Que se cache-t-il derrière la baisse du coût du repas de Thanksgiving ?



Thanksgiving, la fête des récoltes et de la gratitude
Jeudi dernier, comme chaque quatrième jeudi de novembre depuis le XVIIᵉ siècle, les Américains se sont réunis pour célébrer Thanksgiving. Cette fête nationale commémore le partage d’un repas entre les Pèlerins et les Amérindiens. Au fil du temps, la dinde est devenue le symbole incontournable de ce moment. Dans l’Amérique coloniale, la dinde était la viande la plus « sacrifiable », contrairement aux vaches ou aux poules, indispensables pour le lait, les œufs ou les travaux agricoles. Encore aujourd’hui, près d’un quart de la consommation annuelle de dinde aux États-Unis a lieu durant Thanksgiving.
Un dîner moins cher ... en apparence
Cette année, les consommateurs américains avaient une raison supplémentaire d’être reconnaissants. Selon l’American Farm Bureau Federation, le coût du dîner traditionnel pour dix personnes a reculé de 5%, à 55,18 dollars. Cette baisse provient quasi exclusivement de la dinde surgelée, dont le prix en supermarché a chuté de 16% (à environ 21,50 dollars pour une pièce de 7 kg). Pourtant, derrière cette bonne nouvelle se cache une réalité économique bien plus complexe : le prix payé en magasin ne reflète plus le coût réel de la production.
La dinde devient le dindon : un écart inédit entre prix en rayon et prix de gros
La particularité de cette année réside dans le décrochage entre le prix pour le consommateur et le prix de gros. Alors que les supermarchés multiplient les promotions, les prix de gros ont, eux, bondi d’environ 40%. La dinde s’est transformée en produit d’appel du repas de Thanksgiving. Dans un contexte où l’inflation alimentaire américaine atteint encore +30% par rapport à début 2020, les supermarchés préfèrent absorber la hausse des coûts pour attirer les clients, misant sur les marges générées par le reste du panier (accompagnements, boissons, desserts, décorations…). Autrement dit : la dinde est vendue à perte pour sécuriser le trafic en magasin.
Une offre fragilisée par la grippe aviaire
En amont de la chaîne, l’image est bien moins réjouissante. Le cheptel américain est tombé à 195 millions de têtes, son plus bas niveau depuis 40 ans, affaibli par des épisodes successifs de grippe aviaire hautement pathogène (HPAI) et divers virus affectant la reproduction. L’offre demeure donc contrainte, ce qui explique la tension persistante sur les prix de gros.
Un équilibre économique instable
Le prix de la dinde de Thanksgiving illustre un paradoxe. Pour le consommateur, la bataille des promotions crée un avantage immédiat et visible. Pour les éleveurs, la hausse des coûts et la fragilité sanitaire menacent la rentabilité du secteur. Pour les supermarchés, les marges se déplacent du produit central vers l’ensemble du panier. Cette année, le consommateur gagne mais l’écosystème de la dinde américaine, lui, reste sous forte pression.
Par Rémy Gicquel, Swiss Life Gestion Privée
Sources :
https://www.fb.org/news-release/cost-of-thanksgiving-dinner-declines
https://www.fb.org/market-intel/turkey-farmers-brace-for-uptick-in-hpai
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