PIB de la Russie : une croissance résiliente portée par une économie parallèle

Malgré les sanctions occidentales mises en place depuis 2022, l’économie russe affiche une croissance soutenue, en partie grâce à la mise en place d’un système économique parallèle. L’évolution du PIB entre 2022 et 2024 reflète une capacité d’adaptation inédite, fondée sur la redirection commerciale, la substitution industrielle et le contournement organisé des circuits financiers occidentaux.

Une contraction limitée en 2022 et un rebond surprenant en 2023
Le produit intérieur brut (PIB) russe a reculé de 2,1 % en 2022, bien en deçà des anticipations initiales. En 2023, la croissance atteint +3,6 %, portée par des investissements massifs dans l’armement et les infrastructures, un soutien public actif à la consommation, ainsi qu'une intégration économique renforcée avec des partenaires comme la Chine, l’Inde, la Turquie ou les Émirats arabes unis. Selon les prévisions pour 2024, le PIB progresserait de 2,6 %, dans un contexte de stabilisation économique.
Une économie de guerre sous contrôle étatique renforcé
La Russie a progressivement instauré une économie de guerre, largement pilotée par l’État. Le gouvernement russe s’est substitué à de nombreux mécanismes de marché, affectant directement les ressources, soutenant les industries critiques et maintenant l’activité manufacturière sous contrainte logistique. Le secteur privé est soumis à des injonctions de production, notamment dans l’armement, et les grandes entreprises technologiques sont désormais supervisées de très près par le pouvoir central.
Un réseau parallèle pour contourner les circuits occidentaux
Pour faire fonctionner son économie malgré les sanctions, Moscou s’est appuyé sur un réseau alternatif d’échanges, de paiement et de logistique. Le recours à des sociétés écrans basées dans des pays tiers permet de continuer à importer des composants et des biens industriels. Les règlements financiers se font de plus en plus en yuans, dirhams ou roupies, en remplacement du dollar ou de l’euro. Le gouvernement russe a également mis en place des stratégies de détournement technologique via des réexportations indirectes depuis des États partenaires comme le Kazakhstan ou l’Arménie.
Un isolement technologique partiellement compensé
L’économie russe reste néanmoins confrontée à une fragilité structurelle liée à l’accès restreint aux technologies avancées. Les domaines de l’aéronautique, des semi-conducteurs ou des équipements industriels spécialisés souffrent particulièrement du manque de pièces détachées et d’innovations locales. Pour pallier ces difficultés, le pouvoir a déployé une politique active de substitution aux importations. Ces efforts produisent des résultats inégaux selon les secteurs, et la dynamique de croissance actuelle repose encore largement sur des ressources de court terme, notamment les rentes énergétiques et le soutien budgétaire public.
Une trajectoire macroéconomique surveillée de près
La trajectoire du PIB russe soulève de nombreuses interrogations quant à l’efficacité réelle des sanctions occidentales. Si l’économie parvient à afficher une croissance soutenue à court terme, sa dépendance accrue à un réseau parallèle d’échange, son isolement technologique et l’absence d’accès aux marchés financiers internationaux pourraient peser à moyen terme. L’État joue un rôle moteur dans cette dynamique, mais au prix d’un recentrage économique, d’un encadrement renforcé du secteur privé et d’une perte d’efficacité potentielle dans la modernisation de l’économie.
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