« Malgré l'engouement pour le Private Equity, nous trouvons toujours de bonnes affaires. » Jean-David Haas (NextStage AM), Patrick Ganansia et Benjamin Magny

Private Equity
Jean-David Haas (NextStage AM), Patrick Ganansia et Benjamin Magny, Club Patrimoine

À l'occasion de Patrimonia 2024, Jean-David Haas, Directeur Général de NextStage AM, a répondu aux questions de Patrick Ganansia, Co-Président de Cyrus Herez, et de Benjamin Magny, Directeur Général délégué d'Orion Groupe. Pourquoi accepter la longue durée du Private Equity ? Quelle part du patrimoine consacrer au Private Equity ? Mettez-vous des limites, en termes de dette, pour les entreprises dans votre portefeuille ?

Jean-David Haas : NextStage, c'est une aventure fantastique que nous vivons avec Grégoire Sentilhes depuis 24 ans. 40 collaborateurs passionnés, 1 Mds€ d'actifs directement gérés en capital développement dans 81 PME françaises et un écosystème fantastique avec Atream, Irbis, NextStage pour aider les entrepreneurs à grandir.

Patric Ganansia : Nous nous sommes posés la question de savoir :

Le Private Equity, pourquoi acceptons-nous tous d'y aller malgré la durée longue de cet investissement ?

JDH : L'idée, c'est de pouvoir accompagner des belles histoires dans la durée. Si vous aviez vendu Herez au bout de cinq ans ça ne serait pas devenu l'histoire fantastique que c'est en train de devenir. Donc, notre constat, c'est que les meilleurs entrepreneurs, il faut être capable de les accompagner dans la durée.

La durée d'investissement pour l'épargnant, c'est 8 ans minimum ? Ça peut être plus ?

JDH : Ça peut être plus, parce qu'avec les nouvelles solutions qui existent via le PER ou via l'assurance-vie, vous pouvez en garder pour 15 ans, 25 ans, jusqu'à la fin de vos jours. Et notre constat, c'est que les meilleures boîtes performent encore plus dans la durée. Donc, c'est pour ça que nous avons développé toutes ces solutions via l'assurance-vie et via l'épargne retraite.

Benjamin Magny :

Comment expliquer que le Private Equity a su trouver sa place en classe d'actif à part entière chez les épargnants parce que nous voyons l'intérêt pour le dirigeant, mais moins pour l'épargnant final, très friand du Private Equity ?

JDH : En fait, c'est à l'image de la vie, c'est-à-dire que dans la vie, il n'y a pas que les entreprises du CAC 40. Il peut y avoir de l'immobilier, des infrastructures. Et puis il y a plein de PME, d'ETI non cotées, puisque aujourd'hui les PME, les ETI pèsent 90 % des sociétés de nos économies. Donc c'est normal que cette classe d'actifs, progressivement, parce nous en sommes qu'au début, je pense que les allocations d'actifs chez les particuliers sont inférieures à 1 %, prennent de la place dans les portefeuilles de nos clients. Donc il y a un potentiel énorme si nous sommes à 1 %. À mon avis, le potentiel est aussi fort que pour l'immobilier. Les Américains prennent plus de risques que les européens historiquement. Ce sont des aventuriers. Néanmoins, l'irrigation dont nous avons besoin dans nos économies, va passer par plus d'investissements dans les PME, plus d'investissements dans le Private Equity.

Quelle part du patrimoine consacrer au Private Equity ?

JDH : Aujourd'hui, nous en sommes aux balbutiements du Private Equity. Tout dépend de l'horizon de temps des clients. Et tout dépend de la fortune des clients. Certains de nos clients très fortunés dépensent et investissent plus de 50 % de leur patrimoine dans le Private Equity. Ça ce sont les très grandes fortunes. Très grandes fortunes. C'est sûr que si vous avez un patrimoine de cadre supérieur + nous allons recommander plutôt une allocation entre 5 % et 10 % maximum.

BM : J'ai une question sur les multiples parce dans le rapport Argos, nous passons de 12 à 9. Quelles conséquences y-a-t-il ? En plus, avec la baisse des taux, faut-il s'attendre à une baisse des rendements ? Faut-il être plus vigilant sur nos choix pour nos clients ?

JDH : En fait, il y a plein de classes d'actifs différentes dans le Private Equity. Il y a le capital risque avec les petites sociétés, le mid cap avec ce fameux indice Argos. Je vois que sur les PME de petite taille, autrement dit le Small Cap, petite capitalisation, aujourd'hui, nous arrivons à trouver de très belles affaires entre sept et neuf fois l'EBITDA qui est un prix assez raisonnable et assez traditionnel et assez historique, dans notre classe d'actifs que nous faisons depuis plus de 20 ans. Il y a eu une petite bulle sur les opérations Mid Cap qui est en train de se tasser et nous retrouvons des prix intéressants aujourd'hui sur le marché.

BM : Cette bulle a été tellement de court terme que ça ne changera pas les rendements sur le long terme. C'est ça que vous dites ?

JDH : Il vaut mieux payer un peu chère une très belle affaire que pas chère une mauvaise affaire. C'est la voix de la raison. Comme dans le Private Equity, nous avons le temps d'accompagner les entrepreneurs au pire, si nous la payons un peu chère, nous allons rester un an de plus et c'est pas grave, nous allons quand même générer des très bons rendements pour nos clients. Donc le message, c'est de se dire : les prix à l'entrée sont importants pour la création de valeur, mais ce n'est pas le seul vecteur. Il vaut mieux se concentrer sur quels sont les bons dossiers à accompagner et que nous pouvons aider à faire grandir. Et c'est comme ça que nous allons créer de la valeur dans le portefeuille.

Pensez-vous qu'aujourd'hui nous devons avoir la même proportion de fonds de Private Equity en actions, malgré l'augmentation de l'intérêt de beaucoup d'épargnants pour le PE de dette ?

JDH : Je suis très vigilant sur la dette. Je pense que nous sommes dans un monde trop endetté. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir les finances françaises pour s'en assurer. Donc pas seulement les états qui sont endettés aussi les entreprises. Les entreprises, les particuliers, les États. Je pense que nous avons besoin de fonds propres et pour développer des belles aventures, des affaires qui grandissent dans le temps, investir uniquement en dette, ça ne marche pas. Nous allons mettre une épée de Damoclès au-dessus de la tête des entrepreneurs. Notre philosophie, c'est plutôt d'aider les entrepreneurs en fonds propres. D'ailleurs, si vous regardez le portefeuille, nous avons des niveaux de trésorerie dans nos PME qui sont énormes, et en revanche de trouver des opportunités intéressantes, et dans les crises, il y a toujours des opportunités de consolidation. Le marché des CGP est un bon exemple de ce qui est en train de se passer. C'est là où nous faisons la différence et où les entrepreneurs vont créer le plus de valeur. Mais il y a bien un pourcentage de dettes dans les entreprises où vous êtes investis, elles aussi ont fait de la dette pour grandir plus vite. Nous serions fous de ne pas nous en passer.

Mettez-vous des limites pour les entreprises dans votre portefeuille en termes de dette ?

JDH : Généralement, le portefeuille moyen aujourd'hui chez NextStage, le niveau de dette sur EBITDA, le ratio que nous suivons souvent c'est 1,5 donc c'est très bas. Le ratio maximum sur lequel nous allons aller sur un dossier, c'est trois fois l'EBITDA, ce qui est beaucoup plus bas que les fonds mid cap qui sont généralement sur des ratios à 5, 6, 7 fois.

Comment guider le client final dans cet univers du Private Equity qui commence à être très important ?

JDH : C'est là où votre rôle de conseil devient hyper intéressant. Autant les clients se sont habitués à l'immobilier, aux produits structurés, même si c'est encore un marché en forte croissance, se sont habitués aux trackers, etc. Autant ils ne connaissent pas le Private Equity, et c'est là où votre valeur ajoutée est la plus forte. Donc est-ce que c'est quelqu'un qui connaît un peu la classe d'actifs ou pas du tout ? S'il ne connaît pas du tout, peut-être commencer par un fonds de fonds, s'il s'y intéresse plus en détail et qu'il aime la France, peut-être investir sur NextStage Croissance pour aider des PME à grandir en France. S'il aime les infrastructures parce que c'est un ingénieur qui aime... Vous allez pouvoir orienter vos clients sur plein de solutions et aujourd'hui il n'y a pas de limites puisqu'il y a de très bonnes maisons qui vont pouvoir vous conseiller. Faut-il plutôt faire confiances aux maisons historiques parce qu'il y a beaucoup de nouveaux arrivants parce que les différentes catégories de fonds commencent à être représentées dans un peu toutes les marques. Ce qui est sûr c'est que les maisons qui ont le plus d'historique et qui travaillent à la fois avec les institutionnels et le grand public sont des maisons qu'il va falloir privilégier parce que même si les performances passées ne préjugent pas des performances futures, ce qui est important dans nos métiers c'est la stabilité des équipes. C'est bien qu'une maison ait de l'historique, mais il faut aussi s'assurer que les gérants sont là depuis longtemps et n'ont pas envie de partir du jour au lendemain. Ce qui crée le plus de valeur dans notre métier, c'est la qualité des équipes.

Que donnent les performances chez NextStage ?

JDH : Nous avons différentes catégories de produits, mais sur celle que nous mettons en avant NextStage Croissance, un véhicule qui a 8 ans, depuis le début de l'année, nous sommes à +12 % Depuis trois ans, nous sommes à + 52 %. Et nous pouvons attendre de cette UC une performance entre 10 % et 12 % annuelle.

Donc la performance baisse naturellement avec le contexte de taux qui commence à baisser ?

La performance est plutôt en train de monter fortement. Dans nos métiers, nous appelons ça une courbe en J Comme le véhicule est en phase de croissance bien évidemment... En fait, c'est en train d'accélérer. C'est ça qui est intéressant pour les clients, c'est qu'ils peuvent rentrer à tout moment sur l'unité de compte grâce aux sept partenariats que nous avons avec différents assureurs français. C'est une opportunité pour entrer dans ce portefeuille déjà constitué avec 19 belles sociétés en secondaire.

PG : Parfois, les clients privés ont du mal à comprendre comment sont calculés les VL dans le monde du PE, et en particulier sur des UC cotées. Quelles règles appliquez-vous par rapport à la marge de manœuvre que vous pouvez avoir ?

JDH : La clé, c'est lorsqu'une société est vendue, il faut que la valeur de cession soit supérieure au prix dans les comptes. Si vous faites ça si nous faisons ça, le client est rassuré, puisque ça veut dire que toutes les sociétés dans le portefeuille, même si elles sont valorisées à la juste valeur, sont finalement valorisées à une valeur plutôt prudente. Historiquement, sur l'ensemble des 100 cessions que nous avons faites depuis 22 ans, nous avons un écart de 35 % entre le prix de cession et le prix dans les comptes. Le prix dans les comptes, c'est- à-dire celui de la dernière VL du prix d'acquisition.

BM : Compte tenu de l'engouement pour cette classe d'actifs, n'avez-vous pas des difficultés à trouver de nouvelles belles entreprises ? Comme se concentrent beaucoup les secteurs tech, énergie, santé, y-a-t-il suffisamment d'offres pour alimenter tous ces fonds de Private Equity ? Et la deuxième question :

Quel est le fonds que vous recommanderiez aujourd'hui, en fonction de la conjoncture ?

JDH : Donc il faut que je me souvienne des deux questions. Nous sommes sur un terreau et un territoire extraordinaire. La France est un pays extraordinaire. Il y a plein d'entrepreneurs de talent. Vous êtes des entrepreneurs de talent. Nous en avons plein autour de nous. En revanche, souvent, ils n'ont pas été assez accompagnés par des professionnels dans la durée. Oui, il y a suffisamment de sociétés pour être heureux et pour faire de belles performances. En revanche, la clé, c'est de constituer des belles équipes autour de nous pour pouvoir aider les entrepreneurs, parce que moi, Jean-David, je ne peux pas suivre plus de six sociétés. Cela veut dire que nous sommes obligés de nous dupliquer, de cloner des équipes. Et notre chance, c'est d'avoir une vingtaine d'investisseurs chez NextStage, tous passionnés et qui aident les entrepreneurs à grandir. Il y a trois solutions que nous mettons en avant aujourd'hui : NextStage Croissance en assurance-vie, épargne retraite, Capital Entrepreneur, pour tous les entrepreneurs qui veulent faire du remploi. Donc ça, c'est notre 3ᵉ millésime. Nous avons fait de deux très belles levées. La troisième levée est en cours. Et notre FCPI, NextStage Rendement 2024 notre 40ᵉ fonds fiscal.

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