Les États-Unis accélèrent leur relance nucléaire pour soutenir l’essor de l’intelligence artificielle

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Rémy Gicquel
Objectifs de déploiement de la capacité nucléaire américaine

Une ambition nucléaire américaine revue à la hausse

Objectifs de déploiement de la capacité nucléaire américaine
Objectifs de déploiement de la capacité nucléaire américaine

Des géants de la tech moteurs du redémarrage nucléaire

Les États-Unis disposent aujourd’hui d’une capacité de production nucléaire d’environ 100 GW, contre 63 GW en France et 55 GW en Chine. Initialement, Washington visait à tripler cette capacité d’ici 2050, mais cet objectif a été revu à la hausse en mai dernier, avec désormais l’ambition de quadrupler la puissance installée d’ici le milieu du siècle.

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Un accord historique avec Westinghouse Electric

Depuis plusieurs mois, de nombreux accords de redémarrage de centrales ont été annoncés par les géants de la technologie, désireux de sécuriser une énergie décarbonée et stable pour alimenter leurs infrastructures d’intelligence artificielle :
• Microsoft s’est associé à Constellation Energy pour relancer la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie.
• Meta/Facebook a signé un accord similaire avec Constellation pour sécuriser une partie de la production du Clinton Clean Energy Center dans l’Illinois.
• Google, à son tour, a annoncé un partenariat avec NextEra Energy pour redémarrer la centrale de Duane Arnold Energy Center, fermée il y a cinq ans.

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Si ces initiatives restent modestes à l’échelle du secteur, elles ont été éclipsées par un accord historique conclu il y a quelques jours entre Cameco et Brookfield Asset Management (copropriétaires de Westinghouse Electric, le fabricant américain de réacteurs nucléaires) et le gouvernement américain, portant sur la construction de huit nouveaux réacteurs pour un montant total de 80 milliards de dollars.

La technologie AP1000 au cœur de la relance

Ces nouveaux projets utiliseront la technologie AP1000 de Westinghouse, déjà déployée dans la centrale de Vogtle en Géorgie. Ces deux réacteurs, inaugurés récemment, étaient les premiers construits aux États-Unis depuis plusieurs décennies. L’AP1000 devait initialement symboliser la « renaissance nucléaire » des années 2000, avec plus de vingt projets envisagés à travers le pays. Finalement, seuls les deux réacteurs de Vogtle ont été achevés à un coût total de 35 milliards de dollars, soit 20 milliards de plus que les estimations initiales, et avec plusieurs années de retard. Ces dérives avaient conduit Westinghouse, alors filiale du japonais Toshiba, à déposer le bilan en 2017.

Une nouvelle dynamique portée par l’intelligence artificielle

Cette fois, la dynamique est radicalement différente : le programme bénéficie désormais du soutien de l’industrie la plus puissante au monde — le secteur technologique, dont les besoins énergétiques explosent avec la montée en puissance de l’intelligence artificielle. Le nucléaire séduit également une part croissante de la classe politique américaine et des environnementalistes, en raison de son absence d’émissions de gaz à effet de serre.

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La Chine, un concurrent déjà en avance

La Chine, de son côté, a déjà construit plusieurs versions locales de l’AP1000 et prévoit des dizaines de nouveaux réacteurs, ce qui devrait lui permettre de dépasser les États-Unis en capacité nucléaire d’ici 2030. Son coût de construction est estimé à 1,7 milliard de dollars par GW, contre plus de 5 milliards aux États-Unis.

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Un partenariat stratégique pour la souveraineté technologique américaine

Dans ce contexte, le partenariat stratégique entre le gouvernement américain et Westinghouse Electric revêt une importance capitale : il s’agit non seulement d’un levier industriel et énergétique majeur, mais aussi d’un pilier de la souveraineté technologique des États-Unis face à la montée en puissance chinoise dans l’intelligence artificielle.

Coûts de construction des réacteurs nucléaires
Coûts de construction des réacteurs nucléaires

Sources : New York Times, Financial Times, Wall Street Journal, Wall Street Journal

Par Rémy Gicquel, CFA, SLGP

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