dollar, l'euro et le yen restent les piliers du commerce mondial et le socle du système financier. Cependant, cette envolée de l'or et des cryptos envoie un message clair : la confiance se fissure. Les investisseurs cherchent désormais à se protéger, non plus seulement contre la volatilité des marchés, mais contre l'érosion durable de la valeur des monnaies.

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