Droits de douane américains : les entreprises françaises sur le pied de guerre

Une offensive tarifaire américaine aux lourdes conséquences économiques
La récente décision de l’administration américaine d'imposer de nouveaux droits de douane frappe directement les exportateurs français. Initialement fixés à 20 %, ces droits ont été abaissés temporairement à 10 % par un décret du 9 avril 2025, avec une suspension en vigueur jusqu’au 9 juillet 2025¹. Ce sursis n'efface toutefois pas les risques économiques majeurs pesant sur plusieurs filières stratégiques.
Selon la Direction générale du Trésor, cette politique commerciale pourrait bouleverser durablement les échanges transatlantiques. Plusieurs entreprises françaises, notamment dans l'aéronautique, le luxe et les vins et spiritueux, anticipent des hausses de coûts et une érosion de leur compétitivité aux États-Unis, premier marché d'exportation pour nombre d'entre elles.
Des secteurs stratégiques directement menacés par la nouvelle donne commerciale
Parmi les secteurs les plus exposés, l'aéronautique est particulièrement vulnérable. Avec près de 9 milliards d’euros d'exportations annuelles vers les États-Unis, les grands groupes français comme Airbus et Safran redoutent l'impact des droits spécifiques de 25 % sur les automobiles et certaines pièces détachées, effectifs depuis avril et mai 2025¹.
Le secteur des vins et spiritueux, autre pilier des exportations françaises, fait face à des droits de 10 % susceptibles de réduire la compétitivité des producteurs de champagne, cognac et grands crus. En 2024, ces exportations avaient atteint 2,4 milliards d’euros pour les vins et 1,5 milliard d’euros pour les spiritueux.
Le luxe français, avec 4,5 milliards d’euros d'exportations, se prépare également à ajuster ses stratégies commerciales pour faire face à une hausse des coûts qui pourrait peser sur la demande américaine.
Les entreprises françaises cherchent à amortir le choc
Face à cette incertitude, les entreprises françaises multiplient les stratégies pour limiter les dégâts. Selon FashionNetwork, plusieurs acteurs envisagent de relocaliser une partie de leur production sur le territoire américain afin d’échapper aux nouveaux droits de douane, une solution coûteuse mais qui pourrait s'avérer nécessaire à moyen terme.
La diversification des marchés, notamment vers l'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine, est également mise en avant comme levier de résilience. De nombreuses entreprises accélèrent leurs démarches pour réduire leur dépendance au marché américain, tout en consolidant leurs parts de marché existantes.
Certaines explorent aussi les dispositifs européens, comme les régimes de perfectionnement actif ou l'utilisation des entrepôts sous douane, afin de différer ou éviter l’application des surtaxes.
La réponse européenne suspendue mais prête à être activée
Face à cette offensive tarifaire, l'Union européenne a préparé des mesures de rétorsion, incluant des droits additionnels allant de 10 à 25 % sur plusieurs produits américains¹. Toutefois, dans un esprit d'apaisement, Bruxelles a choisi de suspendre leur application pour trois mois, jusqu'au 14 juillet 2025, afin de laisser une chance aux négociations.
Le gouvernement français, en parallèle, intensifie son soutien aux entreprises en diffusant des informations pratiques sur les outils douaniers disponibles et en préparant des mesures d'accompagnement ciblées pour les secteurs les plus vulnérables.
Un impact différencié selon les secteurs et les produits
Tous les secteurs n’affrontent pas la même menace. L’aéronautique, malgré les taxes, pourrait conserver une forte demande compte tenu du caractère stratégique de ses produits. Dans le secteur des vins et spiritueux, la fidélité des consommateurs américains pourrait également limiter les pertes, bien que des ajustements tarifaires soient inévitables.
À l'inverse, des secteurs comme les produits laitiers, notamment les fromages, sont particulièrement fragiles. Face à la concurrence locale et à la sensibilité des prix sur ces produits, les fabricants français craignent une perte rapide de parts de marché.
Une incertitude persistante sur l'avenir des relations commerciales transatlantiques
Au-delà des droits de douane immédiats, les entreprises françaises doivent composer avec une incertitude plus globale concernant l'évolution des relations économiques entre l'Europe et les États-Unis. L'hypothèse d'une escalade tarifaire en cas d'échec des discussions reste sur la table.
Emmanuel Macron a réaffirmé l'engagement de la France pour défendre ses intérêts économiques tout en appelant à une solution diplomatique. Dans ce contexte, l'agilité stratégique, l'anticipation logistique et la diversification commerciale apparaissent plus que jamais comme des priorités vitales pour les entreprises françaises.
Sources : Tresor Economie Gouv, Public Senat
Notes :
¹ Données mises à jour au 29 avril 2025 d’après la Direction générale du Trésor.
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