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Économie

Intégrer la circularité de l'eau au cœur de l'action souveraine (La Française)

29
Aug
2023

L’eau est une ressource essentielle à la survie de toutes formes de vie sur terre. Mais sous les pressions de la démographie et du changement climatique les ressources en eau douce commencent à tarir. Plus de 2,3 milliards de personnes vivent dans des pays soumis au stress hydrique (la demande en eau dépasse les ressources disponibles), soit plus d’un tiers de la population mondiale. Les experts prévoient que d’ici 2025 près de 460 millions d’habitants en Afrique vivront dans des zones subissant un stress hydrique et 230 millions d'entre eux seront confrontés au manque d’eau. Des efforts sont constatés pour la mise en place de solutions, comme le recyclage de l’eau, mais il reste encore de nombreux obstacles à franchir.

Le recyclage de l’eau, une mise en place qui tarde

La réutilisation des eaux usées, également connue sous le nom de récupération ou recyclage de l'eau, est de plus en plus reconnue comme une solution durable pour faire face à la crise mondiale de l'eau qui ne cesse de s'aggraver. Plutôt que de considérer les eaux usées comme un déchet à éliminer, elles peuvent être traitées et purifiées pour limiter la consommation d’eau douce. Ces eaux traitées peuvent être utilisées à des fins agricoles et industrielles, voir même pour la recharge des nappes phréatiques. Certains pays appliquent déjà ces méthodes à grande échelle. En Italie et en Espagne par exemple, respectivement 8 % et 14 % des eaux usées sont réutilisées. En Israël, ce chiffre grimpe à près de 85 %.

Avec les effets du changement climatique, plusieursrégions à travers le monde voient leur accès à l’eau diminuer drastiquement. Les Nations Unies estiment même que la demande mondiale en eau douce dépassera l’offre de 40 % d’ici 2030. En France, par exemple, une période record de 32 jours sans pluie a été enregistrée entre janvier et février 2023, retardant le remplissage des nappes phréatiques et impactant les ressources en eau disponibles. En Afrique du Sud, la forte sécheresse subie par le pays ente 2018 et 2021, combinée à l’augmentation de la population, a contribué à accentuer la crise.

Malgré les nombreux bénéfices qu’offre la réutilisation des eaux usées, sa mise en place tarde et relève majoritairement des pays les plus exposés à des situations de stress hydrique, les plus vulnérables en d’autres termes. Par exemple, en France seulement 1 % des eaux usées sont renouvelées. Le pays est loin derrière l’Espagne et l’Italie, qui sont eux exposés à des sécheresses répétées. Autre ralentisseur, la réticence de la population quant à l’utilisation de l'eau recyclée. Néanmoins, plusieurs rapports révèlent que les eaux usées recyclées sont non seulement aussi sûres que l'eau potable traditionnelle, mais peuvent être moins toxiques que certaines sources d’eau douce exploitées. Une campagne de communication serait nécessaire pour traiter les objections et relever le doute. Enfin, le principal obstacle à la mise en place de méthodes de recyclage est sans équivoque le manque de technologie et d’expertise dans le domaine.

En règle générale, les eaux usées doivent être traitées en trois étapes pour éliminer les déchets et nutriments susceptibles de perturber le cycle de l'eau. Le pré-traitement comprend les procédés d'épuration physique et chimique, tandis que le traitement secondaire concerne l'épuration biologique des eaux usées. Après intervient le traitement tertiaire : les eaux usées sont converties en eau de bonne qualité qui peut être utilisée pour différentes finalités. Chacune de ces trois étapes requiert des technologies et des infrastructures bien précises, nécessitant des investissements financiers significatifs.

Face à ces barrières, les gouvernements ont leur rôle à jouer pour faciliter l’adoption de nouvelles pratiques. Offrir des incitations financières aux entreprises et municipalités, comme des subventions ou des financements à taux préférentiels, afin de leur permettre d’investir dans la réutilisation de l’eau, mettre en place des campagnes de sensibilisation pour informer le public sur les avantages du recyclage des eaux usées et pour éliminer les préjugés ou les malentendus concernant son utilisation sont autant de leviers à exploiter.

La préservation de l’eau douce repose sur une combinaison de facteurs organisés autour des principes de l’économie circulaire : réduire, réutiliser, recycler. Toutefois, la réutilisation ou le recyclage des eaux usées, une solution d’adaptation efficace pour permettre de faire face aux déficits des ressources, ne résoudra pas à elle seule tous les problèmes d'eau auxquels nous serons confrontés dans les décennies à venir. Des méthodes d’utilisation optimisées pour réduire notre consommation en eau sont nécessaires. Le secteur de l’agriculture, représentant plus de 70 % des prélèvements d’eau dans le monde,reste prioritaire. Aussi, la réduction de la pollution de l’eau est un objectif connexe à atteindre. La contamination des eaux ayant pour effet de perturber le cycle de l’eau, a un impact négatif sur les ressources disponibles.

Intégrer la circularité au cœur de l’action souveraine est un des seuls espoirs pour préserver nos ressources naturelles. Pour atteindre son objectif de tripler les volumes d’eau réutilisée d’ici 2025 (19 000 m3 par jour en 2019), la France a décidé d’appliquer ces différents principes au travers de son Plan Eau annoncé en mars 2023, qui contient près de 50 mesures. L’objectif est de procurer des financements afin de pousser à la réutilisation et la sobriété hydrique. Une fois le cadre de soutien en place, il appartiendra aux consommateurs de faire le reste du chemin.

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