L’industrie française résiste grâce à la défense et au high-tech

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Un dynamisme industriel contrasté par une croissance en perte d’élan

L’économie française entre dans la fin d’année sur un rythme de croissance affaibli. L’activité reste dynamique dans plusieurs segments de l’industrie, portée par la défense et les technologies informatiques, mais cet appui sectoriel ne suffit pas à compenser la prudence persistante des dirigeants. En novembre, l’industrie affiche une progression plus marquée qu’attendu, se maintenant pour le sixième mois consécutif au-dessus de sa moyenne de long terme. Cette résilience contraste avec la prévision de la Banque de France, qui n’anticipe qu’une hausse de 0,2 % du PIB au quatrième trimestre, après 0,5 % au trimestre précédent.

L’enquête menée début décembre auprès de milliers d’entreprises révèle un climat paradoxal. L’activité progresse mais la confiance demeure fragile. L’indicateur d’incertitude recule sensiblement par rapport aux mois précédents, tout en restant élevé dans l’industrie, les services et le bâtiment, reflet d’un environnement jugé instable.

Une croissance trimestrielle tirée par l’industrie et les services marchands

La Banque de France table sur une croissance annuelle de 0,7 % en 2025 et de 0,9 % en 2026. Le dernier trimestre serait marqué par une contribution positive de l’industrie manufacturière et des services marchands. La valeur ajoutée progresserait dans l’industrie à hauteur de 0,4 %, tandis que les services marchands afficheraient une hausse de 0,3 %. L’énergie resterait dynamique malgré une décélération. Les autres secteurs pèseraient en revanche sur la croissance. La construction afficherait une valeur ajoutée stable à moins 0,1 %, tandis que l’agriculture et les services non marchands ralentiraient nettement.

L’incertitude politique pèse sur les décisions économiques

Les dirigeants interrogés citent en premier lieu le climat politique national comme frein à l’activité. Le manque de visibilité entourant le vote du budget 2026 influence directement les intentions d’investissement et de recrutement. Cette prudence affecte l’ensemble de l’économie, dans un contexte jugé morose. François Villeroy de Galhau souligne que « l’économie française résiste plutôt mieux qu’on ne pourrait le croire à l’incertitude politique », tout en rappelant que le pays n’est « pas encore sorti d’affaire ». Le gouverneur estime que l’incertitude nationale et internationale « nous coûte à peu près 0,5 point de croissance » et que la part nationale représente « au moins 0,2 ». Selon lui, la stabilisation politique et budgétaire pourrait donc permettre un regain de croissance.

Une industrie portée par la défense, l’aéronautique et le nucléaire

L’accélération de l’activité industrielle repose avant tout sur des segments stratégiques. Les produits informatiques, électroniques et optiques enregistrent une forte demande, stimulée par des marchés structurants, notamment la défense, l’aéronautique et le nucléaire. Ces secteurs apparaissent comme de véritables amortisseurs face à la faiblesse de la demande générale.

D’autres branches participent au rebond. L’agroalimentaire bénéficie d’un effet calendaire lié au décalage de certaines ventes entre octobre et novembre, tandis que les produits laitiers d’hiver progressent. L’automobile se redresse grâce à la diminution des difficultés d’approvisionnement et à la réouverture de sites fermés en octobre. À l’inverse, la pharmacie fléchit, en raison de ventes jugées décevantes, et le secteur de l’habillement textile chausse recule encore.

Le taux d’utilisation des capacités de production progresse légèrement, passant de 76,3 % à 76,7 %, sans toutefois retrouver sa moyenne de long terme. Il augmente dans l’agroalimentaire et l’automobile mais recule dans la pharmacie.

Des services marchands aux trajectoires divergentes

Les services marchands poursuivent leur croissance en novembre mais à un rythme plus modéré qu’en octobre. La location et la réparation automobile gagnent du terrain, portées par l’allongement de la durée de vie des véhicules. Les activités d’édition et certains services aux entreprises, dont les services d’information et les activités juridiques et comptables, restent bien orientés. La restauration bénéficie également d’une demande résistante.

En revanche, les activités de loisirs, les services à la personne et l’hébergement subissent un recul. La publicité poursuit sa baisse pour le quatrième mois consécutif. L’incertitude politique et économique pousse les entreprises à réduire leurs dépenses marketing, amplifiant la fragilité du secteur.

Une construction contrastée entre rénovation dynamique et fragilités persistantes

Le bâtiment progresse encore en novembre et évolue au-dessus de sa moyenne de long terme. Cette résistance tient principalement au second œuvre, stimulé par les impératifs de rénovation et d’isolation thermique. La construction neuve reste fragile mais bénéficie d’un soutien lié aux bâtiments industriels et à une reprise progressive des ventes de maisons individuelles. Les carnets de commandes dans le bâtiment apparaissent moins dégarnis, notamment dans le gros œuvre, grâce aux commandes publiques et à la reprise du marché individuel.

Des fragilités récurrentes dans les carnets, la trésorerie et l’emploi

Les carnets de commandes industriels restent peu fournis dans l’ensemble, hormis dans l’aéronautique et les chantiers navals, qui bénéficient de plans de charge robustes sur plusieurs mois ou années. Les entreprises signalent également une trésorerie fragile. Elle se dégrade dans plusieurs branches industrielles, notamment dans l’habillement textile chaussure, les machines et équipements ou encore les produits informatiques électroniques optiques. Dans les services, la situation est contrastée et dépend fortement des sous-secteurs.

Le marché du travail montre des signes d’apaisement. Les difficultés de recrutement reculent pour atteindre 16 % des entreprises, avec une détente notable dans les services marchands.

Une fin d’année marquée par l’effet des congés et une pression accrue sur les marges

Les prévisions pour décembre témoignent d’une activité freinée par les congés de fin d’année. Une baisse est attendue dans l’automobile en raison de fermetures plus longues que l’an dernier. Les services devraient évoluer peu, tandis que le bâtiment enregistrerait un recul dans le gros œuvre. Le second œuvre afficherait une légère progression.

La pression concurrentielle continue d’éroder les marges, notamment dans le bâtiment, où les prix restent orientés à la baisse. Dans l’industrie, les prix de vente montrent une stabilisation, avec des baisses marquées dans la chimie et l’agroalimentaire, et des hausses plus limitées dans l’aéronautique et la pharmacie. Les services marchands enregistrent une hausse très modérée des prix, portée par l’hébergement, la restauration, la location automobile et l’ingénierie.

Une révision attendue des prévisions de croissance

François Villeroy de Galhau a annoncé que la Banque de France « va remonter un peu notre prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine », sans encore dévoiler les chiffres précis. L’Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision à 0,8 % pour 2025. Cette révision s’appuie sur des retours de terrain jugés encourageants, même si le gouverneur appelle à la prudence : « On a évité la récession, mais même si on allait à 1 % de croissance, ça ne suffit pas. C’est de la résilience. »

Sources :
Latribune.frLe FigaroBanque de France

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