Plus vite, plus haut, plus fort (Tikehau Capital)
Le 26 juillet prochain, les trente-troisièmes Jeux Olympiques de l’ère moderne s’ouvriront à Paris, ville où se situe le siège de Tikehau Capital. Cet événement mérite donc qu’on lui consacre l’une de nos lettres. Retracer l’évolution de l’esprit olympique n’est pas dénué d’intérêt pour l’investisseur, car nous allons constater que de nombreux parallèles sont possibles entre l’évolution de l’olympisme et l’évolution de notre système économique.
Ainsi, il nous semble que les challenges et les problèmes auxquels l’olympisme doit faire face en 2024 sont comparables à ceux auxquels l’économie mondiale est confrontée, avec en filigrane la conviction que dans les deux cas la reconnexion au vivant semble être la seule solution durable pour préserver le système tel qu’il a été conçu et éviter son effondrement.
L’Olympisme moderne a été créé à l’initiative de Pierre de Coubertin, baron français né en 1863 et décédé en 1937. Cet homme se donna pour mission de ressusciter les Jeux Olympiques antiques dans un esprit de paix entre les peuples et de compétition fraternelle. Les trois valeurs de l'Olympisme sont l'excellence, le respect et l'amitié.
Dans la Grèce antique, le terme agôn désigne au sens strict toute forme de compétition ou de joute oratoire. Dans les domaines artistiques ou sportifs, l'agôn était une sorte de concours organisé à l'occasion de célébrations religieuses. À l’époque, la compétition était au cœur de l’éducation, dans toutes les disciplines. L’exigence de dignité morale faisait partie intégrante de l’esprit de ces compétitions. Les athlètes devaient prêter serment. Tout doute sur la moralité des compétiteurs était pris très au sérieux.
D’un athlète suffisait pour l’exclure. La victoire étant une faveur des Dieux, la modestie s’imposait de facto comme qualité essentielle. La compétition était également un moyen de réaliser l’union.
Il était admis que le vainqueur bénéficiait de l’esprit de compétition des autres compétiteurs auxquels il s’était confronté. Leurs efforts avaient permis au vainqueur de l’emporter, dans l’humilité et la reconnaissance. Nous retrouverons ces notions d’humilité et de gratitude dans l’analyse de notre rapport au vivant. Lorsque les valeurs du collectif priment, la réussite individuelle peut être vue comme la résultante d’un tout.
L’esprit olympique dans l’Antiquité grecque reflétait donc la conception du monde présenté comme un tout harmonieux dans lequel il fallait trouver sa place.
Pour le baron Pierre de Coubertin, les Jeux Olympiques devaient être une « école de noblesse et de pureté morale ». Selon lui, est gagnant celui qui remporte la partie, mais est véritablement victorieux celui qui s’est surmonté lui-même grâce à une conduite vertueuse, c’est-à-dire honnête et courageuse.
Le 24 juillet 1908, lors d’un discours sur les valeurs de l’idéal olympique, le baron prononce cette fameuse maxime : « Le plus important aux Jeux Olympiques n’est pas de gagner mais de participer, car l’important dans la vie ce n’est point le triomphe mais le combat. L’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu. »
Comment ce Français en est-il venu à ressusciter les Jeux Olympiques ?
"L’esprit olympique dans l’Antiquité grecque reflétait la conception du monde comme un tout harmonieux dans lequel il fallait trouver sa place."
Enfant, le baron Pierre de Coubertin avait été marqué par l'Exposition universelle de Paris de 1867 et l'ouverture du concile Vatican I en 1869. Il éprouva ensuite un attrait prononcé pour les grands rassemblements. Il fut aussi affecté par les suites de la défaite de la France face à la Prusse lors de la guerre de 1870–71, ce qui l'incita à chercher des moyens de redonner du panache à son pays en favorisant le rapprochement des nations.
Fasciné par la Grèce antique, Coubertin suivit de près les fouilles archéologiques menées à partir de 1875 par des scientifiques allemands pour mettre au jour le site d'Olympie. Il voyagea ensuite en Angleterre et en Amérique, où il fut frappé par l’importance accordée aux sports au sein du système éducatif.
En 1889, est créée l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques, dont Coubertin restera longtemps le secrétaire général. Pierre de Coubertin pensait que pour rendre le sport plus populaire, il fallait l’internationaliser. Il voulait recréer les Jeux Olympiques antiques, nés à Olympie, en Grèce, en 776 avant J.-C., et organisés tous les quatre ans pendant douze siècles avant d’être supprimés.
En juin 1894, Pierre de Coubertin fonda le Comité International Olympique lors d'une cérémonie à l'université de la Sorbonne à Paris. Les premiers Jeux modernes ont eu lieu en 1896 à Athènes, suivis par Paris en 1900 et 1924, avant de faire le tour du monde.
Pierre de Coubertin était le défenseur le plus acharné de l'amateurisme. Il pensait que le sport amateur faisait obstacle à la corruption. Mais le baron n’était pas qu’un humaniste à l’esprit chevaleresque. Il était aussi un colonialiste convaincu et la question de la participation des femmes aux Jeux Olympiques fut l'un des sujets qui entraîna sa démission de la présidence du CIO en 1925. Et en 1936, un an avant de mourir, le baron avouait son admiration pour l’organisation des Jeux de Berlin par les Nazis. Le baron avait donc également sa part d’ombre, qu’il semble opportun de mentionner. Toujours est-il qu’on doit à ce baron la renaissance de l’esprit olympique qui perdure encore aujourd’hui et sera loué une nouvelle fois à Paris en juillet prochain.
Mais nous pouvons tous constater que cet esprit olympique survit difficilement dans le contexte de l’ère moderne, au point que les grands principes énoncés tous les quatre ans la main sur le cœur devant des milliards de téléspectateurs par le président du Comité International Olympique prêtent parfois à la dérision. Ils semblent dissonants par rapport aux scandales de corruption régulièrement relayés sur l’attribution des Jeux, aux enjeux économiques gigantesques qu’ils représentent, aux problèmes de tricherie et de dopage des athlètes, et aux diverses récupérations politiques de l’événement.
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